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Les Espagnols aux urnes pour mettre fin à la domination des grands partis


Le leader du parti de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, en train de voter près de Madrid, ce dimanche 20 décembre. (photo AFP)

Les Espagnols votent ce dimanche aux élections législatives les plus serrées de l’histoire récente où deux nouveaux partis, Podemos et Ciudadanos, cherchent à mettre fin à la domination des grandes formations, conservateurs et socialistes, pour rénover le pays.

Ce scrutin clôture une année de changement électoral en Europe du Sud, avec la victoire de la gauche radicale d’Alexis Tsipras en Grèce en janvier, et au Portugal l’arrivée au pouvoir en octobre d’une coalition de partis de gauche, qui a renversé la droite pourtant première en nombre de voix.

Un scénario redouté par le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy, 60 ans, qui selon les sondages va perdre sa majorité absolue de 186 députés sur 350 remportée en 2011.

« Ce soir, c’est sûr, l’histoire de notre pays aura changé », a lancé dimanche Pablo Iglesias, le chef du parti anti-austérité Podemos, professeur de sciences politiques de 37 ans, en votant dans son quartier populaire de Vallecas, dans la banlieue de Madrid.

« Au seuil d’une nouvelle ère »

« Nous sommes au seuil d’une nouvelle transition démocratique, une nouvelle ère », a également assuré Albert Rivera, le président du petit parti Ciudadanos (centre-droit), en déposant son bulletin de vote à L’Hospitalet de Llobregat, la deuxième ville de Catalogne (nord-est).

À 14h, la participation n’était que de 36,94%, « près d’un point de pourcentage en dessous de celle de 2011 à 37,88% », selon le gouvernement. D’après les ultimes sondages, le Parti populaire (PP, droite) au pouvoir n’aurait que quelques points d’avance sur les trois autres formations, et ne dépasserait pas les 30%, contre 45% en 2011. Avec un Parlement morcelé, le gagnant aura du mal à former un gouvernement.

Loin derrière, le Parti socialiste (PSOE) n’est pas sûr de garder sa deuxième place, talonné par un Podemos en forte ascension et Ciudadanos.

L’Espagne a connu 21 ans de socialisme — de 1982 à 1996 avec Felipe Gonzalez puis de 2004 à 2011 avec José Luis Rodriguez Zapatero — et douze ans de droite au pouvoir, sous José Maria Aznar (1996-2004) et Mariano Rajoy depuis la fin 2011. La crise financière mondiale, l’austérité, un chômage qui s’envolait (jusqu’à 27% début 2013) et les scandales de corruption touchant l’ensemble de l’establishment ont formé un cocktail explosif. « Ils ne nous représentent pas », ont crié les manifestants « indignés » par leur classe politique, descendus dans la rue dès 2011.

Depuis, le chômage a reflué, mais concerne encore un actif sur cinq. La croissance a repris mais n’est pas ressentie par tous, notamment les jeunes. La moitié des 16-24 ans sont sans travail.

Oubliés par les vieux partis

La colère des centaines de milliers de manifestants a trouvé une expression politique: le parti anti-austérité Podemos, fondé en 2014, et allié à Alexis Tsipras. Ciudadanos, dirigé depuis 2006 par l’avocat Albert Rivera, 36 ans, s’est engouffré dans la brèche ouverte par Podemos. Dénonçant lui aussi la corruption, il propose un « changement raisonnable » face à Podemos, plus radical dans ses dénonciations du système.

« J’aimerais que le nouveau gouvernement se préoccupe un peu plus des gens de la rue. Il y a un peu plus d’emplois, c’est vrai, mais les salaires ont énormément baissé et souvent les gens ne peuvent pas finir le mois », disait, dans un quartier populaire de Madrid, Juan Jose Rodriguez Toledano, électeur de gauche de 43 ans, gérant d’un atelier automobile.

« La société a évolué beaucoup plus vite que notre politique. Les nouveaux partis peuvent nous apporter le changement dont nous avons besoin, ils sont dirigés par des jeunes dynamiques », renchérit Felix Martinez, 27 ans, entraineur dans un gymnase, en votant à Ferrol, en Galice (nord-ouest), terre natale de Mariano Rajoy.

Pour contrer les partis émergents, ce dernier a courtisé les 11 millions d’électeurs âgés de plus de 60 ans, presque un tiers de l’électorat, et plaidé la poursuite d’une gestion saine des finances publiques. Assurant que les « expérimentations » seraient une « énorme erreur », il s’est servi de la Grèce comme d’un épouvantail.

Le scrutin devait s’achever à 20h et les premiers résultats significatifs sont attendus vers 22h30.

 

AFP

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