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Future région « Acal » : mais comment l’appeler ?


Première mission pour le futur conseil régional : baptiser la nouvelle région née de la fusion de l’Alsace, de la Champagne-Ardenne et de la Lorraine. Autrement dit lui trouver un (petit) nom. Mais quel nom ?

Quel nom pour la nouvelle région ? Pour l’instant, on se contente d’Acal, acronyme peu séduisant qui reprend la première lettre de chacune des trois régions, par ordre alphabétique s’il vous plaît, afin de ne froisser personne. On évoque « Austrasie », royaume mérovingien plein de la fureur et du fracas du Moyen-Age, connoté historique, ou encore « Grand Est », assez neutre et à portée géographique, ou encore « Terre d’est », qui évoque le territoire, ou « Porte d’Europe » qui affiche son ambition… Pour ne citer que ceux-ci. Tout dépend en fait du story-telling – de l’histoire – que les élus voudront raconter…

Le nom et la chose

La question du nom est en effet sensible et plus épineuse qu’il n’y paraît. Trouver un nom pour nommer la chose sera l’une des premières tâches du conseil régional qui sortira des urnes le 13 décembre prochain. Et selon la manière dont il s’y prendra, avec ou sans consultation de la population – recours à un cabinet de marketing territorial, inspiration divine des conseillers, etc. –, on pourra déjà en tirer certaines conclusions.

C’est qu’en effet, il y a des gens qui ne font que cela, réfléchir aux noms, aux slogans, aux images et au sens qu’une identité véhicule.

Une ville, c’est une marque comme le disent les experts en « city branding ». Une région aussi. Alors il ne faudra pas se louper lorsqu’on baptisera la région qui rassemble la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Alsace ! Car le nom a une valeur symbolique majeure, à l’intérieur comme à l’extérieur de ce qu’il définit.

Boris Maynadier, chercheur à l’université de Toulouse, est un spécialiste du marketing territorial. « Le nom, c’est la première chose qui va être partagée par les habitants. Donner un nom, c’est le premier acte d’existence. Quand l’être humain veut désigner quelque chose, il le nomme. Un nom ne doit pas être clivant. Une région ne doit pas en écraser une autre. Ça, c’est le préalable. » Il poursuit : « Les élus vont-ils penser le nom en termes de stratégie de développement à l’extérieur ou seulement de problématique interne, c’est-à-dire d’adhésion de la population à ce projet ? » Une fois le nom choisi, on verra quelle est la logique politique de cette nouvelle région.

Un acte politique

L’exemple de Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur) illustre bien la complexité de la tâche qui attend l’Alca. Paca, a priori, ça n’évoquait pas grand-chose, surtout hors des frontières. Mais dès qu’on dit Provence ou Côte d’Azur, en Chine ou à Moscou, immédiatement, l’imaginaire se met en marche, on entend les cigales, on voit du bleu. Les spécialistes du marketing territorial ont même trouvé mieux, « Riviera », pour évoquer cette région à l’étranger.

Le nom de la nouvelle région de l’Est français sera donc riche en sens. Il devra être une signature. Il sera un élément d’identité pour les habitants, même si, à lui seul, il ne va pas déterminer leur destin. Il va porter en lui tout ce que la nouvelle région signifie. Faudra-il lui adjoindre un blason, imaginer un logo, un drapeau ? Loin d’être anecdotique, le choix du nom sera un acte politique et stratégique.

Monique Raux (Le Républicain lorrain)

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