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Dwayn Holter : « Mais pourquoi je suis ici ? »


À l'aller contre l'Ukraine, Dwayn Holter faisait encore partie de ces joueurs presque incontournables pour Luc Holtz. Sa blessure, au retour, a détraqué sa carrière... (Photo : Mélanie Map's)

Dwayn Holter (20 ans, 8 sélections) n’a pas joué une seule minute depuis son arrivée à Aalen (D3) cet été. Très atteint moralement, il se confie et promet qu’il fera tout pour se relever.

Sa montée en puissance chez les Roud Léiwen et le fait qu’il passe la fin de saison dernière sur le banc de Greuther Fürth auguraient de belles choses. Mais le milieu de terrain, à cause d’une blessure, d’une erreur de jeunesse et d’un coach pas là pour plaisanter, n’a jamais réussi à s’intégrer au VfR Aalen, où il a été prêté un an sans option d’achat. Le club, classé 6e de 3e Bundesliga, compte retrouver à l’issue de la saison l’étage du dessus, où il évoluait l’an passé. Selon toute vraisemblance, Dwayn Holter ne fera jamais partie de ce projet.

Le Quotidien : Que se passe-t-il à Aalen?

Dwayn Holter : Rien ne va. J’étais sur le banc lors de la 1re journée et depuis, je n’ai plus jamais été convoqué dans le groupe. Le coach (NDLR : Peter Vollmann) ne me parle pas. Jamais. Je ne sais pas ce qu’il a contre moi. Je m’entraîne normalement avec le groupe, mais je ne joue jamais. Et je ne peux même pas me défouler avec l’équipe B puisqu’il n’y en a pas. Quand un club descend de 2e Bundesliga en 3e, forcément, il arrive qu’il n’ait plus les moyens de payer les joueurs d’une deuxième équipe. Alors on a une équipe première et derrière, une U19.

Il y a aussi cette blessure en Ukraine avec la sélection (3-0, le 14 juin) qui a conditionné beaucoup de choses…

J’ai cru que ce n’était qu’une simple blessure ligamentaire. Je suis rentré à Aalen et je n’avais pas si mal. Le coach m’a donc pris dans le groupe pour le premier match (NDLR : le 25 juillet contre Chemnitz, 0-0). Puis la semaine suivante, j’ai eu de plus en plus mal. En fait, j’avais une petite fracture. Arriver blessé dans ma nouvelle équipe ne m’a pas aidé à m’intégrer. Je n’ai pas fait le moindre match amical, rien. Le groupe, il se forme, et toi, quand tu reviens en septembre, tu es à l’écart.

Luc Holtz ne vous a pas convoqué en septembre (Macédoine, Belarus) ni en octobre (Espagne, Slovaquie). Pour le justifier, il a dit que vous aviez « manqué de rigueur » dans votre préparation et que vous n’aviez « pas la bonne mentalité ». C’était quoi, ce problème?

Ça ne fait que deux mois que je vis dans mon propre appartement, avec ma copine. Avant, j’habitais chez un coéquipier (NDLR : le Grec Alexandros Kartalis), qui est aussi prêté par Greuther Fürth. Ça a vexé les entraîneurs, aussi bien ici qu’au Luxembourg, que j’habite chez lui. Mais bon, moi, j’arrive dans une nouvelle ville, j’ai 20 ans et je dois me débrouiller tout seul pour trouver un appartement. On m’a laissé tout seul. À Fürth, on faisait plus attention à moi. Bref, pendant ces premiers mois, puisque je n’ai pas mon permis, on allait à l’entraînement ensemble, mon coéquipier et moi. Sauf que moi, j’étais censé y être plus tôt par rapport aux soins que je devais recevoir. Mais voilà, c’est lui qui conduisait, on y allait à son heure… Forcément, personne n’a apprécié mes retards.

Vous regrettez de ne pas avoir trouvé une autre solution?

Complètement. Sur ce point, j’ai eu tort sur toute la ligne. Si c’était à refaire, je prendrais le bus ou le taxi, mais je me débrouillerais. Aalen attendait quelque chose d’autre de moi.

On devine la réponse, mais vous regrettez d’avoir accepté ce prêt à Aalen?

Je ne pouvais pas savoir comment ça allait tourner. Greuther Fürth a été honnête avec moi. Même si j’ai fini la saison dernière en étant sur le banc en 2e Bundesliga (NDLR : à cinq reprises, mais sans jamais entrer en jeu), là, le club avait recruté des joueurs expérimentés et m’avait dit que soit je rejouerais avec l’équipe B en Regionalliga, soit on me prêtait en D3. Je n’ai pas hésité une seconde. C’était une évolution positive. Et franchement, je reste convaincu que j’avais ma place dans cette équipe! Mais voilà, aujourd’hui, même les jours où mes séances sont bonnes, on ne m’adresse pas la parole.

À force de ne pas jouer, avez-vous le sentiment d’avoir régressé?

J’ai beaucoup perdu. Au niveau du rythme, de la condition, du physique… même le jeu de tête. En fait, j’ai perdu dans presque tous les domaines.

Vous vous voyez terminer la saison à Aalen en restant dans cette situation?

Cet hiver, le coach dira s’il compte sur moi. En fonction de son avis, on verra bien ce qu’il se passe. Je ne veux pas que cette saison ne serve à rien. Et tant que je ne joue pas, on ne peut pas dire qu’elle soit très utile.

Reparlons de la sélection. Comment avez-vous vécu le fait de ne pas être retenu pour le match face à l’Espagne, contre qui vous aviez joué les 90 minutes à l’aller un an plus tôt?

Ça m’a vraiment fait mal. Surtout que le fameux jour où je me suis blessé en Ukraine, j’avais fait un bon match, un de mes meilleurs avec l’équipe nationale même! La sélection a toujours été très importante pour moi. Et je m’étais aussi dit qu’en étant rappelé, j’aurais pu avoir un peu de temps de jeu et cela aurait pu faire évoluer ma situation à Aalen. Luc Holtz m’a dit qu’il m’appellerait quand j’aurai changé. Tout n’est pas de ma faute dans ce qui m’arrive, mais je reconnais que j’ai fait une connerie. Mais depuis, j’ai changé. D’une certaine manière, ce qu’il m’a dit m’a servi.

Vous êtes en contact avec lui?

Non, mais je le suis avec Reinhold Breu (NDLR : l’adjoint de Luc Holtz). Il connaît mon coach puisqu’il l’a aussi eu comme entraîneur quand il était joueur à Trèves. Il me dit que je dois m’accrocher, que je ne dois pas baisser les bras, que ce moment me servira un jour ou l’autre dans ma carrière. C’est ce que j’essaie de faire mais honnêtement, ce n’est pas facile du tout. Tous les jours, quand je suis à l’entraînement, je me dis : « Mais pourquoi je suis ici? »

Entretien avec notre journaliste Matthieu Pécot

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