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Moirans : obsèques dans le calme, l’exécutif promet la fermeté


Des membres de la communauté des gens du voyage à Moirans le 21 octobre 2015. (Photo : AFP)

Les obsèques d’un jeune homme de la communauté des gens du voyage se sont déroulées dans le calme mercredi à Moirans (Isère), au lendemain d’émeutes auxquelles l’exécutif s’est engagé à répondre avec détermination.

Après une matinée de confusion et de tensions, le convoi funéraire est arrivé devant l’église vers 15h30 et reparti une heure plus tard. Des dizaines de gerbes remplissaient trois véhicules des pompes funèbres. Entre 100 et 200 personnes, en majorité extérieures au camp où vivait le défunt, avaient fait le déplacement.

Des policiers en civil étaient présents mais aucun en uniforme, tranchant avec l’important dispositif de gendarmerie toujours présent aux abords du camp de gens du voyage où résidait la victime. A l’issue de la cérémonie, les gens du voyage se sont rendus au cimetière, où ils ont brûlé une caravane, un rite lors de l’enterrement d’un des leurs, selon les gendarmes.

Porteur du message de fermeté du gouvernement, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve est arrivé vers 21H00, en provenance de Calais où il a visité la «jungle» des migrants désireux se rendre en Grande-Bretagne. Après avoir salué les responsables des forces de l’ordre et des pompiers, en première ligne depuis deux jours, il devait tenir une conférence de presse.

Plus de deux cents gendarmes étaient toujours mobilisés mercredi soir dans cette ville de 8 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres de Grenoble. A Paris, l’opposition a tiré à boulets rouges sur le gouvernement, voyant dans ces incidents une nouvelle preuve du «délitement» du pays sous le pouvoir socialiste.

François Hollande a assuré que «des sanctions» seraient prises «à la hauteur» des actes de violence commis. Son Premier ministre Manuel Valls a promis devant les députés que les auteurs des violences seraient «implacablement recherchés et poursuivis en justice».

«La plus extrême fermeté sera à l’œuvre dans les jours et les heures qui viennent à l’égard de quiconque s’engagerait à enfreindre le droit dans le département de l’Isère», avait prévenu plus tôt dans la journée Bernard Cazeneuve.

« Pression politique »

Le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, a toutefois souligné lors d’une conférence de presse à Moirans que les interpellations d’émeutiers «ne sont pas décidées en fonction d’une volonté politique». «Toute précipitation et toute pression excessive peut nuire au résultat d’une enquête», a-t-il prévenu, en soulignant que l’identification des émeutiers «peut prendre plusieurs semaines».

«C’est une affaire qui a choqué toute la population, toute la France. Ces faits doivent recevoir une réponse mais il ne s’agit pas de condamner n’importe qui», a ajouté le magistrat. Aucune interpellation n’a eu lieu jusqu’à présent mais des photos, des vidéos et sans doute des traces ADN permettront d’identifier les émeutiers, qui étaient cagoulés et souvent gantés.

Mardi, ils ont brûlé des palettes et 35 véhicules (dont 18 en état de marche) sur la RD 1085 et sur la voie ferrée, bloquant le trafic SNCF entre Lyon et Grenoble. Une casse a été pillée par les émeutiers et son propriétaire agressé. Mais aucun blessé n’est à déplorer.

Tout est parti de la mort de trois jeunes à bord d’une voiture volée alors qu’ils venaient de faire un cambriolage en Isère dans la nuit de vendredi à samedi. L’un d’eux est le fils d’Adèle Vinterstein, une habitante du camp installé depuis des années à Moirans.

Un autre de ses fils, incarcéré depuis trois ans pour vol avec violence, avait fait une demande de sortie pour assister aux obsèques de son frère, qui a été refusée par la justice. Ce qui a provoqué mardi un accès de violence à Moirans et une mutinerie à la prison d’Aiton en Savoie, où il est incarcéré.

Mercredi matin, la juge d’application des peines d’Albertville a rejeté une nouvelle demande d’autorisation de sortie, sous escorte. Peu avant, la cour d’appel de Chambéry avait confirmé le rejet de la première demande de ce détenu âgé de 24 ans.

Ce refus est essentiellement motivé par «des violences sur un co­détenu, commises le 26 juillet 2015» et par la mutinerie de mardi, selon un communiqué du parquet d’Albertville. Il a depuis été transféré dans une autre prison, vraisemblablement celle de Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon, selon plusieurs sources.

«J’ai 300 euros pour vivre, comment je vais le voir maintenant, mon fils ? Il a été puni deux fois, une fois en ne pouvant pas venir aux obsèques de son frère, une seconde fois en étant transféré», a confié en larmes sa mère.

AFP/M.R.

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