La régulation dynamique des vitesses sur l’A31 sera contraignante dans les deux sens à partir du 19 octobre. Ce système a été mis en place entre Richemont et la frontière avec le Grand-Duché. Il est expérimenté sur une petite portion depuis deux ans.
Retardée pour cause de débat public sur l’A31 bis, la régulation dynamique des vitesses sur l’A31, entre la patte d’oie de Richemont et la frontière luxembourgeoise, sera activée le lundi 19 octobre. « Sans attendre le nouvel équipement, il fallait répondre dès maintenant à l’engorgement de cet axe majeur du trafic lorrain» , a expliqué mercredi Elise Bas, directrice de cabinet du préfet de Moselle et de Lorraine. La représentante de l’État a détaillé le dispositif depuis les locaux du Centre de gestion du trafic (CISGT) de la Direction interdépartementale des routes Est (Direst) à Moulins-lès-Metz, qui travaille étroitement avec la CRS autoroutière Alsace-Lorraine.
Comme nous l’annoncions début juillet, les usagers seront contraints d’adapter leur vitesse en temps réel, suivant les indications des panneaux à messages variables déployés sur 26 km, dans les deux sens, entre Richemont et la frontière. « C’est une première sur une autoroute non concédée », rappelle Antoine Vogrig, directeur adjoint à la Direst. Aux heures de pointe du matin (6 h – 9 h 30) et du soir (16 h – 20 h), un algorithme affiné durant le test lancé en octobre 2013 proposera de façon semi-automatique de réduire la vitesse de 110 à 90 km/h, voire de 90 à 70 km/h, pour retarder la formation des bouchons dans cette zone sensible du trafic pendulaire frontalier. Il faudra donc lever le pied, sous peine d’être verbalisé (lire notre encadré ci-dessous).
Une A31 plus fluide, plus sûre
Sur la base des remontées d’informations permettant d’anticiper un engorgement des voies, la régulation s’enclenche et la nouvelle limite de vitesse s’affiche. « L’efficacité du dispositif repose sur l’adhésion des usagers. Soixante-six pour cent des automobilistes sont coopérants, selon une étude de la Sanef (NDLR : qui a déployé le système sur l’A1 et l’A4, en Alsace)» , remarque Élise Bas. La représentante de l’État compte d’ailleurs sur une même collaboration en Lorraine. Elle va s’appuyer sur un comité d’usagers, associé depuis plusieurs mois à la gestation de la régulation dynamique des vitesses en Moselle.
Plus de fluidité, moins d’accidents. Empruntée par 70 000 véhicules par jour, dont 13 % de poids lourds, l’A31 suffoque littéralement au nord de Thionville. Dans cette portion, le trafic dépasse régulièrement 3 000 véhicules à l’heure, comme le confirme Antoine Vogrig. D’ici 2030, il faudra compter avec 15 000 à 20 000 voitures et 1 000 à 2 500 camions en plus. « L’idée est d’augmenter le débit de la route et de mieux répartir le flux sur les deux voies, en réduisant les à-coups et en améliorant le confort pour les automobilistes. Aujourd’hui, un véhicule est ralenti plus de 45 % du temps par celui qui le précède », décrit-il. À 8 h, au pic de congestion, la vitesse moyenne pour effectuer le parcours Richemont – frontière luxembourgeoise se situe en dessous de… 20 km/h!
Deuxième observation : 60 % des voitures s’installent sur la voie de gauche et 40 % restent sur la voie de droite. « On peut améliorer la répartition », plaide le directeur-adjoint de la Direst. Résultat : entre 7 h 30 et 8 h 30, les temps de parcours sont triplés : 45 minutes contre 15 minutes. Au retour des frontaliers, de 16 h à 18 h, la traversée de Thionville est catastrophique. Detlev Goetz, membre du comité d’usagers, effectue le parcours Ay-sur-Moselle-Luxembourg tous les jours : « Je mets de 35 minutes à une heure trente. Aux heures de pointe, on ne roule plus, on nage dans le courant. J’espère que cela s’améliorera.»
Alain Morvan (Le Républicain lorrain)
Contrôles : pas de ciblage
La régulation dynamique des vitesses ayant une base réglementaire, nul ne pourra s’y soustraire sans risquer une verbalisation. «Oui, les automobilistes seront contrôlés, mais il n’y aura pas de ciblage spécifique de ce secteur», promet la directrice de cabinet du préfet, Élise Bas. Quid du trafic de passage, et singulièrement des routiers internationaux? «Nul n’est censé ignorer la loi», avertit Gabriel Schmitt, commandant de la CRS autoroutière Alsace Lorraine. Le radar automatique du sens Thionville – Luxembourg reste en place sur le pont et celui du sens opposé sera repositionné plus au centre de la traversée de la ville. «La vitesse sera maintenue en permanence à 90 km/h à cet endroit-là», assure Antoine Vogrig (Direst).
A. M.