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Polémique autour d’un défrichage à Audun-le-Tiche


Le Forum citoyen audunois a lancé une pétition (en ligne et papier) contre le déclassement de la forêt et l’abattage des arbres du calvaire. (photo RL)

L’abattage des arbres sur la butte du Calvaire continue d’agiter Audun-le-Tiche. L’association Forum Citoyen Audunois crie à la catastrophe écologique et redoute le déclassement de cette forêt protégée.

Il en a compté au moins 150. Frédéric Pokrandt n’a pas continué au-delà mais le décompte des petits points fluo bien visibles sur les troncs des arbres a suffi à faire frémir le vice-président de l’association Forum citoyen audunois. Pour lui, le décodage est simple : un arbre marqué = un arbre abattu. « Une société mandatée par la Ville d’Audun-le-Tiche a réalisé le marquage il y a plusieurs mois , souffle-t-il. Mais selon la Direction départementale des territoires et les naturalistes que nous avons fait venir, le marquage n’est pas conforme : il ne différencie pas les arbres dangereux, c’est-à-dire qui menacent la sécurité des promeneurs – de ceux qui ne le sont pas ! »

Dans cet espace classé ZNIEFF (Zone naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique), propriété de la Ville, la perspective d’un sérieux rabotage fait tousser une partie de la population.

Perspectives immobilières ?

Ce « déboisement » est à mettre en perspective avec le nouveau plan local d’urbanisme (PLU) qui entrera en vigueur après une enquête publique. Le projet prévoit le déclassement de cette forêt qui abrite le calvaire. Reste à comprendre à quelles fins.

Le Forum citoyen audunois n’y voit qu’une première étape dans la concrétisation d’un projet immobilier sur la zone dite du Tas de Sable, juste à côté du bois. Un document figurant dans le dossier l’attesterait. « Le code de l’urbanisme impose une zone non-constructible de trente mètres entre une forêt et toute nouvelle construction », rappelle Frédéric Pokrandt. Selon lui, pour construire, la mairie n’a d’autre choix que de déclasser et défricher la forêt du Calvaire. « Une telle opération ne se justifie pas !, défend-il. Il reste 8 ha de dents creuses dans le tissu urbain et 44 ha de friches ou espaces disponibles. On a calculé que ça pouvait satisfaire aux besoins de la commune jusqu’en 2069 ! »

« Il est effectivement prévu que la zone du Tas de sable puisse, dans le futur, devenir constructible » , convient le maire d’Audun-le-Tiche, Lucien Piovano. En apportant toutefois une nuance : « Mais depuis 2008, nous n’avons eu aucun contact avec un quelconque promoteur. Il n’est pas question de construire à cet endroit. D’ailleurs, on a retravaillé avec l’Établissement public d’aménagement. Il a été convenu de construire en priorité sur Micheville. Pour l’heure, on a bloqué les projets sur la commune. »
Biotope mis à mal

Reste la coupe des arbres. Une nécessité, selon le maire, pour mettre en valeur le calvaire, ou plutôt, nuance-t-il, « pour lui redonner son aspect initial » tout en assurant la sécurité des promeneurs. « On a rendez-vous en octobre avec l’Office national des forêts pour déterminer ce qu’il convient de couper, en ciblant en priorité les arbres malades ou creux. » Quid des arbres « marqués » ? « Une première esquisse dont il ne faut plus tenir compte », soutient le premier magistrat qui a récemment demandé à rencontrer l’association.

Cette version pourrait ne pas être suffisamment convaincante. « On court à la catastrophe , se désole Frédéric Pokrandt qui prône « un entretien régulier de cette forêt au lieu de sa destruction . » Les conséquences, prévient-il, seraient particulièrement lourdes : « En éliminant les arbres, il n’y aurait plus de rétention d’eau. Les boues vont s’écouler jusque dans la rue de Rancy. Sans parler de la destruction du biotope. Cette forêt abrite certaines espèces de chauves-souris, de chouettes… Là, on attaque leur lieu de reproduction, on met à mal la biodiversité. »

Joan Moïse (Le Républicain lorrain)

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