Le paquet ficelé par la tripartite n’est pas supporté avec «enthousiasme» par l’association patronale UEL. Le camp syndical, formé par l’OGBL, le LCGB et la CGFP, estime, par contre, que les mesures décidées vont vraiment pouvoir aider directement les gens, mais aussi les entreprises.
Plafonnement des prix du gaz et gel des prix de l’électricité dès le 1er octobre, baisse généralisée de la TVA, fin de la manipulation de l’index. Voici les grands contours de l’accord de principe, trouvé très tard, mardi soir, par le gouvernement, les syndicats et le patronat.
Le compromis trouvé semble satisfaire davantage les représentants des salariés que les représentants du patronat. Réactions.
«La fin de la manipulation de l’index est décisif»
Nora Back (présidente de l’OGBL) : «La tripartite a pleinement accompli son rôle d’instrument de crise. Les syndicats sont là pour défendre les intérêts des travailleurs et des retraités, qui souffrent d’une crise du pouvoir d’achat majeure. Pour l’OGBL, deux éléments étaient décisifs. De un, le renforcement du pouvoir d’achat des gens, et de deux, la défense du mécanisme de l’index. La fin de la manipulation a été décisif pour que l’OGBL accepte l’accord de principe. En plus de la question de l’index, il a été important de soulager les gens confrontés à la flambée des prix. Le choc annoncé pourra être évité. Les mesures décidées en ce qui concerne le gaz, le mazout, l’électricité et la TVA constituent des aides directes. Il en va de même pour le gel des tarifs pour les résidents des maisons de soins et de repos. Renforcer le pouvoir d’achat équivaut aussi à renforcer l’économie. Nous l’avons toujours souligné».
«On combat les raisons de la crise, pas les symptômes»
Patrick Dury (président du LCGB) : «En raison de la guerre énergétique que la Russie mène contre l’Europe, nous sommes confrontés à la plus grave crise depuis 1945. La base du problème est l’inflation galopante, à la fois en ce qui concerne les prix de l’énergie, mais aussi dans le domaine de l’alimentation. Cela provoque une forte perte de pouvoir d’achat, mais provoque des problèmes au sein des entreprises. S’y ajoute la hausse des taux d’intérêt. La situation dans son ensemble menace des existences. Ensemble avec les autres syndicats, il nous importait de combattre les raisons de la crise et non pas les symptômes. C’est ce que nous avons réussi à faire. Le paquet ficelé soulagera directement les gens. L’accord a pu être conclu grâce à l’engagement du LCGB et des autres syndicats, qui dès l’entame des négociations, sont restés forts et unis pour obtenir le résultat escompté. L’objectif des négociations tripartites est pleinement atteint. Il me reste à remercier le Premier ministre pour son engagement».
«Un accord qui est dans l’intérêt de tous»
Romain Wolff (président de la CGFP) : «Au bout de plus de 30 heures, nous avons trouvé un accord qui est dans l’intérêt de tous les acteurs et dans l’intérêt du pays. Cette dernière journée de négociation n’était vraiment pas évidente. Au vu de la crise de l’énergie, on nous a réclamé des réponses rapides, et je pense que cet objectif a été atteint. La priorité est de freiner l’inflation. Le plafonnement des prix de l’énergie va y contribuer fortement. En même temps, le mécanisme de l’indexation est maintenu. Les tranches à venir ne seront plus reportées. Il s’agit d’une importante conclusion de cette tripartite. Et je tiens à souligner que les trois syndicats ont formé jusqu’au bout un front uni et fort. Cela nous a permis d’obtenir cet accord».
«Notre enthousiasme est limité»
Michel Reckinger (président de l’UEL) : «Nous avons trouvé un accord important. Les aides pour les gens sont nécessaires. Les aides pour les entreprises le sont également. Cet accord est compliqué à pleinement supporter car des charges supplémentaires attendent les patrons. Notre enthousiasme est du coup limité. Les entreprises, tout comme les gens, sont fortement impactés par la situation. Nous faisons néanmoins partie de la solution, on se montre, donc, solidaire et nous espérons que l’économie va réussir à surpasser ces temps difficiles».
C’est un accord typiquement luxembourgeois: De prime abord, tout le monde est ravi de voir la consommation subventionnée, mais la perspective d’inflation est beaucoup trop optimiste (2,6%). Or, la cause réelle de l’inflation est une pénurie énergétique et pour cela, il n’y a qu’une seule solution à court terme: réduire la consommation! En ce sens, les néerlandais ont pris des mesures plus raisonnables quant à la subvention du gaz: Il y a une quantité X qui permet aux ménages de se chauffer correctement qui est garantie, mais tous ce qui va au-delà doit être payé au prix fort… C’est ça, la responsabilisation collective!