Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le continent africain est en train de connaître un boom démographique. Au point que, d’ici un siècle, il accueillera 33 % des Terriens, tandis que l’Inde devrait voler à la Chine le titre de pays le plus peuplé du monde d’ici à 2030.
La population mondiale en 2015 est estimée autour de 7,3 milliards d’habitants et devrait continuer de croître jusqu’à atteindre «peut-être 11 milliards à la fin du XXI e siècle», selon les projections de l’Institut national d’études démographiques (INED), publiées en milieu de semaine.
« Il est illusoire de croire que la population mondiale va diminuer, même s’il y a une baisse de la fécondité. La majorité des quelque 10 milliards d’humains qui vivront en 2050 sont déjà nés et beaucoup sont en âge de procréer », explique Gilles Pison, auteur de cette étude bisannuelle de l’institut français. « S’y ajouteront les nouveau-nés des prochaines années, qui feront à leur tour des enfants. »
Quant aux conflits, entraînant comme aujourd’hui un flux de réfugiés, « ils ont des conséquences transitoires, localement, mais leur impact est faible à l’échelle démographique. D’autant que l’on ignore combien de temps ces réfugiés vont rester » dans les pays d’accueil, souligne-t-il. « L’un des grands changements à venir est le formidable accroissement de la population de l’Afrique, qui pourrait presque quadrupler d’ici la fin du siècle », passant de 1,2 milliard d’habitants en 2015 à 4,4 milliards en 2100, ceci malgré le sida, relève l’INED.
Alors qu’une personne sur six vit aujourd’hui en Afrique, ce sera probablement plus d’un sur trois dans un siècle. Le bond devrait être particulièrement important au sud du Sahara, où la population pourrait passer d’un peu plus de 950 millions d’habitants en 2015 à près de 4 milliards en 2100. « La fécondité baisse en Afrique, mais elle demeure la plus élevée du monde », avec jusqu’à 7,6 enfants par femme au Niger, contre 2,5 en moyenne sur la planète, poursuit le chercheur. La plus basse se trouve au Portugal et en Corée du Sud (1,2 enfant par femme).
L’Inde devant la Chine
Lueur d’espoir, la mortalité, notamment infantile, a diminué plus qu’anticipé en Afrique, grâce à la lutte contre les maladies infectieuses ou le paludisme, mais elle reste encore la plus élevée de la planète, ajoute Gilles Pison.
Premier pays d’Afrique, avec 181,8 millions d’habitants en 2015, le Nigeria, quant à lui, talonnera les États-Unis en 2050 avec 397 millions d’habitants contre 398 millions, et leur ravira vite la place de troisième pays le plus peuplé du monde. « Il est né 7 millions de bébés au Nigeria en 2015, contre 4 millions aux États-Unis. Le calcul est vite fait! Cela annonce un dépassement prochain des États-Unis par le mastodonte africain », prévoit le chercheur.
Le duo de tête pourrait être aussi chahuté. « L’Inde va devenir le pays le plus peuplé du monde, devant la Chine. C’est une quasi-certitude. » La Chine est aujourd’hui le pays le plus peuplé du monde avec 1,4 milliard d’habitants, mais l’Inde, qui n’est pas loin (1,3 milliard), devrait la dépasser probablement avant 2030, un événement très proche à l’échelle démographique.
La population indienne croît plus vite en raison d’une fécondité plus élevée : 2,3 enfants par femme en moyenne en Inde, contre 1,7 en Chine. Et cela dure depuis presque dix ans. « La tendance est déjà tracée : il est né 28 millions de bébés en Inde cette année, contre 17 millions en Chine. L’Inde sera bientôt la plus peuplée. »
En Europe de l’Ouest, aussi, le classement devrait changer : avec 72 millions d’habitants en 2050, la population française se rapprochera de celle de l’Allemagne (76 millions d’habitants contre 81,1 millions mi-2015), elle-même alors dépassée par le Royaume-Uni (77 millions).
Globalement, la population mondiale a été multipliée par sept au cours des deux derniers siècles, avec trois fois plus de naissances que de décès. Néanmoins, la croissance démographique décélère. Après un pic de plus de 2 % par an il y a cinquante ans, elle a diminué depuis de moitié (1,2 % en 2015) et devrait continuer de baisser jusqu’à la quasi-stabilisation de la population mondiale dans un siècle.
AFP / S.A.
L’Allemagne sera dépassée
La population de la France métropolitaine atteindra 72 millions en 2050, contre 64,3 millions d’habitants en 2015, selon une étude bisannuelle de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée mercredi. L’indice de fécondité français en métropole est de 2,0 enfants par femme en 2015, stable depuis 2011. La fécondité moyenne dans le monde s’élève à 2,5 enfants par femme, contre le double en 1950, souligne l’étude. Le taux de natalité est de 12 pour 1 000 habitants en France métropolitaine.
Avec ses 72 millions d’habitants en 2050, la population de la France métropolitaine se rapprochera de celle de l’Allemagne, qui comptera alors 76 millions d’habitants, contre 81,1 millions mi-2015, ce qui en fait le pays de l’Union européenne le plus peuplé aujourd’hui.
Mais, d’après ces projections, la population du Royaume-Uni dépassera en 2050 celle de l’Allemagne, avec 77 millions d’habitants outre-Manche (65,1 millions mi-2015). Le taux de natalité est aujourd’hui de 12 pour 1 000 habitants au Royaume-Uni, qui affiche un indice de fécondité de 1,9 enfant par femme. Le taux de natalité est de 8 pour 1 000 en Allemagne où l’indice de fécondité est de 1,4 enfant par femme.
