Migrants : Asselborn en mission pour convaincre les pays de l’Est opposés aux quotas

L’heure des explications est venue ce vendredi entre l’Allemagne, très en pointe sur l’accueil des migrants qui affluent en Europe, et ses voisins de l’Est accusés de bafouer les valeurs de l’UE en rejetant les réfugiés ou en manquant d’humanité à leur égard comme en Hongrie. Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, participe aux discussions à Prague au titre de la présidence luxembourgeoise de l’UE.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, appuyé par son homologue luxembourgeois dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a rencontré à la mi-journée à Prague les chefs de la diplomatie des pays du groupe de Visegrad (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie). Une mission compliquée alors que Jean Asselborn n’a pas hésité, la semaine dernière, à qualifier de « honteux » les propos tenus par le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui s’inquiétait d’une arrivée massive de musulmans dans une Europe à l’identité chrétienne. Pour le ministre luxembourgeois, le problème des migrants doit être pris dans sa globalité et il faut apporter une solution européenne. « Nous devons avoir honte des propos tenus par cet homme », a asséné Jean Asselborn. « Il a déjà détruit beaucoup de choses. J’espère qu’il n’est pas considéré comme une référence, un exemple pour d’autres pays. »

Ce vendredi, Jean Asselborn a déclaré à ses homologues des pays de l’Est : «Ne remettons pas en cause la solidarité entre nous, faute de quoi nous offrirons des arguments aux partisans de la désunion européenne.»

Rentrés dans l’Union européenne en 2004 avec l’appui marqué de Berlin, les quatre pays de Visegrad défient aujourd’hui la chancelière Angela Merkel qui veut imposer une politique « contraignante » de quotas de réfugiés au nom des valeurs fondatrices du projet européen.

Après des hésitations, la France s’est ralliée à sa position et la Commission européenne souhaite répartir dans l’UE 160 000 réfugiés dès la semaine prochaine. Mais les pays de Visegrad ont donné de la voix pour marquer leur désaccord sur toute politique de quotas. « Lorsque l’Allemagne ou la France disent quelque chose, nous ne devons pas nous prosterner et répéter la même chose », a ainsi lancé le Premier ministre slovaque Robert Fico. « L’Europe n’a pas le droit de se diviser face à un tel défi », avait assuré la semaine dernière M. Steinmeier, selon qui « les récriminations ne vont pas aider à ce que le problème devienne contrôlable ».

La Hongrie, que les flots de migrants en provenance des Balkans doivent traverser pour rejoindre l’Allemagne, est en première ligne. Elle veut bloquer net leur transit à partir du 15 septembre grâce à une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe. Budapest a annoncé ce vendredi porter à 3 800 le nombre de soldats mobilisés pour renforcer cette clôture antimigrants à la frontière serbe, alors qu’un nouveau nombre record d' »entrées illégales » dans le pays avait été enregistré la veille.

Le flux se répercute plus au nord à l’entrée en Autriche: 8 000 migrants ont franchi jeudi le poste-frontière de Nickelsdorf. Vienne a dû suspendre sine die les liaisons ferroviaires avec la Hongrie en raison de la « congestion massive » de son réseau.

Hors du continent européen, Barack Obama a souhaité que les Etats-Unis, montrés du doigt pour leur manque de réactivité face à la crise migratoire déclenchée par le conflit en Syrie, se préparent à accueillir 10 000 réfugiés syriens pendant l’année à venir.

AFP / S.A.