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Affaire de harcèlement : « Il était tout le temps là »


Olivier est soupçonné d’avoir harcelé son ancienne maîtresse et sa famille au point que la jeune femme a dû déménager pour lui échapper. (Photo : fabrizio pizzolante)

Adeline aurait aimé qu’Olivier la laisse tranquille, mais cela n’était pas le cas, selon elle. Pour avoir été prêt à tout pour la récupérer, le prévenu risque une peine de prison.

Olivier, 38 ans, ressemble à monsieur Tout-le-monde et, pourtant, il terrorise suffisamment Adeline pour que la jeune femme de 41 ans refuse de témoigner en sa présence. La jeune Belge a été entendue à distance hier par la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le trentenaire est suspecté de harcèlement obsessionnel, de menace d’attentat et d’infraction à la loi concernant la vie privée. Il est sous contrôle judiciaire et a interdiction d’approcher Adeline et sa famille ou d’entrer en contact avec elles.

Adeline a rencontré Olivier sur un site de rencontre fin 2017. «Un jour, j’ai décidé d’aller le voir à l’improviste et je me suis retrouvé chez sa compagne et un bébé. Il n’a pas voulu me laisser entrer. Je me suis rendu compte qu’il m’avait menti pendant un an», raconte Adeline sur un ton rageur. Olivier prétendait être séparé, selon elle. «Il n’y avait pas de traces de femme ou de bébé dans cette maison quand j’y passais mes week-ends», jure la victime présumée.

Adeline met un terme à la relation, mais Olivier cherche à la reconquérir. «Il a commencé à téléphoner à toute ma famille comme je ne répondais plus», se souvient-elle. Le harcèlement continue, dit la jeune femme : «J’avais des messages qui montraient qu’il était tout le temps là à m’observer.» Olivier déposait des cadeaux à sa porte et la poursuivait jusque sur son lieu de travail. «C’était du délire, ajoute la victime présumée. Le summum du glauque, ce sont les photos de moi et de mon frère qu’il avait fait encadrer et envoyées à mes parents.»

Le prévenu ne lâche pas son ancienne compagne. «J’ai dû être la seule personne à adorer le confinement, parce qu’au moins je n’avais plus besoin de mettre le nez dehors», lance-t-elle. Son calvaire s’arrêtera à son déménagement. «J’ai été bête», admet Adeline en se prenant la tête entre les mains. «Son cas relève de la psychiatrie.» La jeune femme veut qu’il la laisse tranquille et ne comprend pas «pourquoi il ne s’est pas arrêté à la rupture».

Son père confirme ses dires à la barre. Olivier lui aurait téléphoné à deux reprises pour lui dire qu’Adeline était mal dans sa peau et avait tenté de se suicider, mais qu’il s’occupait d’elle et la sortirait du caniveau. Une dernière conversation mêlée de menaces de mort et d’insultes – également à l’encontre du nouveau compagnon d’Adeline – poussera la famille à porter plainte en janvier 2020. Adeline et ses proches se sont constitués partie civile.

«J’avais deux vies»

Olivier, qui se défend seul, se dit «étonné» de savoir Adeline «traumatisée» par ses agissements. Il indique n’avoir fait que répondre aux attaques de la victime présumée. «Cela n’excuse pas ce que j’ai fait», reconnaît-il avant de dresser un portrait peu flatteur de la jeune femme. Pour Olivier, c’est œil pour œil, dent pour dent, mais cela ne fait pas avancer les débats. La présidente et la représentante du parquet essayent de le remettre sur des rails.

«Elle m’a laissé entrevoir que si je trouvais un bon travail, si je perdais du poids, on allait pouvoir se remettre ensemble à terme, le temps qu’elle retrouve quelqu’un», relate le prévenu. «J’ai insisté parce que j’avais une telle honte. J’ai craqué parce que je ne tenais plus. J’avais deux vies», répond-il à la juge. «Je ne pensais pas que cela tournerait au harcèlement. Elle avait arrêté la pilule pour avoir un enfant de moi.» Olivier n’aurait pas pensé à mal. «Ils m’ont ridiculisés parce que je n’étais pas assez bien», mais il n’aurait pas fait tout ce dont on l’accuse. Il se défend maladroitement, s’accable et irrite les magistrats. «Pourquoi aurais-je déposé plainte contre une femme que j’ai trahie? Moralement, je ne pouvais pas me le permettre», lance-t-il avant d’avancer que sa victime présumée n’était pas stable psychologiquement et présentait, à l’époque des faits, une consommation excessive d’alcool.

Le prévenu ne s’est pas tenu aux rappels à l’ordre de la police. Il a créé de nouveaux comptes pour dépasser les blocages mis en place, souligne la représentante du parquet. Elle estime que les infractions qui sont reprochées à Olivier entre février 2019 et janvier 2020 sont données. La magistrate requiert une peine de 18 mois de prison assortie d’un sursis probatoire et une amende appropriée. «Son acharnement» et «ses propos sont sans équivoque», juge-t-elle. «La victime présumée a vécu l’enfer. Son déménagement prouve l’envergure des faits.»

Le prononcé est fixé au 22 juin.

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