Le Progrès a une chance assez faible de redevenir européen. Cela va-t-il secouer le club cet été ? C’est probable.
Le point est vite fait, mais il doit être réalisé en trois étapes. Pour être européen cet été, le Progrès devra désormais 1) absolument battre le FCD03 dans le derby; 2) espérer que le Swift ne gagne pas contre le RFCU; 3) prier pour que le F91 gagne la Coupe une semaine plus tard, faisant de la quatrième place une place qualificative pour l’Europe. Si l’on devait résumer ça, en termes mathématiques, c’est peut-être du 10 % de chances de redevenir européen. C’est faiblard, même si c’est subjectif.
Voilà un constat qui a suscité ce commentaire de Thomas Gilgemann au sortir de la victoire contre Wiltz (2-1), dimanche : «On fera les comptes après la saison en fonction des résultats. Vous savez, notre projet du club est de faire partir les meilleurs éléments pour leur laisser la chance d’aller jouer en professionnel. Il y a de la qualité dans ce groupe, mais est-ce que tout a été fait dans ce sens pour amener tout le monde dans la même direction ? Sans Coupe d’Europe, on prendra des décisions fortes, lesquelles seront alors discutées au sein du comité. Ce n’est pas normal d’être premier en mars et de se trouver là où l’on est maintenant. On mérite ce qui nous arrive, car on n’a pas su être constant sur toute la saison au contraire du F91, que je félicite pour le titre.»
C’est clair et tranchant. Cela semble allumer l’étincelle qui va conduire à une mise au point qui s’annonce serrée entre le staff et les dirigeants.
Un rendement offensif très insuffisant
Stéphane Léoni, tout au long du deuxième tour, n’a de son côté cessé de repousser les requêtes à s’exprimer sur le pourquoi de cet effondrement sportif. Notamment quand il s’agissait de revenir sur toutes ces pertes en ressources humaines depuis juillet. Les médias ont fini par se substituer à sa parole pour lui trouver un moyen de défense. C’est que le projet du club, pour beau qu’il soit, l’a privé progressivement et depuis la reprise de l’entraînement de la plupart de ses éléments offensifs.
Départ de Shala vers le Swift (un concurrent direct où il ne joue pas), libération de Tekiela en D2 suédoise… puis d’Habbas (pour… le Swift, qui l’a laissé à disposition de Hostert) pour incompatibilité d’humeur avec ses dirigeants, avant de voir Muratovic être autorisé à partir en D2 roumaine. En résumé, en six mois, Léoni a perdu ses trois meilleurs buteurs et ses deux meneurs de jeu, Tekiela faisant partie des deux catégories.
Pour des projets sportifs moins exaltants que ceux des frères Thill, de Tim Hall ou Marvin Martins, par exemple… Mais une parole (contractuelle) donnée à un joueur ne se mesure pas à l’aune du projet pour lequel il demande à être libéré, même si cela affecte le rendement du club…
Niederkorn peut s’en flatter : il tient ses engagements. Mais avec la blessure de Luisi, tous les efforts pour remédier tactiquement à ces nombreuses pertes se sont dilués dans le manque de réussite des attaquants. Sorti d’Almeida, le reste de la section offensive n’a pas donné entière satisfaction. Azong ? Il a mis six buts en 2022 dont deux doublés contre Hostert et Hamm dans des matches vite gagnés. Mazure ?
Sorti de son doublé contre Wiltz dimanche, ses statistiques sont tout aussi faiblardes : quatre buts en 2022. Pomponi ? Un but en DN depuis son retour, cet hiver. Le Progrès a eu beau développer du jeu, impossible de continuer à exister dans ces conditions, d’où les crispations en interne sur le remplacement des joueurs autorisés à partir pour satisfaire leurs ambitions personnelles. Et sur les choix qui ont été faits. Le Progrès a en effet été très bon sur les joueurs défensifs (Latic, Amofa, Peugnet et… Bohnert même si ce dernier a été repositionné). Moins sur son recrutement offensif.
Et cet été, il risque de devoir se montrer extrêmement performant à tous les niveaux puisque si Alexandre Sacras (Hostert) et Jader Soares (Etzella, qui vient de se faire les croisés) ont été officieusement annoncés, il faudra peut-être au Progrès devoir remplacer des piliers sur le départ : Bohnert, Ba ou Skenderovic.
Comment survivre efficacement à une nouvelle vague de départs de cette envergure? Et avec qui aux commandes ? Léoni a-t-il seulement envie de repartir pour une année de plus dans ces conditions ?
Alors que d’autres clubs privilégient la conquête de titres, Niederkorn continue de dire, sans doute à raison, qu’il ne serait pas là sans son «projet». Sauf qu’après quatre années consécutives à jouer l’Europe et à y briller, en voilà deux moins prolixes qui créent inévitablement quelques tensions. Immérité, mais sans doute inévitable.