Après plusieurs jours à tenter de résoudre le problème de reconnaissance de mon certificat de rétablissement français au Luxembourg, j’ai fini par obtenir une réponse. Malheureusement, pas celle escomptée.
«Il n’y a pas de solution.» C’est sur cette réponse qui me rend plus que perplexe que se poursuivent donc mes déboires concernant la reconnaissance de mon certificat de rétablissement au covid-19.
Comme exposé dans un précédent article intitulé «Les galères du pass sanitaire – Quand le code ne passe pas la frontière», c’est une véritable épopée que j’ai amorcée bien malgré moi en ce début d’année pour pouvoir à nouveau fouler le sol du Grand-Duché.
Petite piqûre de rappel : j’ai contracté le covid début janvier, alors que je devais faire le booster (que je n’ai donc pas pu recevoir), pile à la fin de la validité de mes deux premières doses. Si mon code QR «positif au Covid-19» fait désormais office de certificat de rétablissement en France, les onze jours suivant la confirmation de la maladie étant révolus, ce code QR n’est absolument pas reconnu au Luxembourg.
Ne bénéficiant pas de tests gratuits et les laboratoires étant débordés, je suis au travail à distance permanent, ce qui a un fort impact sur mes collègues, puisque je ne peux plus être envoyée là où le régime Covid Check est d’application.
Après maintes tentatives de prises de contact auprès de diverses administrations et officines tant françaises que luxembourgeoises, j’ai enfin commencé à obtenir des réponses, guère satisfaisantes, il faut bien l’avouer : c’est une véritable partie de ping pong qui s’est engagée entre la France et le Luxembourg, chaque pays se renvoyant la balle (en l’occurrence, moi).
Partie de ping pong
En réponse au mail envoyé à l’adresse fournie par la ligne anticovid luxembourgeoise (à savoir : declaration@ms.etat.lu), un mail automatique m’assure que «les documents (ordonnance d’isolement) que [j’ai] reçu des autorités compétentes étrangères (UE) sont valables auprès de la CNS».
Problème : je n’ai pas de tels documents en ma possession et le compte prévu à cet effet par le gouvernement français (le Sidep) n’affiche que mon résultat positif.
Le ministère de la Santé luxembourgeois, quant à lui, m’invite à «me rapprocher des autorités françaises et à faire une demande de certificat de rétablissement valable pour l’UE». «Le Luxembourg ne peut pas fournir de certificats de rétablissement aux personnes non résidentes et infectées dans un pays étranger», précise-t-il.
Me revoilà donc l’oreille collée au téléphone pendant près de trente minutes (quand on ne m’invite pas à rappeler ultérieurement, car la ligne est trop occupée) pour tenter de joindre la ligne anticovid française, vers laquelle on me renvoie dans mon pays de résidence.
Le test antigénique n’est pas reconnu
Quand enfin un agent me répond, j’expose mon cas. Et le couperet tombe : «Il n’y a pas de solution.» Je rétorque que je ne peux pas ne pas travailler pendant trois mois, jusqu’à ce qu’on m’autorise à faire le booster. «Il n’y a pas de solution, répète-t-il, vous avez un test positif antigénique et pas PCR.»
Je découvre donc abasourdie que le test pourtant effectué en pharmacie et qui a donné lieu à l’établissement d’un code QR, à un signalement à la sécurité sociale française et à un arrêt maladie auprès de la CNS ainsi qu’à un certificat de rétablissement valide en France, ne me permet pas d’obtenir un certificat valide au niveau européen, ou du moins au Luxembourg, où je suis pourtant affiliée à la CNS en tant que travailleuse frontalière.
«La seule chose que je puisse vous conseiller, poursuit cet agent, c’est de trouver un médecin qui vous fasse un certificat de contre-indication à la vaccination.» Serait-ce la porte de sortie? Ou plutôt celle d’entrée vers le Luxembourg ?
De nombreux lecteurs également concernés
Pas si vite : «Ce n’est pas gagné, me prévient-il. Je vous souhaite bon courage pour trouver un médecin qui accepte de remplir ce formulaire spécifique (cerfa n° 16183*02), car il y a beaucoup de contraintes. Et il faudra ensuite l’envoyer à votre caisse d’assurance maladie.» Certificat qui doit par après, comme nous l’écrit une lectrice, «être entériné par la direction de la Santé».
Me voilà donc à nouveau envahie par ce sentiment de frauder le système alors que c’est ce dernier qui présente des «inconsistances», pour reprendre l’expression d’une autre lectrice (la rédaction du journal a en effet été contactée par plusieurs personnes signalant se trouver dans un imbroglio similaire).
Il ne me reste maintenant plus qu’à trouver un médecin qui accepte de prendre mon cas (et celui d’autres frontaliers) en considération, contrairement aux autorités françaises et luxembourgeoises, qui étaient bien promptes à imposer le pass vaccinal ou le Covid Check au travail, mais qui le sont beaucoup moins pour en réparer les failles.
Une solution pour le 1er février ?
Je confirme le refus catégorique des médecins de délivrer une contre-indication à la vaccination pour obtenir un pass sanitaire dans les conditions mentionnées dans l’article. «Il n’y a pas de contre-indication, vous ne trouverez personne qui acceptera !», m’a prévenue mon médecin, choquée de ma demande. Mais elle m’assure que la situation changera à partir du 1er février.
Il semblerait en effet que les frontaliers français ayant eu les deux premières doses, mais n’ayant pas pu faire le booster, pourront télécharger à cette date sur le site Ameli.fr un certificat reconnu au niveau européen grâce auquel la deuxième dose ne comportera plus de date d’expiration, comme le résument nos confrères de Libération.
Tatiana Salvan
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Pour info sur le site https://covid19.public.lu/fr/vaccination.html: « Les personnes qui ont été testées positives à la COVID-19 peuvent recevoir le « booster » au minimum 1 mois après leur test PCR positif. »