Les syndicats et la direction du sidérurgiste, confronté à de graves difficultés financières, ont acté le principe que la réorganisation de l’usine se fera sans licenciement sec.
La saga Liberty Steel toucherait-elle à sa fin? Rien n’est encore définitivement acquis pour les quelque 250 salariés du site de production à Dudelange. Leur perspective s’est toutefois un peu améliorée, mercredi, après de longs mois d’incertitude provoqués par les graves difficultés financières auxquelles est confronté GFG Alliance, la maison mère de Liberty Steel.
Un très bref communiqué, signé par les partenaires sociaux et la direction de Liberty Steel, annonce un accord pour négocier un plan de maintien dans l’emploi. Cette décision intervient dans la foulée de la réorganisation du site de production de Liberty Steel à Liège, qui fait figure de «jumeau» de Dudelange. L’usine luxembourgeoise du sidérurgiste indo-britannique doit donc également faire face à une réorganisation de ses activités.
Mercredi, les deux camps étaient réunis au ministère de l’Économie pour analyser plus en détail le résultat du plan de redressement financier de Liberty Steel Liège, mis au bord du gouffre par la faillite de Greensill, la «banque interne» du sidérurgiste détenu par l’homme d’affaires Sanjeev Gupta. Le 11 mai dernier, l’usine belge a été a été placée en réorganisation judiciaire. Le verdict du tribunal d’entreprise de Liège est tombé le 16 novembre : Liberty Steel Liège n’est pas mis en faillite. Le millier de créanciers a accepté le plan d’entreprise pour sauver le site de production, comptant 740 employés. Le plan de sauvetage prévoit toutefois la perte de 90 emplois.
«Nous attendons ce qui ressortira de cette procédure et évaluerons ensuite ce qui pourra être fait pour l’usine de Dudelange», affirmait le 16 novembre le ministre de l’Économie, Franz Fayot, devant la Chambre des députés. Pour le gouvernement, la «priorité absolue» resterait de trouver une «solution durable et pérenne pour les salariés et les activités de Liberty Steel». Le ministre socialiste n’a jamais caché sa frustration qui s’accumule dans un dossier dans lequel «on ne détient pas toutes les cartes en main».
Avec le plan de maintien dans l’emploi et l’annonce de la réorganisation des activités, l’option d’une reprise de l’usine dudelangeoise est-elle écartée?
À Liège, Liberty Steel a conclu un plan d’investissement avec la Sogepa, l’équivalent wallon de la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI) au Luxembourg. «Nous continuons à travailler étroitement avec la SNCI pour préparer une éventuelle reprise du site de Dudelange avec le concours de nouveaux partenaires», indiquait Franz Fayot le 16 novembre. Il a émis deux conditions pour qu’un tel scénario se réalise : trouver un partenaire industriel avec, d’un, la capacité financière pour transposer un plan industriel dans un contexte économique compliqué, et, de deux, la capacité de s’approvisionner avec la matière première en quantité suffisante pour travailler de manière rentable.
Il existe toutefois un bémol majeur. «Malgré les déboires de GFG Alliance, Sanjeev Gupta reste le patron de Liberty Steel», vient rappeler le ministre de l’Économie. Il serait donc impossible de décider unilatéralement une nationalisation de l’usine de Dudelange ou d’imposer à Liberty Steel un rachat par de nouveaux investisseurs. Et au vu de la décision actée mercredi, il semble se confirmer que le groupe de sidérurgie indo-britannique n’est pas prêt à céder son site de production luxembourgeois.
Actuellement, l’aciérie continue toutefois de tourner uniquement à 20 % de ses capacités. Entre 30 et 40 % de l’effectif est toujours placé en chômage partiel. «Si Liège tourne au ralenti, Dudelange fait de même», rappelle Franz Fayot, non sans exclure que les premiers salariés pourraient se tourner vers d’autres cieux «au vu de la forte demande en ouvriers qualifiés».
David Marques
Le retour d’ArcelorMittal
comme bouée de sauvetage?
L’ancienne Galvalange, devenue Liberty Steel Dudelange, était jusqu’en 2018 aux mains d’ArcelorMittal. Le géant de la sidérurgie a été contraint de céder certaines de ses activités pour pouvoir acquérir le groupe Ilva en Italie. La Commission européenne avait ordonnée cette restructuration pour qu’ArcelorMittal continue à respecter les règles de concurrence fixées par l’UE. Le choix a été fait de vendre les usines en question, dont celles de Dudelange et Liège, à Liberty Steel pour un montant de 740 millions d’euros. Entretemps, ArcelorMittal a négocié un retrait progressif d’Italie. Suffisant pour racheter son bien dudelangeois? Interrogé sur cette éventualité par le député Laurent Mosar (CSV), le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a affirmé vouloir «se laisser ouvertes toutes les options pour trouver une solution. Pour le moment, je ne peux cependant pas en dire plus».