LIGUE DES CHAMPIONS Le 29 novembre 2018, le F91 et Bryan Mélisse jouaient à San Siro contre le Milan AC. Que va voir Sébastien Thill, ce mardi soir? Le défenseur du Swift nous raconte.
Il va falloir commencer par s’excuser avant d’être noyé sous les courriers de réclamation. À titre accrocheur, demi-vérité : si le F91, il y a trois ans, a joué au San Siro en phase de groupes de l’Europa League, Sébastien Thill et son Sheriff Tiraspol, ce soir, y passeront 90 minutes dans le cadre de la Ligue des champions et le stade s’appellera… Giuseppe-Meazza. Les Dudelangeois ont affronté le Milan AC, «Séba» se frottera à l’Inter et c’est bien parce que ce monstre, baptisé la Scala del Calcio, a deux clubs résidents que Bryan Mélisse, qui y a joué en 2018, se sent obligé de prévenir Sébastien Thill : en même temps que de jouer sur le même terrain mais pas officiellement dans le même stade, il va être énormément déçu par les vestiaires.
«En vrai, ils sont vraiment nuls leurs vestiaires. On nous a expliqué que c’était parce que le Milan AC a les siens et que l’Inter a les siens. Mais ils ne les ouvrent pas pour l’adversaire quand c’est l’autre club de Milan qui joue. Non, pour les adversaires, il y en a des autres et ils sont tout petits. À la limite, au Luxembourg, je préfère largement ceux de Differdange et de Käerjeng. D’ailleurs, ils sont même plus grands que ceux qu’on a reçus là-bas. Je ne me rappelle même pas s’ils avaient des casiers. On nous a appris, sur place, que la Juve, qui était venue peu de temps auparavant, avait eu droit aux mêmes vestiaires.» Ça doit leur faire bizarre, aux Bianconeri, de se préparer dans l’équivalent des vestiaires du stade Um Dribbel, mais en moins joli…
«Faire la différence entre un Noir et un Blanc…»
C’est a priori tout ce qui dérangera Sébastien Thill dans cette cathédrale du football. Après avoir foulé la pelouse du Bernabeu il y a trois semaines, où il a accédé au statut de star internationale avec son but de la dernière minute contre Thibaut Courtois et le Real Madrid, le milieu de terrain va en prendre plein les mirettes. Garanti par Mélisse, qui a sur le sujet des tribunes une anecdote en or : «Ce stade est géant. Je ne pensais pas que c’était à ce point. On avait tous des amis et de la famille dans les gradins. Les miens étaient installés tout en haut, derrière le but. Ce n’était pas eux qu’on entendait, quand on marquait, mais ceux qui étaient en tribune présidentielle. Ceux d’en haut étaient trop loin pour qu’on les entende. Mais à la fin du match, je me suis dirigé vers la tribune, pour faire coucou. Et là, il y a un truc qui m’a frappé : mes potes, ma famille, ce sont des Noirs. Mais ils étaient tellement loin que je ne pouvais pas les reconnaître. Ils sont tellement haut que c’est impossible de faire la différence entre un Noir et un Blanc. C’est fou.»
Le Sheriff Tiraspol verra lui théoriquement un autre aspect du San Siro-Meazza : le son. Avec un peu plus de 15 000 spectateurs lors de ce Milan AC – F91 (5-2), Dino Toppmöller et ses gars n’avaient eu qu’un maigre mais vibrant échantillon de ce que l’on doit ressentir en se retrouvant au beau milieu de ces quatre murs vertigineux. Un peu avant, ils avaient visité le Benito-Villamarim du Betis Séville et le Karaïskakis de l’Olympiakos, tous les deux bien pleins (ils avaient attiré respectivement 40 000 et 24 000 spectateurs dans cette phase de poules) et tout bonnement impressionnants. Plus en tout cas qu’un stade milanais rempli au cinquième seulement et qui, dans ces conditions, «paraît vide». «Mais ça reste un super souvenir, s’enorgueillit Mélisse. Je n’arrête pas de le raconter à mes coéquipiers du Swift. Chaque semaine en fait, je leur dis « hey, moi, j’ai joué au San Siro!« . On est plusieurs dans cette équipe à l’avoir fait (NDLR : Stolz, Prempeh, Couturier et Schnell étaient sur le terrain, Malget sur le banc), mais je suis de loin celui qui en parle plus (il rit). C’est un stade dont le monde entier connaît le nom.» Ça tombe plutôt bien puisque désormais, le monde entier connaît le nom de Sébastien Thill. Il s’en sentira un peu comme chez lui…
Julien Mollereau