Après plus d’un an et demi d’interruption, les thés dansants ont repris dans le Grand Est, pour le plus grand bonheur d’un public qui commençait sérieusement à avoir des fourmis dans les jambes !
Des mois et des mois que le centre culturel de Diemeringen, village d’Alsace bossue situé près de la Moselle, n’avait plus accueilli les déhanchements de seniors alertes et friands de ces après-midis dansants, importants vecteurs de lien social pour nombre d’entre eux. Mais en ce dimanche ensoleillé d’octobre, c’est la reprise tant attendue : entre 200 et 300 personnes ont fait le déplacement. Elles n’auraient manqué sous aucun prétexte cette occasion de fouler à nouveau une piste de danse, moyennant huit euros d’entrée et, évidemment, la présentation du pass sanitaire. Le masque, en revanche, n’est pas exigé.
La grand-messe du dimanche
Sur scène, le groupe alsacien Die Alpen Melodie enchaîne les morceaux griffés « Volksmusik », genre très populaire en Allemagne et en Alsace. Entre les titres, quelques courtes pauses permettent aux danseurs de souffler et savourer une boisson, une part de gâteau. Mais à l’appel du yodel, les couples délaissent volontiers leur table pour repartir à l’assaut de la piste.
Parmi eux, deux élégants septuagénaires : Jean-Pierre, 74 ans, et Marie-Antoinette, 72 ans. Le confinement a été « très difficile, il n’y avait rien nulle part, hormis mettre un CD à la maison », se souvient Marie-Antoinette. « Nous avions l’habitude de danser à la maison, de faire des marches, de la gymnastique au sol ou de la lecture », poursuit Jean-Pierre. Mais lorsque les thés dansants ont enfin repris, « nous avons sauté sur les premières occasions pour pouvoir danser en groupe. Et c’était formidable, mais vraiment formidable ! », s’enthousiasme cet ancien gendarme. Un thé dansant un dimanche après-midi, ça se prépare dès la veille, glisse Marie-Antoinette : une fois l’annonce repérée dans la presse locale, « le samedi, on se prépare pour le dimanche ! », s’amuse-t-elle.
« La danse, ça rassemble les personnes », explique Richard Ruscher, 78 ans, le président du club de judo de Diemeringen, organisateur de cet après-midi festif. Il y a même « des couples qui se forment des fois ». Depuis 2013, son club organise environ quatre thés dansants par an dans le village. « Ça fait du bien, vraiment du bien », poursuit Richard Ruscher. « Pour nous et pour les gens » qui « attendaient ça depuis des mois et des mois ».
Des rencontres et des retrouvailles
Pouvoir de nouveau danser, « bien sûr, c’est un soulagement », confirme Alfred, 63 ans, originaire de Rouhling, en Moselle, et habitué avec son épouse Clarisse de ces rassemblements. Danser « a été toujours une passion pour nous deux, depuis qu’on s’est connus » il y a quarante ans. Pour Alfred, les thés dansants revêtent une dimension évidente de lien social : « On a des amis avec qui on va souvent » et « on apprend à connaître beaucoup de gens ».
Le couple redoute-t-il d’attraper le virus en venant ainsi danser au milieu de plusieurs dizaines de personnes ? Pas vraiment : « On se protège, on est vaccinés, on fait attention », assure Alfred.
Le confinement « a été très difficile », surtout l’absence de « contact avec les gens », confie Josiane Bodein, la chanteuse de Die Alpen Melodie, qui se réjouit de la reprise. La scène, « c’est notre passion. Chanter dans la cave, dans notre salon, c’est pas pareil ! », sourit-elle. Désormais, il va falloir « vivre avec le Covid », estime-t-elle, et les thés dansants « sont une façon de vivre avec ».
Et, aussi, de revivre avec les autres : chaque dimanche, « on apprend à connaître des gens qu’on ne connaît pas, et il y en a qu’on retrouve », savoure Marie-Antoinette. « Ça fait une convivialité, des amis… »
LQ/AFP