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La flambée des prix de l’énergie, phénomène mondial et complexe


Au Royaume-Uni, dépendant du gaz pour générer de l'électricité et déjà en proie à des pénuries, les prix du gaz ont augmenté de 85% depuis le début du mois et de 300% depuis le début de l'année. (illustration AFP)

La flambée des prix du gaz qui touche les Français est un phénomène mondial qui obéit à de nombreux facteurs. Et pour en sortir, il existe plusieurs solutions.

Une flambée historique

« Les prix du gaz que l’on voit actuellement sur le marché au comptant [où livraison et règlement sont instantanés] en Asie et en Europe sont extrêmement élevés, c’est un record », souligne Anne-Sophie Corbeau, spécialiste de l’énergie à l’université de Columbia. Idem pour le charbon, avec des prix autour de 200 dollars par tonne, le marché du carbone et du pétrole. « Il y a un effet d’entraînement », estime Anne-Sophie Corbeau.

Cela se traduit par une série de fortes hausses pour le consommateur français : avec une hausse annoncée de 12,6% TTC au 1er octobre des tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie. Et une nouvelle hausse de 15% pourrait intervenir dans un mois. Au total, la facture du ménage moyen chauffé au gaz chez Engie, au tarif réglementé, a augmenté de 29% depuis 2019 et de 44% depuis janvier 2020, selon la Commission de régulation de l’énergie.

Au Royaume-Uni, dépendant du gaz pour générer de l’électricité et déjà en proie à des pénuries, dont l’essence, les prix du gaz ont augmenté de 85% depuis le début du mois et de 300% depuis le début de l’année. Jeudi, le gaz britannique pour livraison dans un mois a atteint un plus haut historique.

Comment en est-on arrivé là ?

C’est d’abord la reprise économique mondiale, notamment en Chine, qui a soutenu la demande en énergie après le trou d’air du Covid.

Autre facteur : « les aléas climatiques », souligne Anne-Sophie Corbeau. Des hivers longs et froids en Asie et en Europe ont notamment tiré sur la demande pour le chauffage. La météo a aussi entraîné une production éolienne décevante en Europe au deuxième trimestre, compensée par le gaz.

Des problèmes techniques ont également pesé sur l’offre. « Il y a eu tout un tas de problèmes sur des installations de GNL (gaz naturel liquéfié) un peu partout dans le monde », indique Geoffroy Hureau, secrétaire général de Cedigaz, une association professionnelle. Enfin, « les stockages sont à un niveau historiquement bas » pour la période, rappelle Geoffroy Hureau.

Quid de l’électricité ?

Les tarifs réglementés de l’électricité devraient connaître une nouvelle hausse « aux alentours de 12% » en début d’année prochaine, a indiqué jeudi la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili.

Le marché de gros de l’électricité suit en partie celui du gaz et augmente fortement actuellement. Mais cela ne se traduit pas de la même manière que pour le gaz dans les tarifs appliqués aux Français, qui ne sont revus que deux fois pas an. « En électricité, il y a moins d’exposition aux prix de marché parce qu’en partie le risque est couvert par le coût du nucléaire historique, bien plus bas que le prix de marché », souligne Julien Teddé. EDF est en effet obligé de vendre une partie de son électricité nucléaire, à bas prix, à ses concurrents.

Quelles solutions ?

Côté approvisionnement, l’avenir dépendra de l’augmentation ou non des livraisons de gaz à l’Europe du russe Gazprom, qui s’est dit « prêt à étudier de nouveaux contrats pour augmenter les volumes ». Mais cela pourrait aussi dépendre de la volonté politique derrière, juge Anne-Sophie Corbeau.

Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire a dénoncé jeudi l’attitude du président russe Vladimir Poutine, pour qui « il suffit de jouer sur cet approvisionnement pour faire monter les prix et pour rogner sur notre indépendance ».

De façon plus immédiate, le gouvernement peut aider les ménages en jouant sur la fiscalité au travers de la TVA ou de taxes spécifiques. Il peut aussi élargir des aides comme le chèque énergie, versé à 6 millions de ménages modestes, déjà rallongé de 100 euros. Les entreprises peuvent acheter « sur le plus long terme » et profiter de tarifs plus avantageux à l’horizon de quelques années, préconise Julien Teddé.

Autre solution : le gouvernement pourrait décider de « lisser » les hausses de tarifs en anticipant sur les baisses futures, en en répercutant seulement une partie sur les consommateurs pour l’instant. En contrepartie, quand les cours baisseront, les consommateurs devront attendre avant de voir baisser les prix.

LQ/AFP

 

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