Charel Grethen est l’invité surprise de ces demi-finales. Sans pression, il va crânement tenter sa chance. Pourquoi ne pas rêver le voir aller encore plus loin…
Le cœur a ses raisons que la raison ignore. La raison voudrait que Charel Grethen n’ait aucune chance de passer. Mais le cœur dit autre chose… On a envie de croire à l’impossible : un Luxembourgeois en finale du 1 500 m.
Bien sûr, sur le papier, les chances sont, si ce n’est nulles, au minimum faibles. Mais elles l’étaient déjà dès les séries. Engagé avec l’antépénultième plus mauvais chrono des engagés, il avait besoin d’un exploit pour se hisser en demi-finale. Seulement, l’élève de Camille Schmit y a cru : «Je vais tout faire pour me qualifier. J’y crois», confiait-il avant d’entrer en lice. Même si la tâche semblait compliquée à réaliser, il savait qu’il y avait une vraie chance. En effet, contrairement au 800 m de Rio, auquel il a participé et où il devait prendre l’une des deux premières places pour passer, sur le 1 500 m à Tokyo, il y avait six places à prendre sur chacune des trois séries plus les six meilleurs temps parmi les non-qualifiés à la place.
Doté d’un bon finish, Charel Grethen avait décidé de forcer son destin. C’est ainsi qu’on l’a vu prendre ses responsabilités quand il s’est fait un peu enfermer en n’hésitant pas à faire l’effort nécessaire pour se porter à l’avant de la course. Dans une série relativement lente, il était rapidement assez clair qu’il faudrait prendre l’une des six premières places pour avoir une chance de passer au tour suivant. Alors il a accéléré. Au point de se porter à l’attaque au passage de la cloche. En tête de sa série, il se fera remonter par plusieurs concurrents mais trouvera les ressources pour remettre un coup d’accélérateur dans le dernier virage. Dans les 100 derniers mètres, il donne tout mais ne peut éviter la remontée de l’Éthiopien Samuel Zekele qui vient lui chiper la cinquième place. Tant et si bien qu’au passage sur la ligne d’arrivée, le miler grand-ducal ne sait pas à quelle place il se trouve : «Sixième ou septième, je ne savais pas. J’ai compté deux fois ceux qui étaient devant moi pour être sûr d’être qualifié.»
Il n’aura rien à perdre
Charel Grethen véritablement acteur de sa course, n’a pas de regret à avoir. Et il est récompensé d’une fantastique place en demi-finale : «Je veux profiter du moment.» Mais le garçon est un compétiteur. Et même s’il sait que ses chances sont faibles, il compte bien les jouer à fond, lui qui sera engagé dans la seconde demi-finale, en compagnie, entre autres, du phénomène norvégien Jakob Ingebrigtsen, du champion olympique américain Matthew Centrowitz ou encore du Kényan Abel Kipsang, vainqueur de la deuxième série, celle où figurait Charel Grethen.
De toute façon, il n’aura rien à perdre : «Je ne m’aligne jamais sur une course juste pour le fun. Je vais tout donner et on verra le résultat.» Alors, pourquoi ne pas pousser la blague encore un peu plus… pour ce faire, il lui faudra prendre l’une des cinq premières places de sa demie ou réaliser l’un des deux meilleurs temps. Un vrai challenge. Mais le Luxembourgeois n’en est pas à son premier défi, lui qui, il y a un an à peine, se remettait encore d’une opération du tendon d’Achille en juin 2019. Rendez-vous à 13 h 10, heure luxembourgeoise.
Romain Haas