Le président de la Copas, Marc Fischbach, souligne qu’une «majorité écrasante» des gestionnaires de structures pour personnes âgées réfute le besoin d’un cadre réglementaire trop strict.
Le flou artistique qui a enveloppé les recommandations adressées au cours de cette pandémie aux gestionnaires des maisons de soins et de repos figure au cœur du rapport sur les foyers d’infection et les décès dans ces structures. Lundi, Jeannot Waringo, le coordinateur de ce rapport, avait également évoqué le caractère peu contraignant des directives données par le ministère de la Famille et des frictions survenues avec le ministère de la Santé. Les gestionnaires se seraient sentis laissés à leur sort. Des échos contradictoires émanent néanmoins du terrain. Comment expliquer donc ces vues divergentes ?
Nous avons posé la question à Marc Fischbach, le président de la Copas, confédération qui représente la quasi-totalité du secteur des structures pour personnes âgées. Il fait état d’une «majorité écrasante» de gestionnaires qui aurait plaidé dès le début de la crise sanitaire pour «garder une certaine flexibilité et autonomie» dans la gestion de leurs établissements. «Chacun n’est pas en mesure d’appliquer dans leur intégralité les directives émises par les autorités. Chaque maison est différente, notamment en ce qui concerne le profil de ses résidents», développe Marc Fischbach, pour qui le constat de base reste valable : «Nous avons toujours été demandeurs de recommandations d’ordre général.»
«Les moyens et connaissances divergent»
En d’autres termes, le plan de crise national uniforme et contraignant une nouvelle fois revendiqué par les partis de l’opposition parlementaire ne correspondrait pas aux demandes émanant du terrain. Marc Fischbach ne cache cependant pas que «tout n’a pas toujours été très clair». Les recommandations étaient parfois «trop larges». À un moment, certains gestionnaires se sont sentis «mis sous pression». «Le contact n’a cependant jamais été coupé. Nous avons toujours recommandé à nos membres de prendre leurs responsabilités en concertation avec le corps médical et les professionnels de santé qui sont présents sur le terrain», avance le président de la Copas. Malgré tout, «certains auraient préféré se faire livrer un menu préparé à l’avance». En tout état de cause, les explications et interprétations nécessaires auraient été données sur simple demande, ajoute-t-il.
À la base, le rapport Waringo ne désigne pas de coupable pour la multiplication des infections et décès dans les maisons de soins et de repos. Comme lors de l’interview qu’il nous avait accordée début avril, Marc Fischbach refuse d’accabler la ministre Corinne Cahen. Le fait qu’il y ait eu «certaines frictions» entre les ministères de la Famille et de la Santé n’y change rien. «Un ministère de la Famille n’est pas aussi bien outillé qu’un ministère de la Santé pour combattre une crise sanitaire. Les moyens et les connaissances divergent», fait remarquer Marc Fischbach.
Le président de la Copas préfère se focaliser sur le rapport en lui-même : «Il est très objectif et a le mérite de documenter en détail quelles ont été les démarches entreprises sur le terrain. Cet exercice est nécessaire pour aller de l’avant.»
David Marques
Obligation de vaccination ? «Un sujet très sensible»
Début avril déjà, le débat sur la nécessité ou pas de rendre obligatoire la vaccination du personnel soignant était lancé. À l’époque, seule une petite moitié des personnes travaillant dans le secteur était vaccinée. Aujourd’hui, ce sont à peine les deux tiers.
Il y a un peu plus de deux mois, Marc Fischbach nous avait fait part de la réflexion suivante à ce sujet : «Nous n’avons pas établi de position par rapport à une telle obligation. Il s’agit d’un sujet très sensible. D’un point de vue éthique, il faut évaluer quelles pourraient être les conséquences d’une telle décision. Je peux soutenir la position de la Commission nationale d’éthique qui appelle les décideurs à ne pas perdre de vue les répercussions qu’une telle obligation risque d’avoir au niveau du droit du travail. Avec la meilleure volonté du monde, vous ne pouvez pas licencier quelqu’un qui refuse la vaccination, un acte qui constitue une atteinte au droit à l’intégrité physique. Il s’agit d’une des questions à trancher avant de songer à décréter une obligation.»
345 morts, et c’est la faute de personne… ?! ciao Cahen!