L’impatience et l’incompréhension grandissent. À tour de rôle, des groupes socio-professionnels se manifestent pour pouvoir bénéficier d’une vaccination prioritaire contre le coronavirus. La stratégie du cordon sanitaire pour protéger au mieux le personnel de santé et les personnes âgées, considérées comme les plus vulnérables, ne cesse d’être remise en question. Personnel enseignant, policiers, agents pénitentiaires, agents de pompes funèbres : la liste continue de s’allonger.
On se croit revenu en fin d’année dernière et les réflexes égoïstes qui ont surgi au moment de la mise en place du confinement partiel. La culture a fustigé le choix de laisser les commerces ouverts. De son côté, l’Horeca est venu déplorer que les attroupements restaient possibles dans les centres commerciaux et les rues piétonnes. Une fois leur tour arrivé, les petits magasins sont venus faire part de leur incompréhension que les grandes surfaces pouvaient rester ouvertes.
Le dicton «Pourquoi moi et pas l’autre» est de retour. Il existe certainement des arguments qui peuvent justifier la vaccination prioritaire d’une catégorie socio-professionnelle. Dans l’état actuel des choses, avec un approvisionnement toujours limité en vaccins, il ne sert à rien de crier au scandale et de tirer la couverture à soi. La CGFP fait ainsi désordre en réclamant de vacciner au plus vite les enseignants et les policiers, deux catégories professionnelles qui sont chères au syndicat de la force publique. Il est vrai que les enseignants et policiers sont exposés à un certain risque, il n’est cependant pas aussi grand que celui des médecins, infirmiers, soignants et surtout des personnes les plus âgées.
Dans cet ordre d’idées, le plan prioritaire proposé par le Conseil national d’éthique, approuvé par le gouvernement, tient toujours la route. Cela ne doit pas empêcher de préparer le terrain pour revoir peut-être l’une ou l’autre priorisation à un moment où les livraisons de vaccins vont augmenter et s’accélérer.
D’ici là, tout empressement vaccinal est contre-productif. Mieux vaut faire preuve de patience et continuer à respecter les gestes barrières. Pour quelques semaines encore.
David Marques