L’arrière des Black Bears de UMaine poursuit sur sa lancée. La voilà à nouveau à deux matches de la March Madness. Avant de rêver à plus haut. Beaucoup plus haut.
Il y a un an pratiquement jour pour jour, Anne Simon s’apprêtait à disputer la finale de la Conférence America East, qui pouvait ouvrir aux Black Bears de UMaine les portes de la prestigieuse March Madness, le plus grand rendez-vous du sport universitaire américain. C’était juste avant que tout soit stoppé à cause de la pandémie.
Un an plus tard, la jeune femme, élue rookie de l’année lors de sa première saison, vient d’achever la saison régulière (16-2) avec son premier titre de meilleure joueuse de la Conférence à l’occasion de la dernière semaine de compétition : «C’était une grande fierté.» Mais celle qui a également été désignée dans le cinq de l’équipe de l’année ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : «Cette année, c’était très différent de la précédente. Mon rôle a changé, car on avait un cinq de base très fort, avec notamment le retour de Blanca (NDLR : Millan, joueuse et défenseuse de l’année), si bien que je n’avais pas la pression de marquer ou d’être un leader pour l’équipe. J’ai essayé d’être à bon niveau, de marquer, tirer, attaquer. Mais j’en ai surtout profité pour regarder comment Blanca joue pour pouvoir m’inspirer de ce qu’elle fait.»
Et ça a marché à merveille, même s’il y a bien deux défaites qui viennent un peu entacher le bilan de l’équipe : «Après avoir revu les matches avec les coaches, on s’est rendu compte qu’on n’était pas à notre niveau. Et que notre défense n’était pas au rendez-vous. Ces matches, on ne les a pas perdus parce qu’on étaient moins fortes. Mais parce qu’on n’a pas joué notre jeu», résume la sophomore qui vient de fêter ses 21 ans.
Et chaque fois qu’elles se sont inclinées, elles ont, dans la foulée, battu leur adversaire, histoire de remettre les pendules à l’heure et de montrer que les Black Bears sont bien la meilleure équipe de la Conférence. Un statut de tête de série n° 1 qui leur permet d’être exemptées de premier tour de la phase finale et de n’entrer en compétition qu’au moment des demi-finales. Elles ont donc pu se préparer tranquillement pendant deux semaines avant d’affronter, dimanche à domicile sur leur parquet d’Orono, Albany, que Maine avait tranquillement dominé 47-63 lors de leur seul affrontement de la saison. En cas de succès, elles seraient qualifiées pour la finale de Conférence, où elles devraient rencontrer une semaine plus tard leur principal rival, Stony Brook.
La WNBA dans un coin de la tête
Une victoire permettrait enfin à Anne Simon de connaître la fameuse March Madness, même si, bien évidemment, en raison de la pandémie de coronavirus, les salles risquent de sonner un peu plus creux qu’à l’habitude. La bonne nouvelle, c’est que, à la différence de la saison régulière, des spectateurs seront autorisés. Pour les femmes, ce sera à San Antonio avec une jauge placée à 17 % de la capacité de la salle. Toujours mieux que rien.
Atteindre la March Madness, c’est l’obsession des joueuses, qui ont tout sacrifié pour y parvenir : «On savait qu’on avait une bonne équipe et qu’on pouvait le faire. C’est pourquoi on a fait très attention en restant pratiquement tout le temps à la maison. On ne voulait pas risquer d’avoir un cas positif», confie la jeune femme, qui explique avoir progressé un peu partout : «Lecture du jeu, défense, extra-passe et ne pas hésiter à prendre des shots.» Mission accomplie, puisqu’à la différence de plusieurs autres équipes, les Black Bears n’ont jamais eu un seul test positif.
Atteindre la March Madness – «et au moins passer un tour» – pour Anne Simon, cela signifierait d’abord de l’expérience en plus. Et évidemment une plus grande visibilité. La Luxembourgeoise ne le cache pas, elle a de très hautes ambitions : «J’ai été joueuse de la semaine, le prochain objectif, c’est d’être joueuse de l’année. Je crois que je suis prête pour passer l’été à m’entraîner pour être le leader de l’équipe.» En effet, pas moins de cinq joueuses, dont Blanca Millan, ne seront plus là l’an prochain. Mais le challenge ne semble pas faire peur à l’étudiante en psychologie. Qui regarde plus haut. Tout en haut. Du côté de la WNBA : «Même si je sais que c’est quelque chose de très difficile, c’est vraiment mon objectif. Mais pour aller en WNBA, il faut faire de très bonnes saisons, avoir de très bonnes stats afin d’être repérées. Souvent, il s’agit de filles qui évoluent dans des très bonnes Conférences, dans les meilleures équipes du pays et qui vont loin en March Madness.»
On l’aura compris, le défi est de taille. En effet, selon certains classements, son université ne pointe qu’au 80e rang sur le plan national. Mais cela tombe bien, c’est exactement le moteur d’Anne Simon. Sera-t-elle la première Luxembourgeoise dans la meilleure ligue du monde? Même si on n’en est évidemment pas encore là, le simple fait de ne pas s’interdire d’y penser en dit long sur le mental de l’athlète. Et rien que pour cela, on ne peut que l’applaudir.
Romain Haas
Dimanche 7 : demi-finales America East UMaine – Albany