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En Autriche, des millions de tests pour éviter une troisième vague


"Nous voulons aller encore plus haut", insiste le ministère de la Santé, caressant l'espoir que "60 à 70% de la population de 8,9 millions d'habitants se fasse dépister deux, voire trois fois, par semaine" (photo : AFP).

L’Autriche, prise au dépourvu à l’automne par la seconde vague, a cette fois pris les devants: avec 3 millions de tests par semaine, dont la moitié dans les écoles, ce petit pays s’érige désormais en champion de l’exercice.

Plus de 500 centres dédiés, 900 pharmacies et un millier d’entreprises proposent des dépistages gratuits du coronavirus (PCR et antigéniques), tandis que l’ensemble des élèves se soumettent eux-mêmes au rituel, deux fois par semaine.

L’approche avait initialement peu rencontré d’écho quand les premiers sites avaient été mis sur pied, en plein confinement de décembre: « des tests de masse sans foule », titraient les journaux.

Mais elle s’est accélérée début février, au moment de l’assouplissement des restrictions, et les attitudes ont commencé à changer, par la force des choses.

Car il faut maintenant présenter un test négatif de moins de 48 heures chez le coiffeur, dans certaines stations de ski ou à l’entrée des maisons de retraite.

« Deux, trois fois par semaine »

« Notre stratégie est d’avoir une fréquence élevée de tests et de les rendre faciles d’accès », explique Katharina Reich, médecin en chef au sein du ministère de la Santé. « C’est le seul moyen de garder la pandémie sous contrôle », dit-elle, alors que les variants inquiètent et que la vaccination n’avance qu’à tous petits pas.

L’Autriche administre ainsi 24 tests quotidiens pour 1.000 habitants (sur la moyenne des 7 derniers jours), contre à peine 5 en France et moins de 2 en Allemagne, ce qui la place dans le peloton de tête au niveau mondial, selon les estimations du site d’analyse Our world in data.

« Nous voulons aller encore plus haut », insiste Mme Reich, caressant l’espoir que « 60 à 70% de la population de 8,9 millions d’habitants se fasse dépister deux, voire trois fois, par semaine ».

Outre ce dispositif de grande ampleur, les résidents pourront se procurer à partir du 1er mars des tests à effectuer à domicile.

« C’est notre seconde arme dans la lutte contre le Covid-19, en attendant que la majorité de la population soit vaccinée », souligne la responsable du ministère.

Monika Redlberger-Fritz, responsable du centre de virologie de l’Université de Vienne, confirme « l’importance » de tests réguliers, tout en appelant à ne pas baisser la garde: « vous ne pouvez pas pour autant vous jeter dans les bras de votre grand-mère », avertit-elle.

Bientôt au restaurant ?

Cette stratégie, en particulier en milieu scolaire, est suivie avec intérêt par les voisins tchèques et allemands.

Depuis la réouverture des écoles le 8 février, les enfants reçoivent un kit, composé d’un simple coton-tige à tourner dans chaque narine.

Si le procédé, qui livre ses résultats en 15 minutes, n’est pas aussi fiable qu’un test PCR, il permet tout de même de limiter les contaminations, selon le ministre de l’Education Heinz Fassmann, qui assure que les réfractaires, privés de cours, sont très peu nombreux.

En classe ou ailleurs, les Autrichiens se plient bon gré mal gré à cette obligation pour retrouver un peu de liberté, sur fond de lassitude face aux mesures sanitaires.

Sasha peste à la sortie d’une pharmacie de Vienne. « C’est pénible », confie le jeune homme de 21 ans, qui déplore tout ce temps perdu pour avoir le droit de se faire couper les cheveux.

Mais d’autres sont plus enthousiastes. « Le gouvernement devrait généraliser l’idée: avec mon résultat négatif, j’aimerais pouvoir aller manger un plat ou prendre un café avec des amis », suggère Yveta Unzeitig, habituée à se faire tester dans le cadre de son travail dans une maison d’édition.

« Nous nous sentirions plus en sécurité et nous pourrions retrouver une vie normale », abonde sa fille Yvonne.

Les hôteliers et restaurateurs s’étaient montrés réticents à l’origine. Aujourd’hui, ils sont tentés par l’expérience dans l’espoir d’être autorisés à rouvrir avant l’échéance de Pâques.

Reste à voir si ce coûteux pari permettra d’endiguer la pandémie dans les semaines à venir, alors que le nombre de nouveaux cas reste élevé, au-delà du millier chaque jour.

AFP

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