Pour de nombreux scientifiques, les sportifs devraient, dès que possible, montrer l’exemple et se faire vacciner. Qu’en pensent-ils ?
Le 24 novembre, dans les colonnes du journal L’Équipe, Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du comité français scientifique Covid-19, se disait favorable à la vaccination des sportifs professionnels. Selon lui, ces derniers pourraient «servir de modèle à un large public» quelque peu méfiant. «Si les sportifs, qui ont valeur d’exemple, notamment auprès des jeunes, se font vacciner, ça pourrait inciter une partie de la population à les imiter.» Questions : les sportifs de haut niveau ont-ils un rôle d’exemplarité à jouer ? Et, si oui, sont-ils prêts à l’assumer ?
Pour faire le tour de ces questions, Le Quotidien est allé sonder plusieurs acteurs du sport luxembourgeois. S’ils ne sont pas tous professionnels – statut quelque peu abscons au Grand-Duché – ils jouissent néanmoins d’une réputation, d’une exposition médiatique et donc d’une certaine aura dans le paysage sportif grand-ducal pour entendre leur avis sur ces questions. Témoignages.
Le sujet est sensible. À son évocation, les premiers mots des personnes interrogées sont à peu près toujours les mêmes. «Ah! Bonne question», «Pfff… c’est compliqué…» ou un «Alors, comment dire…» Une prudence dans le ton et dans les mots induisant une opinion semble-t-il largement répandue : Le vaccin ? Non merci. «Que les personnes âgées se fassent vacciner parce qu’elles sont plus fragiles, je le comprends, confie Dany Scholten, ailier droit du HC Berchem. Mais pour quelqu’un de mon âge, je n’en vois vraiment pas l’intérêt.» Cette position, partagée par Nikola Malesevic, sélectionneur de l’équipe nationale («Au vu des statistiques et les tranches d’âge des personnes qui sont victimes de ce virus, je ne me ferai pas vacciner»), relève davantage d’une méfiance à l’égard des vaccins élaborés en urgence par les géants de l’industrie pharmaceutique qu’à de l’égoïsme dont d’aucuns se hâteront peut-être de les accuser : «Dans deux ou trois ans, poursuit d’ailleurs Malesevic, quand on aura davantage de recul sur les effets secondaires, pourquoi pas…»
Le manque de recul associé à des directives parfois peu compréhensibles et un sentiment du «on-ne-nous-dit-pas-tout» (à ne pas confondre avec le complotisme), voilà sans doute le cœur du problème. «En Serbie, deux ou trois associations de retraités se sont retrouvées dans la capitale pour manifester. Leur slogan se résumait à « on sait quel risque l’on prend si l’on ne se fait pas vacciner. C’est notre choix alors laissez-nous vivre ». Les médias n’en ont pas parlé», fait remarquer Nikola Malesevic avant de poursuivre : «On nous dit que la vaccination ne sera pas obligatoire et, en même temps, on voit qu’elle sera indispensable afin de se rendre dans tel ou tel pays. Bref, d’une certaine manière et indirectement, cela ressemble à une obligation…»
Je ne suis pas du tout favorable à ce que l’on force les gens à se faire vacciner
Surtout, en ce qui le concerne, si d’aventure il devait se rendre avec son club de Dudelange ou avec l’équipe nationale dans certains pays. Ainsi, Israël, que le Luxembourg doit affronter en mars à la Coque lors des qualifications du Mondial, a d’ores et déjà vacciné 20% de sa population et s’active à l’instauration d’un passeport vert, valable trois jours après test PCR négatif et six mois après vaccination. Sésame indispensable pour se voir ouvrir les portes des restaurants et des salles de sport. Cette mesure fait des émules et certains responsables politiques européens en ont vanté les mérites. «Je ne suis pas du tout favorable à ce que l’on force les gens à se faire vacciner», estime Tom Majerus. Manager du HC Berchem, l’ancien international estime que cette démarche doit se faire «de son plein gré» : «On nous dit qu’on a le choix mais j’imagine aisément que si l’on ne le fait pas, il pourrait être difficile de participer à certaines manifestations. Moi, par exemple, j’assiste souvent à des festivals de musique. Est-ce que j’aurai le droit d’y aller sans être vacciné ? J’en doute. Mais j’espère qu’on trouvera une autre solution. Comme par exemple les tests rapides…»
À force de s’être entendu dire qu’il fallait éviter de confondre vitesse et précipitation, le sportif n’a pas envie de se retrouver le nez dans le guidon. Positif au Covid-19 en octobre, Vincent Dias dos Santos se veut clair : «Je ne me ferai pas vacciner, c’est hors de question!» S’il assume parfaitement sa position, l’ancien champion national de cyclo-cross se dit qu’il aurait peut-être fait une exception pour un grand évènement : «Pour un Mondial ou des Jeux olympiques, oui je l’aurais peut-être fait…» Une question qui ne se pose plus pour celui qui vient juste de mettre un terme à sa carrière. Trois mois après sa contamination, Vincent Dias dos Santos assure ne pas avoir récupéré toutes ses sensations. «Je roule, je suis bien mais je suis à 80%. Si je devais participer à une compétition, ce serait limite», confie le Luxembourgeois qui a eu vent de certains rapports sur les séquelles (grosse fatigue, essoufflement inhabituel, douleurs musculaires) ressenties par une certaine proportion des patients (NDLR : les deux tiers selon une étude effectuée en Chine et publiée récemment dans la revue The Lancet) six mois après leur hospitalisation. «Oui, j’ai vu ça. Je suis dedans…»
De son côté, Kamil Rychlicki ne se pose pas encore la question de la vaccination. «Pour l’instant, on n’en parle pas et je ne me suis pas encore posé la question», assure l’international luxembourgeois meilleur marqueur (23 pts) lors de la victoire de son Lube Civitanova, dimanche, à Milan (2-3). «Je n’ai pas vraiment de position sur le sujet. Peut-être que j’y penserai quand l’occasion de se faire vacciner sera devant moi.» Pour Nikola Malesevic, cette histoire de vaccination le fait remonter quelques années en arrière. À l’époque où il faisait parler son talent sur les parquets du championnat de France : «Tous les ans, je me faisais vacciner contre la grippe. Pourquoi ? Parce que c’était dans mon contrat…» Le fait-il encore ? «Non. J’ai arrêté quand j’ai arrêté ma carrière professionnelle.»
Ne pas se faire vacciner revient à prendre le risque de se faire contaminer. «Pas sûr que le vaccin fasse disparaître le virus…», estime Tom Majerus. Cette perspective, certains scientifiques l’évoquent depuis le printemps dernier. Jeudi, le PDG français du laboratoire américain Moderna, Stéphane Bancel, a déclaré que le SARS-CoV-2 allait devenir une maladie endémique. «On n’est pas prêt de revoir 80 000 personnes dans un stade…»
Charles Michel
Les jeunes ne risquent rien (encore moins les sportifs). Les vacciner est de la com, rien que de la com.
Quant à la contagiosité ou non des vaccinés, on n’en sait rien, pour le moment.
Tout ds le muscle. Rien ds la tête!