Condamnation historique pour ArcelorMittal, qui écope d’une forte amende après un énième épisode de pollution de la rivière Fensch en août 2019. La cokerie, à l’époque incriminée pour ses défaillances, a depuis cessé ses activités, mais le jugement marque un tournant.
Pas de commentaire. Dans la salle des pas perdus du tribunal de grande instance de Thionville ce mardi 5 janvier, le directeur de l’établissement ArcelorMittal Florange esquive toute tentative d’interview. Le dirigeant et le responsable sécurité et qualité de l’ancienne cokerie viennent pourtant d’être mis hors de cause dans les épisodes de pollution de la Fensch de mars et août 2019 qui leur étaient attribués.
En revanche, ArcelorMittal est condamné à 150 000 euros d’amende pour «déversement d’une substance nuisible dans les eaux souterraines» le 12 août 2019 et «exploitation d’une installation classée non conforme à une mise en demeure» sur une période courant du 2 août au 27 novembre 2019. ArcelorMittal devra également verser 5 000 euros aux associations France Nature environnement et Lorraine Nature environnement, qui s’étaient constituées parties civiles.
Ce même jugement relaxe l’industriel pour la pollution de la rivière constatée le 8 mars 2019. À cette date, un rejet massif d’hydrocarbures avait saturé l’air ambiant d’une odeur nauséabonde. Comme ce fut le cas chaque fois que la vieille cokerie, fermée depuis, faisait des siennes.
Une première et une satisfaction
La Ville de Florange et la communauté d’agglomération du Val de Fensch, à l’origine de la plainte, prennent acte d’une décision historique. Rémy Dick, maire de Florange, dit sa «grande satisfaction» et nuance : «Malgré des relations fortes et permanentes face aux enjeux communs de développement du site ArcelorMittal de Florange, les élus ont fait le choix de ne pas faire de compromis face aux pollutions et de mettre le cadre de vie des habitants au cœur de l’action publique.»
«Cette condamnation me paraît juste et équilibrée», souligne de son côté Michel Liebgott, le président du Val de Fensch. «Elle fait d’ArcelorMittal un justiciable comme les autres.» La forte amende est «une condamnation en bonne et due forme : il y avait clairement une absence de volonté du groupe d’investir dans la cokerie, des négligences et des abus. Mon seul regret, c’est que les autres épisodes de pollution – et quand il y en a sept ou huit par an, ce ne sont pas des accidents – n’ont pas été pris en compte par la justice. Mais cette condamnation lourde vaut pour toutes les autres.»
ArcelorMittal n’a pas encore réagi à ce délibéré.
Chrystelle Folny et Joan Moïse (Le Républicain lorrain)