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Couvre-feu à Thionville : les commerçants font une croix sur la clientèle frontalière


L’affluence devrait connaître un coup d’arrêt avec ce couvre-feu renforcé, dans une ville qui dépend en partie de la clientèle frontalière (Photo RL /Philippe Neu).

Une mauvaise nouvelle, une de plus à l’aube d’une nouvelle année qu’ils espéraient débuter sous le signe du renouveau. Le couvre-feu, avancé en Moselle à 18h à compter de ce samedi 2 janvier, ne fera pas les affaires des commerçants thionvillois. Lesquels font déjà le deuil de la clientèle frontalière…

« Aujourd’hui, je vais faire quelques courses. Mais même si je les soutiens depuis le début, les commerçants du centre-ville ne me reverront pas avant un petit moment… » Agacé, ce passant thionvillois. Et amer en ce début d’année placé sous le signe d’un couvre-feu plus musclé en Moselle. Ce ressenti, teinté d’une note de fatalisme, habite les acteurs de la vie économique thionvilloise. « Janvier, c’est un mois important avec les soldes et les ventes privées », rappelle Christelle Brice. À la tête du magasin de vêtements pour femmes Caroll, elle a déjà fait une croix sur la clientèle d’after work : « Clairement, on ne verra pas les clientes qui ont l’habitude de venir en rentrant du travail. Le timing est trop serré pour respecter cet horaire de 18 h. Heureusement, nous sommes depuis toujours ouverts durant la pause méridienne. »

« Ouvrir plus tôt »

« Je m’adapte. De toute manière, nous n’avons pas d’autre choix… » Joefrey Locarini n’oubliera pas de sitôt le début de son aventure dans l’entreprenariat. Cet ancien employé dans la finance au Luxembourg a ouvert sa boutique, Rétro supply rue de Paris, neuf jours avant le début du deuxième confinement. Il a profité de la deuxième quinzaine de septembre pour respirer et se faire un nom. Et voilà qu’un nouvel écueil ralentit encore son développement. Ses armes pour adoucir les effets de ce couvre-feu ? « Ouvrir une demi-heure plus tôt en matinée. Et faire la promotion de mes produits sur les réseaux sociaux. »

Ses sneackers collectors, dont les prix peuvent atteindre les 500 €, attirent une clientèle qui dépasse les seules frontières thionvilloises. Pas simple, dans ce contexte où chaque minute est désormais comptée en fin de journée, de draguer ces acheteurs originaires de Metz, des communes frontalières et même du Luxembourg : « Pas mal d’employés frontaliers sont tout de même encore en télétravail. Peut-être trouveront-ils un petit créneau en matinée pour venir en ville », espère-t-il.

« Un vrai plaisir »

Un sourire, un très large sourire se devine sous le masque de Véronique. La directrice adjointe de Marionnaud, parfumerie lovée dans la galerie du centre commercial La Cour des Capucins, s’efforce de rester positive : « Le mois de décembre a été très bon. Le groupe est satisfait des résultats du magasin à Thionville », évoque la responsable. Avant de se tourner vers un avenir plus incertain : « Forcément, l’affluence en fin de journée sera ces prochains temps moins soutenue. Mais le point positif, c’est que nous pourrons accorder plus de temps à la relation clientèle. » Ce message, parfumé de bons sentiments, suffira-t-il à endiguer l’essor de la concurrence sur internet ?

Jean-Michel Cavalli (Le Républicain Lorrain)

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