Accueil | Economie | Finance : l’Aleba mise sur la continuité

Finance : l’Aleba mise sur la continuité


Laurent Mertz, le secrétaire général de l'Aleba, dit avoir pris ses responsabilités pour assurer l'avenir des employés de la place financière (Photo : Didier Sylvestre).

Le syndicat explique son initiative ayant mené à un accord de principe sur la reconduction de la convention collective du secteur financier pour trois ans.

La convention collective dans les secteurs de la banque et de l’assurance a été reconduite pour trois ans et s’appliquera jusqu’en 2023. À l’initiative de l’Aleba, le syndicat du secteur financier, l’option de reconduire les acquis semble avoir ravi l’ensemble des acteurs. Il faut pourtant se rappeler qu’en 2018 il a fallu pas moins de 18 mois de négociation pour trouver un terrain d’entente entre, notamment, les banques et les syndicats. Ce long épisode avait débouché sur une convention collective résolument moderne.

Face à la situation sanitaire et économique du moment et même si le secteur de la finance n’est pas le plus touché, le choix d’éviter un nouveau bras de fer interminable a été fait. Du côté du patronat, l’Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL) et l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (ACA) ont donc accepté l’initiative de l’Aleba. D’autant plus que, même si l’on parle d’une reconduction, il a été procédé à quelques ajustements. Notamment, la renonciation à une augmentation de salaire en 2021 afin de tenir compte du climat économique du moment. Toutefois, «une enveloppe de 1 % par année sera prévue pour 2022 et 2023». Si certains y verront une défaite syndicale, l’Aleba n’est pas de cet avis.

«Nous avons pris nos responsabilités pour assurer l’avenir, affirme Laurent Mertz, le secrétaire général de l’Aleba, qui a capitalisé sur la modernité de la précédente convention collective. C’est effectivement une reconduction de la convention collective. Elle va permettre aux employés du secteur de profiter de conditions d’employabilité, de rémunération, de formation, etc., pendant trois ans. Nous avons pris nos responsabilités et en affirmant que, finalement, il valait mieux reconduire ce contrat qui offre des niveaux de rémunération très élevés, un volet qualitatif très important sur les jours de repos, les congés extraordinaires, mais aussi une enveloppe pour les formations qui va de 1 % à 1,5 % de la masse salariale.» Effectivement, l’un des points essentiels de cette reconduction a été le maintien des enveloppes budgétaires destinées à la formation et donc à l’employabilité des travailleurs œuvrant dans la place financière, qui elle aussi connaît des modifications de l’emploi sous l’effet de la digitalisation. Un phénomène qui devrait d’ailleurs se poursuivre dans un futur proche. Autre satisfaction, mais pour le secteur de l’assurance, le maintien de primes de conjoncture identiques à celles de 2020 pour les trois années à venir et de primes extraordinaires.

Le secrétaire général de l’Aleba défend les modalités de cette reconduction en mettant en exergue certaines situations très difficiles dans d’autres secteurs dans le pays. «Au niveau de l’économie grand-ducale, dans un grand nombre de secteurs, il y a quand même beaucoup de craintes, de chômage partiel, de faillites. Il suffit de regarder Luxair avec 600 personnes touchées. Dans la situation actuelle compliquée en lien avec la crise sanitaire, tant le patronat que les syndicats doivent prendre leurs responsabilités», affirme Laurent Mertz.

Le télétravail au niveau national

Alors que la crise inédite du moment a parfois permis de faire bouger les lignes, l’Aleba a jugé bon de s’en remettre à un traitement à l’échelon national de certains dossiers qui ne sont pas spécialement encadrés par la convention collective sectoriel, comme, par exemple, le télétravail et le droit à la déconnexion. «Aujourd’hui, au niveau du secteur financier, qui représente 11 % de l’emploi au Grand-Duché, la grande majorité des employés est en télétravail, constate Laurent Mertz. C’est un télétravail unique, forcé et tout à fait particulier. Le télétravail irrégulier, en temps normal, d’un ou de deux jours à la maison, est encadré par une convention négociée récemment par les syndicats nationaux sur la base de l’avis du Comité économique et social. En l’occurrence, nous n’avons pas été consultés sur le sujet, mais c’est un détail. Cette convention sur le télétravail est un très bon accord selon notre point de vue. Donc, ce point-là est réglé.»

Le secrétaire général de l’Aleba poursuit : «Pour le droit à la déconnexion, je sais là aussi que des choses vont également bientôt voir le jour, toujours sur la base du travail du Comité économique et social. Donc, les choses avancent et en plus au niveau national et non pas juste sectoriel. Alors effectivement, on peut toujours aller plus loin. Il faut bien se dire qu’il y a certes une crise sanitaire et économique, mais que le secteur financier va faire face à d’autres défis en même temps, comme la digitalisation qui fait craindre pour l’emploi. Il y a des marges de profit qui se réduisent du fait d’un contexte régulatoire de plus en plus pressant et donc qui impacte par défaut les structures de résultats et de revenus. C’est très compliqué pour le moment.»

Laurent Mertz l’assume : «Je ne suis pas à la recherche de solutions novatrices : je veux trouver des solutions pour avancer sur des garanties à propos de ce qui existe aujourd’hui au niveau de la rémunération et du volet qualitatif.» Le syndicaliste a donc privilégié la sécurité des acquis à l’incertitude d’un bras de fer. «Négocier, puis aller jusqu’au conciliateur, c’est aussi prendre un risque», termine-t-il.

Jeremy Zabatta

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.