Lancé par la défaite contre le Liechtenstein, ce mois d’octobre s’est brillamment terminé. Plus besoin de parler des perspectives d’avenir au futur. C’est l’immédiat, désormais, qui est excitant.
On ressort émoustillé de cette semaine internationale d’octobre. Pas à cause du niveau de jeu, un cran en dessous de ce que les Roud Léiwen nous avaient montré en septembre, mais pour ce froid réalisme qui accouche de plein de perspectives neuves. Bilan.
1) Il y a de la maturité chez ces jeunes
Être en difficulté toute une mi-temps contre Chypre et ne rien céder, tout autant qu’être mené et inverser le cours d’un match à l’extérieur sur un terrain qui ne vous est pas favorable, indique une évidence : cette équipe passe le cap. Celui qui sépare les groupes qu’on peut dire d’avenir de ceux qui ont déjà le métier suffisant pour faire des résultats. Il y a un an de ça, en novembre 2019, Leo Barreiro indiquait, après une défaite 0-2 contre le Portugal qu’«un jour, on va gagner contre des nations comme ça». On n’en est peut-être plus très loin, en effet.
2) Des systèmes qui rendent illisible
Déjà avant le coronavirus, le Grand-Duché changeait souvent, mais là, c’est le pompon. 4-1-4-1 à Bakou avec Gerson Rodrigues à gauche, re-4-1-4-1 avec Danel Sinani en pointe à l’aller face au Monténégro, une sorte de 4-3-3 avec l’incorporation de Mica Pinto à gauche et retour de Gerson dans l’axe contre Chypre, 4-4-2 pour le retour face aux Monténégrins avec une association inédite Sinani-Muratovic dans l’axe. Comment voulez-vous vous y retrouvez quand vous affrontez le Luxembourg et devez par exemple déterminer si Sinani surgira de la deuxième ligne ou pas, savoir si votre arrière droit aura un duel de titans à livrer contre Gerson Rodrigues ou pas?
3) Mica Pinto est déjà bien dans le coup
C’était l’une des questions que nous posions avant cette semaine internationale : pourrions-nous mesurer lors de ses premières capes l’impact de son arrivée chez les Roud Léiwen. La réponse est mille fois oui. Sur le mois écoulé avant le Liechtenstein, il était le deuxième joueur luxembourgeois le plus utilisé en club, en termes de temps de jeu. Et même très fatigué, il a immédiatement répondu présent, d’abord à un poste qui n’est pas le sien, devant Carlson, puis sur 90 minutes extrêmement brillantes à gauche de la défense, face au Monténégro. Hier, au Findel, certains lui ont fait un gros câlin alors que tout le monde se séparait. Il est déjà adopté!
4) Danel Sinani, arme de destruction massive
Si l’aura de star de cette équipe appartient encore à Gerson Rodrigues, le joueur qui fait peur à tous les sélectionneurs qui affrontent le Grand-Duché, Sinani, fort de son pied gauche létal, est clairement devenu un titulaire indiscutable en ce mois d’octobre. Trois buts en deux matches l’ont conduit au sommet des meilleurs buteurs de la Ligue C et à six réalisations pour les Roud Léiwen. À 23 ans, le voilà déjà juste derrière un Louis Pilot ou un Ady Schmit. Mais plus important, il continue de prouver, au-delà de son doublé contre le FC Séville l’automne dernier et de son arrivée dans le monde pro, qu’il peut faire très mal à n’importe qui, n’importe quand. Un deuxième atout de classe internationale en pointe.
5) La profondeur de banc pose quand même question
L’unité de ce groupe n’est pas de façade et les intérêts personnels ne semblent pas (encore) de nature à perturber ce bel équilibre. Il y a là une aventure humaine qui s’écrit et transcende les destinées individuelles. Certains, pourtant, doivent se poser des questions aujourd’hui. Après le Liechtenstein, Luc Holtz a choisi de remplacer Vahid Selimovic (sorti blessé) par Laurent Jans contre Chypre, puis a recentré Carlson plutôt que de confier le rôle de binôme de Lars Gerson à un spécialiste du poste comme Hall ou Malget. Voire le reconverti Delgado, venu pour apporter de la concurrence au poste. Cela en dit long. Tout autant que le raté des remplaçants habituels face au Liechtenstein en ouverture de cette semaine, qui va forcément laisser des traces : derrière un onze de base costaud et malgré trois ou quatre remplaçants dans le ton, certains doivent encore se mettre au niveau.
6) La température ne va pas retomber, loin de là
Tout le pays attend désormais avec impatience le début de la Ligue des champions pour voir Gerson affronter la Juve, en début de semaine prochaine (même si le Covid a frappé la Vieille Dame et que des doutes subsistent sur la tenue de ce match). Mais dans la foulée, Laurent Jans va découvrir ce monument qu’est le Standard de Liège en affrontant les Rangers en Europa League, jeudi, pendant que Kiki Martins accueillera la Roma avec les Young Boys (s’il le peut, physiquement).
Au Portugal, Vincent Thill va défier Braga, valeur sûre de la Primeira Liga. Le Sparta de Pinto a lui un derby contre le Feyenoord au menu, tandis que Barreiro défiera Leverkusen. Vous en doutiez? Les Roud Léiwen ont vraiment changé de dimension !
Julien Mollereau