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Xavier Bettel : «Notre monde est profondément un»


Le discours de Xavier Bettel à l'Assemblée générale des Nations unies a été diffusé sur des écrans géants aux différents représentants des pays présents. (Photo : Twitter Xavier Bettel)

En tant que chef de gouvernement d’un État membre de l’ONU, Xavier Bettel a pu prononcer un discours lors de l’Assemblée générale de l’institution. Il y a souligné l’importance du multilatéralisme.

Comme chaque année au mois de septembre, l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) s’est réunie cette semaine à New York. Mais l’ambiance n’avait rien de très festif alors que l’institution fête ses 75 ans. Covid-19 oblige, les chefs d’État ont préféré briller par leur présence virtuelle que d’assister en personne à cette réunion. Une première. Cela a également été le cas de Xavier Bettel. Notre Premier ministre, à l’instar de ses homologues, avait lui aussi préenregistré un message qui a été diffusé à une assemblée de diplomates.

Dans son discours fort marqué par l’actualité liée à la pandémie du Covid-19, le Premier ministre a mis l’accent sur l’impact que celle-ci a eu sur tout un chacun : «Nous sommes confrontés à une situation d’urgence planétaire. La crise a frappé de façon quasi concomitante toutes les régions du monde. Elle a été accompagnée de limitations des libertés publiques, d’un retour des frontières, d’une remise en question des acquis de la liberté des échanges commerciaux et de l’intégration économique ainsi que d’une mise à l’épreuve sans précédent des systèmes de soins publics et privés, sans parler des questions éthiques auxquelles nombre d’entre nous n’avaient plus été confrontés depuis des lustres.»

Mais tout n’a pas été noir durant cette crise. Xavier Bettel s’est également réjoui de la coopération qu’il dit avoir pu constater au niveau international entre acteurs étatiques et institutionnels : «Nous avons aussi vu de très nombreux exemples concrets de solidarité entre les pays et les peuples. Je pense ici aux évacuations médicales. La rupture des chaînes d’approvisionnement et les obstacles à la circulation, notamment de matériel de protection, ont également posé un défi important. À cet égard, je voudrais remercier les États qui nous ont aidés à acquérir des matériels de protection au plus fort de la crise.»

Cependant, le Premier ministre s’est montré soucieux des tendances de repli sur soi et des montées d’autoritarisme : «La crise du Covid a exacerbé les tentations de réduire les libertés publiques au-delà de ce qui était nécessaire. Dans de nombreuses régions et de nombreux États, l’espace civique se réduit comme peau de chagrin. La répression des opposants ou des défenseurs des droits de l’homme devient monnaie courante», a noté le Premier ministre avant d’ajouter : «Nous sommes inquiets face à la montée de l’autoritarisme dans toutes les régions du monde. Ceci se conjugue souvent avec la montée des discours populistes simplistes, voire antiscientifiques ou irrationnels. L’autoritarisme nourrit les conflits en même temps qu’il en vit.»

«L’action isolée, un risque pour tous»

Pour conclure, le Premier ministre a mis en garde contre toute tendance de remise en cause du multilatéralisme qui participe à «cette montée des périls. Pour notre part, le Luxembourg adhère à un ordre international basé sur la règle de droit et la souveraineté des États; il n’y a pas de contradiction entre les deux. L’Organisation des Nations unies est l’enceinte faîtière du système international et, comme telle, la garante du multilatéralisme. Dans notre monde globalisé et interdépendant, l’action isolée, non concertée, constitue un risque pour tous, y compris pour ceux qui ne se sentent pas liés par la règle commune. La crise du coronavirus est là pour nous le rappeler de la façon la plus claire et évidente qui soit.»

Cette semaine de haut niveau de l’assemblée générale a débuté mardi passé. Les discours de 193 chefs d’État ont été ou doivent encore être diffusés. Cette situation unique, alors que l’Assemblée générale des Nations unies est d’ordinaire l’occasion pour eux de participer activement au débat général et de multiplier les réunions formelles et informelles, a inspiré Xavier Bettel. «Les circonstances particulières qui entourent cet anniversaire nous rappellent à quel point notre monde est profondément un, à défaut d’être toujours uni. Tous ces défis sont liés. Nous ne parviendrons à les relever qu’en joignant nos forces, nos ressources et nos volontés», a-t-il indiqué, abondant dans le sens du multilatéralisme prôné par l’institution. «Même s’il peut paraître lent par moments et si nous devons continuer de le rendre plus efficace, il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme. Nous ne sommes pas maîtres de l’avenir, mais nous serons à la hauteur des enjeux si nous agissons ensemble, en coopérant de bonne foi au sein des Nations unies.»

Ce lundi, Xavier Bettel assistera au «Leaders Event on Nature and People» lors duquel sera présenté le «Leaders’ Pledge for Nature» dont le but est d’engendrer un engagement politique plus ambitieux dans le domaine de l’environnement et du climat. Il prendra également la parole, mercredi, au sommet sur la biodiversité dont l’objectif est de créer une nouvelle dynamique pour renforcer et accélérer l’action en faveur de la biodiversité, pour souligner «ce que la pandémie nous a brutalement rappelé, ce qui était toujours vrai, mais ce que certains avaient perdu de vue : que nous dépendons de la nature et de ses aléas». Il mettra l’accent sur trois domaines d’action prioritaires : renforcer l’interface entre science et politique, renforcer l’action multilatérale et faire évoluer les systèmes financiers et économiques.

Sophie Kieffer

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