Opération à cœur ouvert

Les grandes manifestations sont rares au Luxembourg. On se rappelle la manifestation qui avait réuni 30 000 personnes le 16 mai 2009 à Luxembourg. Plus récemment, on aura vu quelque 10 000 élèves et lycéens venir faire grève pour le climat en date du 15 mars 2019.

Dans cette liste, il ne faut pas oublier les 9 000 militants du secteur des soins, de la santé et du socio-éducatif réunis le 4 juin 2016 place des Martyrs. Ils étaient venus faire pression sur le camp patronal se refusant à revaloriser leurs carrières. La démonstration de force n’aura cependant pas suffi. Douze mois plus tard, aucun accord n’avait encore été scellé.

L’OGBL n’avait pas hésité à lancer la procédure pour faire grève. C’est uniquement à ce moment-là que le patronat, également poussé par le gouvernement, s’était décidé à bouger. Nora Back, aujourd’hui présidente de l’OGBL, s’est fait les dents lors de ce bras de fer.

Trois ans plus tard, le retour à la table des négociations s’annonce. La crise sanitaire a permis au personnel soignant de gagner en estime. Pendant de longues semaines, ceux qui ont lutté en première ligne contre le coronavirus ont été chaudement applaudis par les citoyens. «L’importance du secteur des soins et du personnel qui le porte n’a encore jamais été aussi manifeste», estime Pitt Bach, l’actuel secrétaire central du syndicat Santé de l’OGBL.

Tout cela sera-t-il suffisant pour parvenir (rapidement) à une nouvelle convention collective dans le secteur hospitalier ? Les négociations doivent être lancées courant septembre. Il s’agira d’une opération à cœur ouvert. Le Covid-19 constitue toujours un défi majeur pour le personnel de santé, déjà exposé à une importante charge de travail.

Les syndicats revendiquent à juste titre une amélioration des conditions de travail. Une refonte de la formation du personnel soignant est un deuxième pas incontournable pour rendre à nouveau plus attrayant un métier qui manque de bras. Les remèdes sont connus, il reste à les appliquer.
David Marques