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Finances et économie : le Luxembourg face à un avenir incertain


Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, est venu présenter à la Chambre l'impact chiffré de la crise sanitaire sur l'économie et les finances publiques du pays (Photo : chambre des députés)

La Chambre des députés a débattu ce mardi des perspectives économiques et financières du pays. Malgré toutes les aides étatiques, l’impact de la crise du Covid-19 sera considérable. Un consensus semble néanmoins se dégager pour construire une société et économie plus durables se dégage. En même temps, toute hausse de l’imposition pour payer la note est rejetée.

Les chiffres bruts sont connus depuis une semaine. La croissance économique du Luxembourg devrait s’effondrer fin 2020 à -6 % par rapport à 2019. Le budget de l’État va se solder par un déficit sans précédent de 5 milliards d’euros. Le chômage va dépasser en 2021 la barre des 7 %. La crise sanitaire provoquée par le coronavirus place donc l’économie et les finances publiques du Grand-Duché face à un avenir incertain.

Ces premières projections, qui restent à considérer avec une prudence maximale, ont été transmis jeudi dernier à la Commission européenne. L’exercice annuel, souvent très technique, a donné lieu à un débat très large et varié, mardi, à la Chambre des députés. Les chiffres bruts du Programme de stabilité et de croissance (PSC) ont ainsi été agrémentés de critiques et réflexions sur la politique du logement, la politique fiscale, la transition écologique et numérique ou encore le système de pensions, éléments qui sont, eux, inclus dans le Plan national de réforme (PNR), deuxième document à transmettre à Bruxelles. Le difficile équilibre à trouver dans les mois à venir est d’assurer la relance économique sans perdre de vue de les efforts nécessaires (et coûteux) pour rendre la société plus durable.

La crainte d’une hausse des inégalités

Le paquet de stabilisation du gouvernement, passé de 8,8 à 10,4 milliards d’euros, reste l’arme principale pour amortir au mieux le choc économique et social de la crise sanitaire. «L’argent investi dans les entreprises et dans le maintien de l’emploi ne sont pas des dépenses à mes yeux mais bien un bon investissement pour le bien de l’ensemble de la société», résume le ministre des Finances, Pierre Gramegna, qui continue à assumer pleinement le confinement pour maîtriser l’impact sanitaire du Covid-19.

Le défi pour réduire l’impact sur l’économie et donc sur l’ensemble de la société est le prochain à relever, avec une crainte à la clé, formulée par le ministre de l’Économie, Franz Fayot : «J’ai peur que la crise n’ait pas uniquement des conséquences pour l’économie et les finances publiques. Elle risque aussi d’avoir un impact sur les inégalités et le risque de pauvreté. La pandémie touche en effet plus durement les plus faibles de la société.» Cela est d’autant plus vrai que l’objectif d’une réduction de la pauvreté, inscrite dans le PNR, n’a pas pu être atteint. «Il nous faut désormais mener une réflexion pour définir des objectifs ambitieux visant la cohésion sociale et une économie durable», lance Franz Fayot.

«Pas de retour au statu quo»

La grand majorité des partis représentés à la Chambre se disent disposés à accompagner le gouvernement sur ce difficile chemin. La condition : pas de hausses d’impôts pour financer la crise économique et sociale. Le ministre des Finances rejoint les députés sur ce point, avec la précision qu’il n’est pas opportun d’augmenter les impôts «dans une phase comme celle-ci». Pour le reste, il existe pas mal de divergences de vues sur la fixation des priorités.

«La maxime doit être d’offrir une chance à tout un chacun, sauver les entreprises menacées de faire faillite et éviter l’accroissement des inégalités sociales», souligne ainsi Gilles Roth (CSV). Le député fustige toutefois que l’«unité nationale», décrétée par le Premier ministre, Xavier Bettel, ait rapidement volé en éclats. Une discorde sur les mérites du CSV dans la gestion des finances publiques, ayant rendu possible que l’État dispose aujourd’hui d’une marge suffisante pour maîtriser aujourd’hui la crise, a accompagné le discours de l’élu chrétien-social.

Les représentants de la majorité, en l’occurrence André Bauler (DP), Claude Haagen (LSAP et François Benoy (déi gréng), ont rétorqué à Gilles Roth sur les finances publiques tout en mettant en avant le besoin d’une consommation plus locale (voyages compris), le maintien des emplois comme priorité absolue et le besoin absolu de ne pas perdre des yeux les objectifs climatiques. «Les aides ne doivent pas uniquement servir à revenir vers le statu quo. Il faut offrir des perspectives durables», martèle l’élu vert.

«Cela ne représentera pas la fin du monde»

L’ADR a lancé une mise en garde : «La fuite dans l’endettement n’est pas le bon chemin à suivre.» «Il faut se concentrer sur les missions clés de l’État, telles que le développement d’un fort système de santé, au lieu de de se payer des objets de prestige», lance Roy Reding.

Pour déi Lénk, le renforcement du pouvoir d’achat, un investissement «durable et ciblée» et la coopération transfrontalière doivent dominer dans les mois à venir. Le «sens unique» que représente la «politique néolibérale» serait à bout, constate avec satisfaction Marc Baum. Désormais, l’équité fiscale doit être atteint avec à la clé une plus forte imposition du capital devrait être le mot d’ordre. «Cela ne représentera pas la fin du monde mais sera un nouveau départ pour la construction d’un modèle économique et social plus durable», conclut le député eschois.

Les pirates estiment eux que le gouvernement n’a pas encore mis sur la table des «mesures suffisantes pour trouver des solutions aux problèmes existants». Sven Clement a en outre regretté que le ministre des Finances ait «omis de constituer des réserves lors de la bonne période. Aujourd’hui, l’arrosoir est vide».

David Marques

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