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[Confiné sans s’ennuyer] I Am Legend, de Richard Matheson (1954)


I Am Legend, ce chef-d'œuvre de la «SF» signé de l'Américain Richard Matheson, continue d'inspirer les esprits fertiles. (Photo : DR)

Petite sélection d’ouvrages ou de films sur les virus et autres pandémies à lire (ou voir) au chaud chez soi. Pour rire, se faire peur, ou simplement s’occuper. Aujourd’hui, le roman de science-fiction I Am Legend, de Richard Matheson (1954).

L’histoire : Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l’abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil… Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu’aux portes de sa demeure. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire…

Beaucoup se souviennent de Will Smith traînant sa classe négligée dans les rues totalement désertes de New York – un étrange parallèle avec nos villes au calme surréaliste aujourd’hui. Pour mémoire, cette version cinématographique d’I Am Legend était la troisième du genre, après 1964 (avec Vincent Price) et 1971 (avec Charlton Heston). Preuve, s’il en faut, que le roman signé de l’Américain Richard Matheson continue d’inspirer les esprits fertiles, bien que ces derniers prennent des libertés, disons faciles, avec ce chef-d’œuvre de la «SF». Rappelons ainsi que l’histoire se passe non pas dans la Grosse Pomme, mais à Los Angeles, et que son héros, Robert Neville, porte son statut de «légende» comme une croix trop lourde.

La fin d’un monde

Il est donc le dernier homme sur terre, se barricade la nuit et zigouille des vampires le jour quand ceux-ci font la sieste. Le reste du temps, il philosophe sur la pesante solitude, se remémore l’évolution de la pandémie et médite sur les soubresauts de l’Histoire. Pour alléger le spleen qui lui colle à la peau, il s’envoie aussi une quantité déraisonnable de whisky tout en écoutant à fond Beethoven ou Mozart. Ce n’est plus les voisins qui vont gueuler… Déjà en 1826, Mary Shelley (Frankenstein) imaginait une épidémie de peste frappant l’humanité à la fin du XXIe siècle dans le bien nommé The Last Man. Le dernier homme de Matheson, lui, est l’ultime représentant d’une espèce disparue, ne devant son salut – ou plutôt sa souffrance – qu’à une ancienne morsure de chauve-souris (le pangolin n’est jamais cité). Le maillon d’une chaîne anéantie, luttant en vain contre l’émergence d’une nouvelle société.

Et c’est là toute l’intelligence du livre : le héros, qui se pensait bon, n’est qu’un barbare, et les vampires, ses victimes. La «légende» invoquée ici tient donc au basculement, au passage de l’ancien à un nouveau monde. Mieux, à une rocambolesque fiction qui devient réalité, se jouant sous nos yeux en ces moments troublants. Comme dirait Robert Neville, «comme il est facile d’admettre l’invraisemblable, avec un peu d’habitude». Il ajouterait sûrement que demain sera un autre jour.
G. C.

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