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Sur la route des grands départs


Certains ont été contraints à des pauses forcées comme ce Parisien (2 et 3) pour cause de conduite dangereuse, tout comme Fabrice et Sylvie (5). Le procureur de Nancy et le directeur du cabinet du prefet (photo 6) proposaient des alternatives aux poursuites avant que les gendarmes ne sévissent. (Photo : RL/Alain Morvan)

Metz – La caravane du Tour de France est partie en même temps que celles des vacanciers. La police en a profité, samedi, pour lancer une opération prévention et répression entre Gye et le Luxembourg.

L’accent a été notamment mis sur la prévention. Les comportements dangereux sur la route ont été ciblés.

Descente de Zoufftgen, sur l’A31. Personne ou presque sur la route des vacances en ce premier jour des grands départs de l’été 2015, vers 9 h. Une demi-surprise, puisque la transhumance démarre en réalité de plus en plus tôt, dès le jeudi, et se prolonge jusqu’au dimanche.

À hauteur de Mondelange, gare aux excès de vitesse. Les hommes de la CRS autoroutière Alsace-Lorraine sont sans pitié à ce stade, comme l’explique leur commandant, Gabriel Schmitt, sur le terrain lors de cette opération zonale sur cet axe sensible du trafic Nord-Sud : «C’est graduel aujourd’hui. Répression ici, puis prévention à Toul et encore répression avec mes collègues gendarmes au péage de Gye.»

Alors que les chiffres de l’accidentalité ne sont pas très bons en Lorraine – à l’exception de la Meurthe-et-Moselle (12 morts contre 24 habituellement) –, l’été sur les routes commence donc sous très haute surveillance.

Voilà Metz. L’autoroute est ultrafluide. On dépasse déjà Lesménils où l’aire, remplie de camions, est comme évitée par les vacanciers. Arrive Champigneulles sous un soleil de plomb et un thermomètre intérieur qui dépasse les 37°; ça chauffe, ça brûle dans les habitacles, mais l’A31, si souvent au bord de l’asphyxie, respire plutôt bien.

Les va-comme-je-te-pousse à l’arrêt

La pause est de rigueur à Toul. Les CRS et leurs voitures banalisées immergées dans le trafic font des ravages. Excès de vitesse (de moins de 30 km/h), non-respect des distances de sécurité, manœuvres dangereuses, dépassements sans clignotant. De nombreux vacanciers ont été contraints de s’arrêter au village de la prévention où les automobilistes avaient droit à un deal inhabituel.

De 9 h à 17 h, à l’initiative du directeur de cabinet du préfet de Meurthe-et-Moselle, Michel Prosic, et du procureur de la République Thomas Pison, des alternatives aux poursuites étaient proposées aux conducteurs. Sur les 50 auteurs de petites infractions, 48 ont joué le jeu (lire ci-contre) alors que 112 autres ont été verbalisés pour des excès de vitesse qui ont culminé à 193 km/h au lieu de 110 km/h. «Dans ma tête, j’étais calée sur un long trajet à 130», témoigne Elisabeth, 39 ans, «mais avant le péage, c’est 110. Vous voyez, j’ai l’impression d’avoir gagné du temps. Mon fils de 17 ans, qui passe son permis l’an prochain, a participé comme moi aux ateliers de prévention. Vraiment bien.»

Elle s’en est d’ailleurs plutôt bien sortie aux tests des lunettes simulant l’alcoolémie ou la prise de drogues. «La voiture-tonneau rappelle l’utilité vitale de la ceinture, sujet sur lequel il y a du relâchement; le stand alcoolémie et stupéfiants montre bien à quel point les réflexes sont diminués lorsque les conducteurs sont sous influence. Les enfants ont leur piste vélo», résume Michel Prosic. Interdits depuis le 1er juillet, les kits mains libres et le téléphone au volant sont verbalisés plein pot.

Une famille originaire de Bruxelles renâcle – «les vitesses, ça change tout le temps en France» – mais accepte finalement d’écouter les messages de prévention avant de repartir vers le Sud.

Fabrice, 50 ans, et Sylvie, 47 ans, qui se rendent à Saint-Dizier voir leurs enfants, roulaient trop près de la voiture qui les précédait. «Contre 3 points et 135 euros, on préfère l’atelier. Et puis, ça fait une piqûre de rappel, par exemple, pour éviter de conduire après avoir bu», tranche Fabrice en remontant dans sa berline.

Escorté par les policiers, ce jeune conducteur parisien dans sa sportive noire a multiplié les infractions. Excès de vitesse, manœuvres dangereuses. Il accepte le deal sur-le-champ. «Sinon, j’y laisse mon permis», souffle-t-il discrètement à un des CRS. Il sera néanmoins verbalisé pour partie. «Les autres automobilistes nous félicitaient de l’avoir arrêté en levant le pouce à notre passage», explique le pilote d’un des véhicules banalisés des CRS. Thomas Pison, procureur de Nancy : «Il faut savoir protéger les gens contre eux-mêmes avec un bon équilibre prévention-répression.»

La caravane reprend son cours. Sans accroc ni frénésie. À Gye, les gendarmes et la Dreal font la chasse aux chargements excessifs. «Dans la matinée, on a relevé six infractions, avec des dépassements de moins de 500 kilos. Certains ont laissé une partie de leurs affaires dans une poubelle, près du péage», raconte le major Clément, adjoint au commandant de l’escadron de sécurité routière de Meurthe-et-Moselle. Avant de reprendre leur longue route sous un soleil de plomb.

Alain Morvan (Le Républicain lorrain)

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