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Dan Kersch : «Le football survivra à cette crise»


Discussion avec un ministre des Sports qui a bien du mal à comprendre comment les clubs peuvent demander un coup de main en pleine crise du coronavirus. (Photo archives Editpress/Julien Garroy)

Le ministre des Sports, Dan Kersch, n’est pas tendre avec ceux qui ont cherché à «contrecarrer» les règles avec des contrats inadaptés. Et prévient qu’il ne faut pas compter sur les deniers publics.

Agacé, le ministre des Sports. Alors que nombreuses ont été les voix, dans le foot luxembourgeois, à se demander si l’État ne pourrait pas aider un tant soit peu les clubs dans cette crise majeure, lui fait valoir qu’ il ne met pas le nez dans les affaires des clubs parce qu’il n’en a pas le droit, et qu’il est hors de question, également, que son ministère vole au secours de ce qui s’apparente à des structures privées. Surtout quand elles n’ont pas fait l’effort de signer des contrats qui permettent à leurs joueurs d’être protégés en cas de crise majeure. Comme aujourd’hui par exemple.

Nous sommes en avril et certains clubs annoncent qu’ils vont devoir commencer à couper certaines vannes. Le coronavirus va-t-il provoquer une prise de conscience et faire évoluer le statut des joueurs au pays ?

Mais… ceux qui ont inscrit leurs joueurs comme salariés, comme ils en ont le droit maintenant, n’ont pas de problème. Pour tous les autres… je ne suis pas responsable et je ne peux pas l’être. Je dis depuis un an que le sport de notre pays est organisé de façon privée. C’est un principe au-dessus de tous les autres et je refuse de m’ingérer là-dedans.

Tout le monde est au courant que des choses anormales se passent, mais on ne va pas utiliser les deniers publics pour les solutionner

On ne peut pas nier que le problème est tout de même assez prégnant.

Il y a quand même bon nombre de clubs qui ont signé des contrats normaux, qui versent des salaires avec au moins le salaire social minimum, qui paient des impôts et des cotisations. Et ceux-là n’ont pas de problèmes. Les autres voient bien aujourd’hui que ce n’est pas la bonne voie. Il faut s’adapter aux règles, pas chercher à les contrecarrer, à les contourner.

Le ministère a-t-il une vague idée du pourcentage de clubs qui cherchent à « contrecarrer » les règles ?

Je ne peux pas vous dire. Aucune idée et je ne veux pas le savoir. Je ne veux pas discuter de la gestion de nos clubs. Mais peut-être que cette crise, effectivement, démontre aux joueurs, à certains en tout cas, qu’ils ne sont pas liés de la bonne façon à leur club. Mais ce n’est pas à moi de le leur dire.

Mais ce n’est pas un sujet que vous voudriez ou devriez aborder avec la fédération ?

Notre façon de procéder, c’est que le COSL discute avec les fédérations. Si moi je discute avec une fédération, j’en avertis le COSL. Mais je ne suis pas l’interlocuteur privilégié des fédérations. On n’est pas dans la logique des grands pays, puisqu’on n’a pas de ligue professionnelle.

Le problème des joueurs non payés n’a pas l’air de vous exaspérer plus que ça.

Mais voilà qu’un problème surgit et tout le monde veut appeler le ministère des Sports, alors qu’avant on ne voulait surtout pas qu’on intervienne. À eux de résoudre leur problème, ce sont eux qui l’ont créé en sachant qu’il y avait d’autres possibilités pour faire les choses mieux. Beaucoup l’ont fait, d’autres pas. Tout le monde est au courant que des choses anormales se passent à cet égard, mais on ne va pas utiliser les derniers publics pour solutionner les choses.

Êtes-vous inquiet pour le football luxembourgeois ?

En général, je ne suis pas un homme inquiet. De principe, une majorité de clubs ont pris une forme normale d’embauche de leurs joueurs et le football a des capacités financières que les autres sports collectifs du pays n’ont pas. Je ne pense pas que cette crise va poser de grands problèmes. Le football luxembourgeois survivra à cette crise.

Entretien avec Julien Mollereau

 

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