L’appareil judiciaire du Luxembourg souffre d’une réputation à parfaire. Lenteur, manque de personnel, trop grande proximité entre avocats et magistrats, surpopulation carcérale, chape de plomb en ce qui concerne la communication vers l’extérieur… La liste des critiques est longue. Et l’année 2019 n’a pas permis de redorer le blason. Le manque de transparence vis-à-vis de la collecte de données personnelles (affaire dite du «casier bis») a laissé des traces, d’autant plus que les deux plus hauts magistrats du pays se sont vu reprocher à l’automne de s’être immiscés dans les prérogatives de la Chambre des députés.
Devenue en septembre successeure de Félix Braz dans les conditions difficiles que l’on connaît, Sam Tanson a immédiatement été obligée de se jeter à l’eau. Dans un premier temps médiatrice dans la bisbille entre Justice et Chambre, la ministre est parvenue à calmer le jeu dans le brûlant dossier des banques de données «secrètes». Dans bon nombre de domaines, elle peut profiter du travail préparatoire accompli par Félix Braz. Dans d’autres, un nouveau départ s’impose.
Vu leur caractère sensible, certaines réformes du droit ont pris des décennies. Le régime réglant le divorce est à citer. Pour Sam Tanson, la réforme de loi sur la protection de la jeunesse, stoppée net en 2019, sera un premier fait d’armes majeur à achever. La révision de la politique pénitentiaire afin de garantir une prise en charge plus adaptée des détenus, en est un autre. «Il ne sert à rien de se contenter d’enfermer des personnes», souligne dans ce contexte la ministre de la Justice.
Les défis ne manquent donc pas, mais malgré des avancées, le système judiciaire n’est pas encore complètement adapté à un pays qui ne cesse de grandir. Continuer à aller de l’avant, mais en respectant la séparation des pouvoirs, est donc nécessaire pour que justice puisse être rendue.
David Marques