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Boeing enregistre sa première perte annuelle depuis 1997


Avec un carnet de commandes dans le rouge, Boeing perd sa place de premier avionneur civil mondial au profit d’Airbus. (Photo AFP)

L’avionneur Boeing a annoncé mercredi une perte nette de 636 millions de dollars pour 2019, la première en 22 ans, en raison des déboires de son 737 MAX cloué au sol depuis le 13 mars après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts.

En 2018, Boeing avait dégagé un bénéfice net de 10,5 milliards de dollars. L’année 2019 est seulement le quatrième exercice déficitaire en 104 ans d’histoire pour le constructeur aéronautique américain. Outre 2019 et 1997, Boeing, qui a repoussé à la mi-2020 la remise en service du MAX, avait enregistré des pertes en 1995 et en 1946. La perte est due à de nouvelles charges supplémentaires d’environ 9,2 milliards de dollars, l’immobilisation au sol du MAX ayant conduit Boeing à en suspendre pour une durée indéterminée les livraisons, puis la production depuis début janvier. La facture s’élève désormais à 18,4 milliards de dollars, dont près de la moitié porte sur les indemnisations des compagnies aériennes qui ont dû annuler des dizaines de milliers de vols. Elle reste dans la fourchette des analystes qui était de 16 à 25 milliards de dollars, ceux-ci anticipant des coûts additionnels liés à la formation des pilotes qui devrait se faire désormais sur simulateur. Elle ne comprend pas toutefois des accords potentiels avec les familles des victimes et les autorités américaines, qui enquêtent sur les accidents et le développement du MAX. Boeing a repoussé à la mi-2020 une remise en service du Max et espère en reprendre la production, suspendue depuis le début de l’année, quelques mois auparavant.

Des sous-traitants et clients impactés

Le groupe a perdu sa couronne de premier avionneur civil mondial, détenue désormais par son rival européen Airbus, après avoir enregistré un carnet de commandes dans le rouge (-87 appareils nets) et un plongeon de 53% des livraisons en 2019. Les autres programmes sont plus ou moins affectés : Boeing a décidé de recommencer quasiment de zéro la conception d’un nouveau modèle, le NMA (220-270 passagers), sur le segment du « milieu de marché », alors qu’Airbus a déjà lancé l’A321XLR, qui offre aux compagnies aériennes la possibilité d’ouvrir de nouvelles lignes long-courrier entre des villes secondaires avec un monocouloir, moins cher, plus facile à remplir et donc plus rentable.

Outre Boeing, les déboires du MAX affectent également les clients et les sous-traitants. La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair a menacé mercredi de procéder à de nouvelles suppressions d’emplois et fermetures de bases. General Electric (GE), qui cofabrique avec le groupe français Safran le moteur de nouvelle génération LEAP équipant le MAX, a indiqué que le manque à gagner était de 1,4 milliard de dollars dans ses comptes 2019. Le spécialiste des fuselages Sprit AeroSystems a supprimé de son côté des milliers d’emplois. Pour faire face aux coûts galopants, Boeing est parvenu à sécuriser un prêt d’au moins douze milliards de dollars auprès de grandes banques américaines, ont indiqué à l’AFP des sources bancaires. Le système antidécrochage MCAS a été mis en cause dans les deux tragédies du MAX. De plus, d’autres problèmes, dont un défaut sur un microprocesseur, un autre sur des câblages électriques et un troisième lié au logiciel s’assurant du bon fonctionnement du MCAS au démarrage, ont été détectés.

LQ/AFP

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