Le géant américain a dépêché jeudi à Bissen son responsable du développement des centres de données européens pour s’exprimer sur la possibilité d’y voir pousser un data center d’ici trois ans.
Depuis deux ans et l’annonce d’un projet d’installation d’un data center de Google à Bissen assortie d’un investissement d’un milliard d’euros, le géant de Mountain View est toujours resté très discret sur ses intentions.
Pour la première fois, Google a dépêché à Bissen Fabien Vieau, responsable du développement des centres de données européens de Google ainsi que le directeur des installations de stockage à Saint-Ghislain en Belgique, pour échanger avec la presse et les citoyens.
Dès le début de l’échange avec la presse, Fabien Vieau a expliqué pourquoi Google est resté silencieux aussi longtemps : «On cherche continuellement des nouveaux sites à travers l’Europe. Et pour ce qui est du Luxembourg, le fait de ne pas avoir de plan d’urbanisme en place, autrement dit la base sur laquelle on peut travailler sur un projet potentiel, fait qu’il n’était pas opportun de s’exprimer avant sur le sujet. La procédure a avancé et maintenant il est assez légitime de commencer à partager les informations.»
Mais le responsable du développement des centres de données européens de Google a également souligné que c’est le Luxembourg qui est venu chercher Google et non l’inverse. «Je fais partie des personnes chez Google qui recherchent à travers l’Europe des sites potentiels. Je ne regardais pas le Luxembourg. Le Luxembourg est venu à nous et nous a approchés», a assuré Fabien Vieau, expliquant que cela devait correspondre à la stratégie du pays, à savoir promouvoir le digital tout en mettant en avant un argument de compétitivité.
7% de la consommation du Luxembourg
Pour autant, malgré le fait que ce soit une initiative du pays, Google semble bien intéressé par une implantation à Bissen. Mais là encore, Fabien Vieau n’est jamais entré dans le cœur du sujet concernant les détails du projet : «Les procédures sont longues et entretemps les technologies et les designs des data centers évoluent.» Autrement dit, actuellement, parler de détails relatifs à la technologie n’a que peu de sens.
Mais Google s’est voulu rassurant en abordant des sujets comme la consommation d’eau et d’électricité. Ainsi, dans l’hypothèse que le plan d’aménagement particulier (PAP) et les différentes autorisations et permis soient en règle, la première phase du projet de Google à Bissen «pourrait être terminée pour début 2023». Une installation gourmande en énergie puisqu’elle absorbera «7% de la consommation» annuel du pays. Une consommation qui pourra monter à 12% dans une seconde phase. «Nous ne serons pas l’entreprise la plus gourmande en électricité», a affirmé Fabien Vieau, tout en assurant «que les infrastructures électriques du pays sont suffisantes pour accueillir Google».
Par contre, pour la seconde phase du projet, Fabien Vieau a souligné qu’il faudrait une mise à jour des installations électriques de Creos. «À ce que l’on sait, cette mise à jour des infrastructures est déjà prévue par Creos, que Google s’installe ou non à Bissen.»
Du côté des besoins d’eau du «potentiel» centre de données en question, là encore Fabien Vieau n’est pas entré dans les détails, se contentant de rassurer sur les possibilités envisagées : «L’Attert, plus proche, n’est pas une solution envisageable, contrairement à l’Alzette qui est plus loin et nécessite donc une installation spécifique pour capter l’eau. Mais cela peut changer puisqu’il y a quelques jours, on nous a proposé une autre solution, celle de nous raccorder à une station d’épuration.»
Impact environnemental minimisé
Mais l’émissaire de Google a insisté sur la minimisation de son impact sur l’environnement. Le géant du net construit des centres de données qui consomment 50% d’énergie de moins qu’une installation classique et en cinq ans ils sont devenus sept fois plus efficients. De plus, Google s’efforce de compenser annuellement sa consommation énergétique et est le plus grand acheteur d’énergie renouvelable au monde et en Europe.
Au niveau des emplois, Fabien Vieau a estimé que la première phase du projet pourrait créer une centaine d’emplois et apporter des services Google beaucoup plus développés au tissu économique du pays tout en créant des liens avec par exemple, le futur supercalculateur luxembourgeois.
Si le projet de Google à Bissen s’annonce donc très long, le géant de Mountain View n’a pas hésité à rappeler qu’il était en train d’investir en Belgique et aux Pays-Bas, tout en soulignant avoir récemment acheté 200 hectares de terrains en Norvège.
Ainsi, si Google semble se laisser toutes les options possibles sur la table, la société américaine a également avoué que le Luxembourg avait l’avantage d’être au cœur de l’Europe, dans un environnement stable, doté d’infrastructures télécoms très bonnes.
Jeremy Zabatta
Des rendez-vous ratés
En présentant jeudi une vague esquisse de son «potentiel» projet d’installation d’un centre de données à Bissen, le géant de Mountain View est surtout resté très mystérieux sur le projet en question en soulignant que le processus sera long et aboutira peut-être sur rien. Ce scénario renvoie à des rendez-vous ratés entre des géants du numérique et le Luxembourg. En effet, Apple, Facebook ou encore LinkedIn ont, ces dernières années, tenté d’implanter des centres de données au Luxembourg, sans succès, malgré les atouts du pays. La cause majeure : le terrain.
Apple en 2014
En 2014, la firme de Cupertino est très intéressée par l’implantation d’un centre de données au Luxembourg. Cela faisait déjà un certain temps qu’Apple voulait élargir ses capacités en la matière. L’entreprise avait lancé quelques mois plutôt un appel d’offres auquel le Luxembourg n’a jamais donné suite. Mais, en 2014, le gouvernement est étonnamment sensible à la volonté d’Apple de venir s’établir sur le territoire. Selon des sources proches du dossier à l’époque, «le dossier était bien avancé, mais cela a coincé au niveau du terrain. Puis, dans le même temps, l’affaire LuxLeaks est sortie», sonnant le glas du projet.
Facebook en 2015/2016
En 2015/2016, la société de Mark Zuckerberg était très intéressée et les négociations ont très vite abouti. Mais là encore, trouver un terrain a été problématique. Toujours selon d’autres sources proches du dossier, à l’époque, «Facebook voulait un terrain de 40 hectares, alors que le gouvernement n’avait que la moitié». Pour contourner ce problème, «des solutions existaient», mais le gouvernement n’a pas approfondi ces solutions, laissant entendre que finalement Facebook n’avait pas une bonne image et que son centre de données n’allait pas créer d’emplois. Résultat, la firme a installé son deuxième data center européen à Clonee en Irlande (il est opérationnel depuis 2018), y a investi 200 millions de dollars et va y créer environ 150 emplois. Un revers flagrant pour le Luxembourg.
LinkedIn en 2007/2008
Concernant LinkedIn, le réseau social professionnel en ligne a fait marche arrière en 2007/2008 à cause de la crise financière en Europe et il a préféré se concentrer sur d’autres marchés. Ces dernières années, plusieurs acteurs importants du numérique, spécialisés dans le gaming, les TIC et l’internet, ont été intéressés par le Luxembourg, mais la plupart ont renoncé alors que le gouvernement avait largement les moyens de les accueillir.
Google souhaite investir
Google a annoncé en juin la construction d’un quatrième data center à Saint-Ghislain, en Belgique.
Saint-Ghislain, commune de quelque 23 400 habitants à 180 km du Luxembourg, comptant un zoning (parc d’activité économique), a accueilli en 2009 le tout premier data center de Google en Europe (250 millions d’euros). Un deuxième centre de données avait suivi en 2014 (300 millions d’euros), toujours construit sur les 90 hectares que la société avait acquis à la fin des années 2000.
En juin dernier, un nouvel investissement de 600 millions d’euros a été annoncé pour étendre encore une fois l’antre de Google en Belgique. Un quatrième data center doit sortir de terre d’ici 2021.
Un géant du net en retard
Le volume investi par Google à Saint-Ghislain monte ainsi à 1,6 milliard d’euros. Des investissements qui ne devraient pas s’arrêter là aux dires des responsables politiques belges.
Des investissements en droite ligne avec la stratégie de Google qui doit rattraper son retard en la matière face à Amazon, qui détient 45% de parts de marché dans le domaine et Microsoft qui affiche 25% de parts de marché. Comme l’a rappelé Fabien Vieau à Bissen, «le data center est le cœur du réseau d’un acteur comme Google».
En septembre dernier, Thomas Kurian, le directeur général de Google Cloud, a annoncé un investissement de plus de 3 milliards d’euros dans ses centres de données européens. Les bénéfices nets d’Alphabet, maison mère de Google, ont même chuté à cause d’une augmentation de 27% de ses dépenses d’investissements, notamment dans le secteur des centres de données.
Pour mieux comprendre les besoins de Google en matière de centres de données, il faut comprendre qu’il s’agit de la base sur laquelle repose l’ensemble des outils de Google à une époque où le streaming et le cloud sont en train de prendre une ampleur gigantesque et seront des rentrées d’argent très importantes. De plus, les centres de données des géants du numérique doivent être relativement proches de leurs utilisateurs afin de garantir un taux de latence très bas.
Dès lors le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas, géographiquement parlant, font office de lieu stratégique.
Je ne comprend pas la consommation d’eau du DataCenter, à la base c’est pour la production de froid via les tours de refroiidissement, mais on parle de vielle technologie complètement dépassé, les FreeChiller ne consomme de l’eau que lors des canicules si ils ont été mal dimensionnée.