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Revitalisation commerciale : « Il faut donner une chance à Esch ! »


De moins en moins de boutiques échappent à la liquidation. (photo Claude Damiani)

Présenté vendredi dernier, le «Concept local d’activation pour la revitalisation commerciale d’Esch» (Claire) vise à redynamiser le centre-ville. Mais qu’en pensent les principaux intéressés ?

Morose, voire dévitalisé, le commerce à Esch-sur-Alzette ? La question a le mérite d’être posée face à la fermeture de diverses enseignes et au vu des vitrines affichant des messages du type «liquidation», «-50%», «à vendre»…

Ce n’est un secret pour personne, mais l’activité commerciale n’a pas la vie facile au centre-ville d’Esch. Dévoilé vendredi en conseil communal, le concept «Claire» a pour but d’aider les propriétaires de locaux commerciaux vides au centre-ville à trouver des utilisations diverses : commerce, gastronomie, services, industries créatives, loisirs, tourisme, travail de quartier ou coworking. Alors, mission possible ou pas ? Le point avec certains commerçants du centre-ville, dont certains ont préféré n’être identifiés en aucune façon.

«Nous pensions être délaissés»

Dans la rue de l’Alzette, artère commerciale par excellence, il y a les commerçants qui attendent de voir, mais qui saluent déjà le projet, comme celui-ci qui voit en «Claire» une sorte de changement de paradigme : «Beaucoup de choses ont déjà été promises par le passé, sans véritable succès. Cela étant, si la commune reste les bras croisés, le centre-ville finira, un jour, par être complètement déserté. En ce sens, l’initiative de la commune a le mérite d’exister et l’on ne peut que se montrer reconnaissants envers nos élus qui pensent vraisemblablement à nous, alors que nous pensions être délaissés.»

«Cela peut fonctionner si on revoit le stationnement»

Du côté de ce cafetier du centre-ville, le concept «pourrait fonctionner, mais uniquement si l’on facilite la vie des gens, car pour avoir des clients, encore faut-il leur donner la possibilité de se garer à proximité. Ce qui n’est pas forcément le cas !» Avant, pour le commerçant du secteur Horeca d’approfondir le fond de sa pensée : «Comment une personne âgée n’habitant pas le centre-ville serait-elle tentée de venir faire ses courses au centre d’Esch si elle ne trouve pas de stationnement le samedi après-midi, par exemple, et qu’elle doive porter de lourds sacs, et ce, sans aide ? Ce type de clientèle préfère largement se tourner vers les grands centres commerciaux», juge-t-il.

«La clientèle luxembourgeoise a fui»

Sensiblement plus «radical» dans ses propos, cet autre commerçant se dit vert de rage contre la commune, car, selon lui, «le mal» est déjà fait. «Il n’y a plus de passage, la clientèle luxembourgeoise a fui le centre-ville depuis bien longtemps», estime-t-il. La principale raison invoquée est celle de l’insécurité qui tuerait le commerce au centre-ville : «Les gens qui, à l’époque, prenaient plaisir à flâner dans les rues commerçantes en regardant les vitrines des magasins ont tout simplement peur de faire leur shopping en ville, peur de se faire agresser, car la police n’est pas visible !»

Avant, pour ce commerçant, de pointer du doigt l’absence de gratuité, au moins partielle, du stationnement. «La commune ne fait rien pour attirer les gens. Les gens préfèrent aller à Belval faire leurs courses… Pourquoi ne pas offrir au moins une heure de stationnement pour faire revenir les clients ou décréter le stationnement gratuit les samedis ? On nous prend pour des cons sur toute la ligne!», s’insurge ce commerçant, qui n’a pas sa langue dans sa poche.

De manière plus générale, ce dernier est d’avis que l’environnement du centre-ville n’est pas propice au commerce : «Regardez le genre d’établissement qui ouvre dans la rue du Brill, du type bar à chicha. Cela n’attire pas la clientèle âgée qui ne préfère pas traîner dans ces coins-là ! Voyez-vous des couples de vieilles personnes se promener dans la rue du Brill afin de faire leurs emplettes ? La réponse est non !»

«Cette ville le mérite»

Si certains condamnent «Claire», avant même que le concept ait eu l’occasion de faire ses preuves, d’autres préfèrent temporiser et jouer la carte de l’optimisme. «Il n’y a pas qu’à Esch que le commerce souffre. Avec la multiplication des grandes surfaces en périphérie de nos villes, le commerce de proximité se voit forcément impacté. Et puis, il y a tous ces facteurs qui font que les gens n’ont plus envie de faire les courses au centre-ville. L’insécurité existe, oui, mais il y a aussi la saleté due entre autres aux crottes de chien. C’est d’ailleurs bien, cette campagne qui a été lancée pour sensibiliser les gens. Mais cela ne suffit pas. Il faut une présence policière accrue de jour et de nuit. Et puis, il ne faut pas se voiler la face : la majorité des gens qui ont le plus de moyens financiers ne vivent plus au centre-ville et ils préfèrent aller à Foetz, à Belval ou à Luxembourg pour faire leurs achats !».

Cela dit, bien qu’il semble frustré, ce commerçant garde la foi : «Il faut donner une chance à Esch, car cette ville le mérite et parce que je l’aime !» Il ne reste plus qu’à lui souhaiter que «Claire» exauce ses vœux.

Claude Damiani

Les solutions proposées

Le Concept local d’activation pour la revitalisation commerciale d’Esch propose différentes solutions, temporaires ou à long terme. En voici un aperçu.

SOLUTIONS TEMPORAIRES :
1) SURFACE POP-UP
Une activité temporaire sur une courte durée :
– Location à la semaine (à un prix fixe par semaine, charges comprises).
– Durée de la location : 1 à 12 semaines.

2) UTILISATION INTERMÉDIAIRE
Une solution transitoire jusqu’à ce qu’une solution à long terme soit trouvée.
– Durée de la location : à négocier individuellement entre le propriétaire et l’intéressé.

3) AGENCEMENT DE VITRINES
Masquage de locaux commerciaux vides :
– Vitrophanie : mise à disposition de la vitrine, participation de la Ville d’Esch aux coûts (durée du collage : minimum un mois, jusqu’à nouvelle location).
– Autres utilisations possibles de l’agencement des vitrines : espace d’exposition temporaire, présentation de produits ou de services, espace d’exposition pour artistes.

SOLUTION À LONG TERME : la ville d’Esch en tant qu’intermédiaire au sein d’un réseau actif 
Un loyer échelonné en tant qu’instrument facilitant la conclusion d’un contrat de location à long terme :
– Définition d’un loyer échelonné, par exemple : loyer réduit les six premiers mois.
– Après six mois, loyer progressif pendant six mois.
– Après un an, loyer régulier pendant six mois.
– Durée de la location : un an et demi au moins.

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