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Grand Est : vers la fin du diesel en ville ?


En décrétant la fin du diesel sur sa commune en 2025, Strasbourg plonge dans l'expectative les autres métropoles du Grand Est (Photo : Régis Hector/RL)

En voulant interdire l’ensemble de sa commune à tout véhicule diesel à l’horizon 2025, la Ville de Strasbourg fait le buzz.

Elle suscite l’admiration des écolos et l’incompréhension de bon nombre d’automobilistes. La décision de la Ville de Strasbourg d’interdire sa commune à tout véhicule diesel à l’horizon 2025 fait le buzz. «Depuis le début des années 1990, notre politique consiste à réduire la pénétration automobile. Malgré tous nos efforts, nous sommes toujours au-delà de certains seuils et confrontés à des pics de pollution. Il nous faut donc aller plus loin, plus fort et plus vite», se justifie Roland Ries, le maire PS de Strasbourg. Au point même de griller la politesse aux 32 autres communes de l’Eurométropole de Strasbourg, qui ne le suivront qu’en 2030.

Déjà pratiquée depuis septembre 2018 pour les livraisons dans le centre historique, cette interdiction se fera de manière progressive. Sur la base des vignettes Crit’Air apposées sur chaque véhicule. Ces vignettes colorées classent depuis le 1er janvier 2016 les véhicules de 0 à 5 suivant leurs émissions polluantes, leur type de motorisation et leur date de mise en circulation. Les véhicules qui n’en sont pas dotés seront interdits de séjour dès le 1er janvier 2021. Suivront les Crit’Air 5 en 2022, les Crit’Air 4 en 2023, les Crit’Air 3 en 2024 et les Crit’Air 2, soit tous les véhicules diesels, en 2025.

«Un impératif de santé publique»

Un calendrier «ambitieux» reconnaît l’élu, dont l’application n’ira pas sans mal. Regrettant que rien ne se passe au niveau national, il considère être dans son rôle. Mais il ouvre le bouclier : «Cela va poser des problèmes aux commerçants, aux logisticiens, aux particuliers. Mais c’est un impératif de santé publique. Les diesels sont dangereux et tout délai supplémentaire serait nuisible. On a attendu trop longtemps.»

Car la France est à la traîne en matière de mise en place de zones à faibles émissions (ZFE). Il en existe 231, dans 13 pays différents d’Europe. La Suède a ouvert le bal en 1996. Le gouvernement a engagé le mouvement en 2018 et noué un partenariat avec 15 agglomérations, dont le Grand Reims et l’Eurométropole de Strasbourg, pour tendre vers ces ZFE. Quatre supplémentaires, dont le Grand Nancy, se sont ensuite engagées à réaliser des études et à tenter des expérimentations. Mais elles savent l’affaire particulièrement explosive.

Pas de compensations

Yves Carra, le porte-parole de l’Automobile Club Association, dénonce ainsi «la rapidité et la brutalité» de la décision strasbourgeoise qu’il qualifie de «dogmatique» : «Ce n’est pas le rôle d’une municipalité. Mais à l’approche des municipales, tout le monde s’habille de vert. Elle ne se rend pas compte du désarroi dans lequel elle va plonger des familles qui ont besoin du véhicule pour aller travailler. La casse sociale sera immense!» Arguant une «qualité de l’air en amélioration depuis dix ans et des voitures qui n’ont jamais aussi peu pollué», il réclame à la Ville le rachat des diesels interdits ou une prime à la conversion.

Ce n’est pas dans les plans de Roland Ries : «La collectivité locale n’a pas à prendre cela en charge. Et c’est en contradiction avec notre philosophie. Notre réponse sera plutôt d’augmenter l’offre de transport public et de développer les déplacements à vélo, en covoiturage ou en autopartage.» Des alternatives qui devront être sacrément performantes pour faire passer la pilule.

RL/Philippe Marque

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