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France-Turquie : la crainte de débordements


L'enjeu sera sportif mais il risque aussi d'être politique, ce lundi soir, au Stade de France (Photo : AFP).

L’atmosphère sera électrique lundi (20h45) à Saint-Denis, dans la banlieue de Paris, pour le choc France-Turquie, avec un billet pour l’Euro-2020 à composter et une revanche à prendre pour les Bleus, dans un stade chauffé par les supporters turcs et un contexte diplomatique tendu.

Sur le terrain, le duel s’annonce intense entre deux nations proches de la qualification à l’Euro-2020. La France aura son billet en poche si elle gagne lundi, avant même les deux dernières journées, mais aussi en cas de match nul voire de défaite si ses poursuivants calent.

Mais les chaudes retrouvailles entre les deux coleaders du groupe H, quatre mois après que les Français ont sombré dans la fureur de Konya (défaite 2-0), seront teintées d’une lourde touche politique. De fortes tensions diplomatiques sont en effet apparues depuis le déclenchement mercredi par le président turc Recep Erdogan d’une offensive contre les Kurdes de Syrie, vertement condamnée par les gouvernements de très nombreux pays, dont la France.

Samedi, le gouvernement français a annoncé suspendre ses ventes d’armes à Ankara, dénonçant « l’offensive unilatérale » des forces turques qui « remet en cause les efforts sécuritaires et de stabilisation de la coalition globale contre Daech (acronyme en arabe du groupe Etat islamique, ndlr) ».

Les officiels en tribune

Au Stade de France, près de Paris, lundi, le ministre turc de la Jeunesse et des Sports ainsi que l’ambassadeur, qui a été convoqué jeudi dernier au ministère des Affaires étrangères français, seront en tribune officielle. La présence de Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères français, n’est pas confirmée.

C’est dans ce contexte qu’une marée de supporters turcs est attendue à Saint-Denis. Ils seront 3.800 dans le parcage visiteurs dont tous les billets ont été vendus, selon la Fédération française, et certainement beaucoup plus ailleurs, parmi les 78.000 spectateurs annoncés au total. « Cela va être un match compliqué dans un stade qui sera assez partagé entre les Français et les Turcs », relève Steve Mandanda, le gardien de l’Olympique de Marseille, titulaire vendredi en Islande (1-0) et très certainement lundi.

En 2009, déjà des problèmes

Le souvenir du dernier France-Turquie, en 2009 à Lyon, a par ailleurs incité la préfecture de police de Paris à établir un « dispositif de sécurisation générale pour prévenir les troubles à l’ordre public avant, pendant et après la rencontre ». Les effectifs policiers seront renforcés pour ce match classé à risque par l’Etat. Il y a dix ans, les supporters visiteurs avaient perturbé la rencontre amicale gagnée par l’équipe de Karim Benzema (1-0), interrompue quelques minutes après des jets de projectiles et de fumigènes sur la pelouse du stade Gerland de Lyon.

Giroud : faire un gros match

Lundi, le choc au sommet du groupe H promet en tout cas d’être engagé, après la gifle subie en juin par les champions du monde à Konya. « Pour remettre les pendules à l’heure, on a envie de gagner ce match. Par fierté aussi parce qu’on s’est fait manger là-bas. On se doit devant notre public et avec l’enjeu que l’on connaît, de faire un gros match », a lancé Olivier Giroud dès vendredi depuis Reykjavik. L’équipe devra « montrer un autre visage » pour effacer le souvenir du match aller, ont poursuivi à l’unisson Mandanda et Clément Lenglet, pourtant pas mobilisés en Turquie. « Il y aura un esprit de revanche, mais le plus important c’est de travailler sur nous-mêmes, on sait qu’on a un bon groupe », a temporisé Corentin Tolisso.

Pour bâtir son onze de titulaires, Didier Deschamps examinera l’état de forme de ceux qui ont joué en Islande, à commencer par celui de Giroud dont la capacité à enchaîner deux matches interroge, alors qu’il ne joue quasiment plus en club. Le sélectionneur pourrait également relancer N’Golo Kanté et Lucas Hernandez. Le milieu de Chelsea a jeté l’éponge juste avant le coup d’envoi en Islande, gêné à une cuisse. Le défenseur a été ménagé après la passe d’armes entre la Fédération et son club, le Bayern Munich, « irrité » par sa convocation en dépit d’un genou récalcitrant. « J’ai considéré qu’il n’était pas dans les meilleures dispositions psychologiques pour un match où il y aurait beaucoup de duels », a dévoilé Deschamps après la victoire en Islande. Contre la Turquie, avec ou sans le « guerrier » Hernandez, il faudra quoi qu’il arrive avoir les nerfs solides.

AFP

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