[Éliminatoires Euro-2020] Les Roud Léiwen affrontent ce vendredi soir le champion d’Europe portugais devant 50 000 spectateurs à Lisbonne. En espérant que ça ne tourne pas au drame, comme en Suède il y a de ça deux ans maintenant.
L’endroit est vertigineux. L’un des chauffeurs chargé de l’acheminement de la délégation luxembourgeoise, en descendant de son véhicule, a eu beau assurer, caché derrière une moustache souriante et donc ironique, que «le vert est la couleur de l’espoir», pénétrer dans cet énorme stade Alvalade, fief du Sporting, pour les hommes de Luc Holtz, est plus la promesse d’une soirée compliquée qu’autre chose. Les exceptionnels matches contre l’Ukraine et la Serbie lors de débuts extrêmement réussis dans ce groupe B n’y changent rien, il y a un respect inné dû aux têtes couronnées.
Les Roud Léiwen le savent. Le sélectionneur a même pour une fois rangé le discours fleuri de l’homme qui fait passer le jeu avant tout autre chose, même dans les moments les plus inattendus. On ne fait pas de «tralalas» quand on se retrouve face au champion d’Europe avec un secteur offensif qui ferait trembler n’importe quelle nation mondiale : «Il va falloir faire beaucoup d’efforts de courses. On aura moins de plaisir que d’habitude, il faudra plus défendre. Mais si on le fait bien, alors on pourra peut-être avoir un peu de plaisir. Et si nos joueurs sont à leur niveau, alors on pourra même se créer des occasions.»
Perché sur son estrade, flanqué d’un casque avec traduction automatique et d’une interprète cloisonnée derrière une vitre façon Nations unies, le sélectionneur avait jeudi énormément plus d’arguments à faire valoir que d’habitude pour relativiser la possibilité d’un résultat.
« On peut aussi leur rendre la vie très difficile »
Au premier rang desquels, forcément, la présence sur le terrain d’un homme dont les talents résistent à toutes les mises en place adverses : Cristiano Ronaldo. «Il a eu une bonne idée de se remettre en question à son âge en allant à la Juventus Turin. Il est plus motivé que jamais et plus dur à gérer que jamais. Son jeu sans ballon est sans doute aujourd’hui le meilleur qu’il puisse avoir. Cela lui crée des espaces et des opportunités de marquer, rien que grâce à ses déplacements.»
On se souvient également qu’au moment de l’annonce de sa liste pour ce match, il y a une semaine, au CFN de Mondercange, Holtz avait indiqué ne pas avoir «trouvé de faille à cette équipe», mais promis qu’il allait en chercher. Il s’est avoué vaincu devant la presse lusitanienne : «Je ne vois pas comment j’aurais fait. Non, ce n’est vraiment pas un hasard s’ils sont champions d’Europe et qu’ils viennent de remporter la Ligue des nations.»
Et alors que personne n’ose évoquer ouvertement le souvenir douloureux et cuisant de cette trempe reçue à Stockholm (8-0) il y a maintenant deux ans, c’est le sélectionneur lui-même qui s’est lancé dans la comparaison, plus pour dire que tout peut arriver plutôt que pour faire peur : «Rappelez-vous de cette expérience en Suède. On n’est jamais à l’abri d’un tel résultat négatif. Mais on peut aussi leur rendre la vie très difficile. Tous les scénarios sont possibles.» À bien l’écouter, le plus probable reste quand même le plus humiliant. D’autant qu’après leur succès à Belgrade, les Lusitaniens feraient un petit pas supplémentaire vers la qualification en faisant respecter la logique.
Le Luxembourg est coincé. Il va devoir faire avec cette réalité du moment : il s’avance en victime expiatoire, sans égard pour ses monumentaux progrès des derniers mois. Un carton ne remettrait rien en cause. Par contre, une performance à la hauteur de ce qu’ils ont montré jusque-là dans ces éliminatoires les ferait entrer dans la cour des grands. Alors, au diable le syndrome de Stockholm…
A Lisbonne, Julien Mollereau
bonjour à tous,
dans la cour des grands…un vrai syndrome ce journaliste !