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Roméo et Juliette à la sauce belge (et un peu luxembourgeoise)


L'harmonie flamande Sainte-Cécile est toujours habillée de manière impeccable. Contrairement à sa concurrente wallonne, plus désargentée. (photo Béatrice Pettovich)

À côté des blockbusters hollywoodiens, une petite coproduction grand-ducale a débarqué, mercredi, sur les écrans luxembourgeois du réseau Caramba : Brabançonne, du Belge Vincent Bal. Un film chantant !

Production flamande, coproduit par Samsa Film Luxembourg et tourné principalement au Grand-Duché, Brabançonne, de Vincent Bal (The Bloody Olive, Man van staal, Miaou!...), est visible depuis mercredi au Waasserhaus de Mondorf-les-Bains, à partir de vendredi à l’Ariston d’Esch-sur-Alzette et à partir de dimanche au Kursaal de Rumelange. Une sortie étrangement discrète pour une coproduction nationale.

« C’est un film super casse-gueule», reconnaît sans détour Jani Thiltges, le coproducteur luxembourgeois de Brabançonne. « Car un « musical » est rarement totalement réussi. C’est toujours osé, décalé, avec beaucoup de second degré… mais qui ne tente rien n’a rien », ajoute-t-il.

Un «musical». Eh oui! Alors que Pitch Perfect 2 est toujours à l’affiche, voici la version belge du concept. Ici, exit le campus universitaire à la sauce US et les concours de chant aux décors dignes de MTV, et bienvenue dans le monde tout aussi musical mais beaucoup moins glamour des petites fanfares et harmonies de village. Et comme on est en Belgique, la séparation linguistique du royaume et l’opposition qu’elle peut créer entre Wallons et Flamands est bien évidemment à la base du récit. D’où ce slogan «50% wallon, 50% flamand, 100% belge» qu’arbore l’affiche du film, en omettant au passage que le film est grand-ducal à près de 35%.

 

Un film léger, un peu trop peut-être

Donc, l’harmonie flamande Sainte-Cécile et l’harmonie wallonne En Avant sont toutes deux sélectionnées pour représenter la Belgique à la grande finale européenne d’harmonies. Eux qui se regardaient déjà en chiens de faïence deviennent alors des ennemis intimes. Surtout que, à la suite du décès de leur soliste lors d’une épreuve de sélection, les Flamands font les yeux doux à Hugues, le joli et rebelle soliste wallon. Se sentant incompris, voire sous-estimé par les siens, il se laissera acheter, officiellement contre de l’argent et la possibilité de jouer sa propre composition lors de la finale, officieusement pour les beaux yeux d’Elke, la fille du chef d’orchestre flamand.

Une sorte de Roméo et Juliette à la sauce mayonnaise-ketchup-piccalilli accompagné d’une double portion de frites et d’une bonne bière d’abbaye. Ici tout le monde chante et joue dans la fanfare et on n’hésite pas à jouer à fond la carte des stéréotypes en lien avec les deux communautés belges. « C’est un film sur la « belgitude » », reprend Jani Thiltges, « un film léger, populaire, où on ne se prend pas au sérieux ». « Quand on fait une comédie, il faut se moquer de tout le monde et en Belgique on sait rire de nous-mêmes », ajoute Vincent Bal, le réalisateur originaire de Gand.

Bon, soyons honnête, Brabançonne n’est pas un grand film. Malgré la beauté d’Amaryllis Uitterlinden (Elke) et le côté Don Juan écorché d’Arthur Dupont (Hugues), malgré des scènes sympathique et quelques bonnes trouvailles, le film ne décolle jamais vraiment. C’est léger, oui, peut-être un peu trop.

À noter, pour le public luxembourgeois, qu’il pourra, en plus des comédiens Claudine Pelletier et Joël Delsaut, reconnaître à l’écran de nombreux musiciens de diverses harmonies et fanfares grand-ducales. Vu l’importance des sociétés de musique au Luxembourg, le film pourrait réserver quelques surprises au box-office. À voir…

Brabançonne , de Vincent Bal.

Pablo Chimienti

« Il y a beaucoup de choses qui nous unissent malgré tout »

Le réalisateur Vincent Bal était à Esch-sur-Alzette la semaine dernière, pour l’avant-première, au ciné Ariston, de Brabançonne . Le Quotidien est allé à sa rencontre.

Le réalisateur Vincent Bal.

Le réalisateur Vincent Bal.

Quel était le point de départ du film, le fait d’en faire une comédie musicale ou l’idée de réaliser un film sur la division linguistique de la Belgique?

Vincent Bal : Les deux. Tout vient d’une discussion avec le producteur. J’avais envie de faire un film avec des chansons et lui ai proposé de réaliser un film sur la Belgique, car ces dernières années la situation a un peu changé, avec des divisions qui sont devenues plus fortes et claires. On a donc réuni les deux.

C’est de là que vient le titre du film, Brabançonne , qui est aussi le nom de votre hymne national ?

Oui, c’est une chanson, c’est belge et ça marche aussi bien en wallon qu’en flamand. Ça résume assez bien le film.

Pour cerner le film, on pourrait dire qu’il est à mi-chemin entre Roméo et Juliette et la série Glee. Qu’en pensez-vous ?

C’est clair qu’avec ce genre d’histoire d’amour entre deux personnes de deux groupes qui ne s’aiment pas trop, on pense inévitablement à Roméo et Juliette . Après, Glee , je dois vous avouer que je ne connais pas très bien en fait. Mes références à moi sont plutôt les vieux « musicals » hollywoodiens avec Gene Kelly ou Fred Astaire, Grease aussi ou encore des films français comme Les Chansons d’amour , de Christophe Honoré, et On connaît la chanson , d’Alain Resnais.

Le film est à la fois très critique et très léger, voire naïf…

Oui, c’était le but. On ne voulait pas faire un film sombre et pessimiste, on voulait se moquer un peu de tout ça. Et montrer, à travers tous les préjugés, qu’il y a beaucoup de choses qui nous unissent malgré tout. On ne parle pas la même langue, mais on a une culture et un sens de l’humour commun très forts, et puis une relation étrange vis-à-vis des « grands frères », qu’ils soient français ou néerlandais.

Recueilli par P. C.

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