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Guichet info migrants : l’ASTI veut plus de moyens


Les démarches administratives pour un étranger qui veut s'installer au Luxembourg sont parfois complexes. Pour y faire face, l'ASTI dispose d'une structure dédiée, mais celle-ci manque cruellement de moyens pour traiter les demandes. (Photo archives LQ/Didier Sylvestre)

Plus de 20 000 étrangers s’établissent en moyenne chaque année au Luxembourg. Nombre d’entre eux sont confrontés à des difficultés administratives pour s’installer. Le Guichet info migrants de l’ASTI tente de répondre à ces difficultés mais il manque aujourd’hui de moyens pour mener à bien une mission qui rend pourtant bien des services aux pouvoirs publics.

La confusion s’est installée insidieusement au fil des dernières années. Ça a précisément commencé avec la crise des réfugiés de l’été 2015. Depuis, « quand on parle d’étrangers au Luxembourg, les gens pensent aux réfugiés », constate Laurence Hever, assistante sociale en charge du Guichet info migrants à l’ASTI (Association de soutien aux travailleurs immigrés). « Mais nous ne nous occupons pas des réfugiés. Tout le monde mélange tout et cette ambiguïté se retrouve jusque dans l’accord de coalition. »

Deux après-midi par semaine, le lundi et le jeudi, Laurence Hever reçoit des migrants ou des Luxembourgeois en demande d’informations ou d’aide pour obtenir une autorisation de travail, un regroupement familial, se renseigner sur les conditions de mariage avec un étranger venant d’un pays hors Union européenne ou plus simplement pour faire des études.

Ce jeudi après-midi, dès 14 h, ils sont huit à attendre à l’entrée de son bureau. John, Nigérian qui habite et travaille au Luxembourg depuis 17 ans est un peu un habitué des lieux. « Je suis venu parce que je veux faire venir mon épouse et savoir quelles démarches je dois accomplir pour cela. » À ses côtés, l’un de ses compatriotes, arrivé plus récemment et préférant garder l’anonymat, est plus hésitant. « Je veux savoir à quoi j’ai droit », dit-il en désignant un petit prospectus de l’ASTI qu’il serre entre ses doigts.

« Parmi les demandeurs, certains viennent pour un simple renseignement et se débrouillent tout seul une fois qu’ils ont l’information recherchée. Pour d’autres, en revanche, il faut un vrai suivi, constituer les dossiers et s’assurer qu’ils sont complets », raconte Laurence Hever. « Mais huit personnes c’est vraiment le maximum que je peux recevoir par après-midi de permanence. Cela me fait environ 80 dossiers à traiter et suivre par mois », relate l’assistante sociale. À l’entendre, on comprend vite que ce n’est pas le travail qui lui manque mais les moyens pour l’accomplir.

Deuxième poste supprimé

Il y a 20 ans, pour accompagner les immigrés dans leurs démarches administratives et les informer plus largement sur leurs droits et devoirs, l’ASTI a créé le Guichet info migrants. Assez rapidement, cette structure unique en son genre au Luxembourg s’est trouvée victime de son succès. Aussi l’ASTI a-t-elle revendiqué pendant de longues années la prise en charge par l’État d’un poste conventionné pour effectuer ce travail qui, dans les faits, s’apparente bien souvent à une délégation de pouvoir public.

Les dossiers de demande d’autorisation de travail ou de regroupement familial accompagnés par l’ASTI pour des immigrés ont en effet l’avantage de faciliter le travail de la direction de l’Immigration, le département du ministère des Affaires étrangères en charge de ces questions. « Nous nous assurons toujours que les dossiers soient complets et correctement renseignés. Le ministère reconnaît d’ailleurs la qualité de notre travail », affirme Laurence Hever.

En 2017, cette reconnaissance s’est enfin traduite par le conventionnement du poste occupé aujourd’hui par Laurence Hever par l’OLAI, un organe dépendant du ministère de la Famille et de l’Intégration. Et non de celui des Affaires étrangères, comme l’on pourrait s’y attendre. Grâce à cela, pendant plus d’un an, l’ASTI a pu faire fonctionner le Guichet info migrants avec deux personnes, l’une effectuant un temps partiel de 15 heures par semaine. Mais fin 2018, l’association n’a pas été en mesure de reconduire ce second poste qui était jusque-là financé sur ses propres deniers provenant des dons que récolte l’ASTI et par des aides européennes.

Pour l’association, cet abandon est d’autant plus préjudiciable que la personne était formée, c’est-à-dire qu’elle connaissait la loi de 2008 sur l’immigration, la toile de fond sur laquelle travaille le Guichet info migrants. Une matière pas évidente pour tout le monde, puisque, en 2018, 110 demandeurs avaient été envoyés à l’ASTI par des offices sociaux bien en mal de décrypter les subtilités du texte. « Un poste supplémentaire signifierait que nous pourrions traiter deux fois plus de demandes », estime Laurence Hever.

Dans la résolution politique adoptée lors de sa dernière assemblée générale, le 11 juin, l’ASTI « déplore fortement l’absence de soutien financier du gouvernement au Guichet info migrants qui a dû réduire ses activités de moitié faute de financements ». Ce constat fait écho à cet autre point de la résolution demandant « que le nouveau gouvernement consacre des moyens financiers conséquents aux politiques d’intégration, aussi bien des demandeurs et bénéficiaires de protection internationale, que des migrants qui continuent à venir nombreux au Luxembourg ».

Retrouvez l’intégralité de ce dossier par Fabien Grasser dans notre édition du mardi 2 juillet 2019.

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