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Le déficit, un mal pour un bien?

On peut facilement s’y perdre dans le tsunami de chiffres qui accompagne chaque année le dépôt du budget de l’État. Le plus simple est de mettre en balance les recettes et les dépenses : pour cette année 2019, le gouvernement prévoit d’encaisser 18,9 milliards d’euros et de lâcher 19,6 milliards d’euros. En fin de compte, le gouvernement table sur un déficit de 650 millions d’euros.

Depuis des décennies, les ministres des Finances successifs font preuve d’une très grande prudence en matière budgétaire. Par le passé, le déficit annoncé s’est souvent montré bien moins important que prévu. Avec des recettes qui ont explosé en 2017 et 2018, ces deux exercices budgétaires se sont même rapprochés de l’équilibre.

Le déficit prévu de 650 millions d’euros est-il un mal pour un bien? Sur ce point, majorité et opposition se déchirent. La coalition reconduite explique que ce trou budgétaire est un choix réfléchi. La majorité compte en effet continuer à fortement investir dans les infrastructures publiques afin de rattraper un retard conséquent et s’aligner sur une croissance, qui n’est plus remise en question.

Même si le jeu politique veut que la majorité applaudisse et l’opposition fustige les projets de budget, les argumentations ne tiennent pas toujours la route. Comme déjà lors de la législature écoulée, le CSV et l’ADR clament ainsi qu’avec une conjoncture aussi positive, le déficit budgétaire est inexcusable. Or ni l’un ni l’autre n’est prêt à dire où et comment réduire les dépenses ou augmenter les recettes. Hausse d’impôts ou baisse des investissements et transferts sociaux? Au plus tard lors des débats sur le budget, fixés après Pâques, certains seront attendus au tournant.

De l’autre côté, le gouvernement doit être conscient que son pari peut faire basculer l’ensemble des finances publiques dès que la croissance économique perdra en vitesse. La date du retour à un budget non déficitaire recule encore et encore. Promis pour 2018, la date est repoussée à 2022, soit vers la fin de la nouvelle législature. La majorité n’a pas terminé de jouer les équilibristes…

David Marques

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