Si le secteur du cinéma a connu quelques remous en 2018, avec un gel des fonds pour la production, les films produits ou coproduits au Luxembourg ont une nouvelle fois placé notre petit pays sur la carte de la production cinématographique mondiale.
Du point de vue des chiffres, tout d’abord : 15 productions ou coproductions luxembourgeoises sont sorties cette année dans les salles du pays. Quatre de mieux que l’an passé. Du point de vue de la qualité, ensuite.
L’animation grand-ducale collectionne les récompenses internationales depuis des années. C’est une nouvelle fois vrai en 2018. Luis and the Aliens (Meng Kollegen aus dem All) de Sean McCormack (La Fabrique d’Images), Pachamama de Juan Antin (Doghouse Films) est un ravissement visuel, Croc-Blanc d’Alexandre Espigares (Bidibul Productions) a eu les honneurs d’un ciné-concert à la Philharmonie de Luxembourg, des sélections à Sundance et Toronto ou encore une nomination aux European Film Awards. Et The Breadwinner de Nora Twomey (Melusine Productions) s’est offert une pluie de récompenses (une quinzaine de prix et une cinquantaine de nominations), dont les prix du jury et du public aux festivals d’Annecy et de Los Angeles, un Annie Award, quatre Emile Awards ainsi que des nominations aux Oscars, aux Golden Globes…
Niveau documentaire, Aschcan, de Willy Perelsztejn (Nowhere Land Productions), Grand H de Frédérique Buck, Schwaarze Mann – Un noir parmi nous de Fränz Hausemer (Samsa Film) et Histoire(s) de femme(s) d’Anne Schroeder (Samsa Film) ont, de par leurs sujets – le camp pour prisonniers nazis à Mondorf-les-Bains, les migrations, le premier Noir du Grand-Duché ou l’évolution de la position des femmes au Luxembourg – une portée avant tout locale.
Superjhemp, ce héros !
Portée nationale aussi pour De Superjhemp Retörns, de Félix Koch (Samsa Film). Cette comédie on ne peut plus luxo-luxembourgeoise – et réussie ! – est devenue en quelques semaines à peine le film grand-ducal le plus vu en salle de l’histoire, avec plus de 50 000 spectateurs.
Tout l’inverse de beaucoup de coproductions, comme Justice.net de Pol Cruchten (Iris Productions), Sandstern de Yilmaz Arslan (Tarantula), Murer: Anatomie eines Prozesses, de Christian Frosch (PTD) ou encore Mary Shelley de Haifaa Al Mansour (BAC Cinéma), pensées la plupart du temps pour d’autres marchés. Des films en anglais, allemand et turc qui doivent beaucoup aux techniciens du Luxembourg.
Et puis, il y a l’exception Gutland, de Govinda Van Maele, avec Frederick Lau, Vicky Krieps et Marco Lorenzini. Un thriller très luxembourgeois présenté à Toronto et Rotterdam et qui a rencontré un beau succès à l’international. Au sujet de Vicky Krieps, 2018 pourrait rester l’année de sa consécration mondiale : sa performance dans Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson, où elle tient tête à Daniel Day-Lewis, a été remarquée jusqu’à Hollywood. Et c’est mérité ! Reste, cette année, l’inconnue Kursk de Thomas Vinterberg. Si le film est présenté comme une coproduction grand-ducale, aucun professionnel luxembourgeois ne semble pourtant avoir participé au projet (même pas le Film Fund).
Et 2019 ?
Peu importe. On attend désormais, pour 2019, Funan, de Denis Do (Bac Cinéma), Cristal du meilleur long métrage à Annecy et lauréat de deux Emile Awards, Black 47, de Lance Dayle (Samsa Film), présenté à la Berlinale, Tel Aviv on Fire, de Sameh Zoabi (Samsa Film), prix Orizzonti du meilleur acteur pour Kais Nashi au festival de Venise, Sibel, de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti (Bidibul Productions), en compétition à Locarno, ou encore Angelo de Markus Schleinzer (Amour Fou), nommé à sept Austrian Film Awards.
Pablo Chimenti