Christopher Martins peut-il rester à Troyes plutôt que de retourner à Lyon au-delà des six mois de prêt qu’il lui reste ?
On lui a posé la question en toute naïveté, en sachant très bien que ça le dérangerait. Mais puisque Luis De Sousa, son directeur sportif, nous avait révélé avant le coup d’envoi de Nancy – Troyes que le garçon ne serait pas contre l’idée de rester à l’Estac au-delà de cette saison, surtout en cas de montée en Ligue 1, on lui a demandé confirmation, au Roude Léiw.
Il s’est redressé, a souri d’un air un peu gêné qui voulait dire «non mais vous ne me coincerez pas comme ça» et a répondu comme le font les footballeurs qui ne peuvent pas se retrouver coincé par leur club pour une réponse de travers : «Ça, je ne sais pas. Vous savez, il est encore assez tôt…»
Peut-être pas tant que ça. Le mercato qui s’annonce bruisse de l’intérêt que portent certains clubs à quelques-uns de ses anciens coéquipiers lyonnais, dont le néo-international français Tanguy Ndombélé. Si un tel départ venait à survenir dans le Rhône, un rapatriement dare-dare de Martins, auteur d’une première partie de saison monumentale dans l’Aube, ne serait-il pas une hypothèse crédible ? Martins est plus tranché sur le sujet : «Non, je ne pense pas que je bougerai cet hiver. Et Tanguy non plus d’ailleurs. Pas avec la perspective de jouer les 8e de finale de la Ligue des champions.»
Son directeur sportif va même un peu plus loin. Il existe un accord tacite, basée sur une confiance réciproque, pour que Lyon laisse Martins à disposition jusqu’au bout de la saison, même au cas où l’OL se retrouve en situation de pouvoir réclamer un retour.
« L’humilité, c’est un apprentissage »
Et de fait, le milieu de terrain semble tellement s’épanouir dans l’environnement moins concurrentiel de l’Estac qu’il s’imaginerait bien poursuivre le plus longtemps possible histoire d’asseoir pour de bon le lancement de sa carrière.
Car pour l’heure, tout y est, même les statistiques. Avec deux buts et trois passes décisives, le récupérateur est déjà pas mal dans ses temps de passage. Après Nancy, il aurait pu être à trois buts et quatre passes décisives sans le sauvetage d’un joueur nancéien sur sa ligne («Je n’ai pas voulu mettre plus le pied devant le gardien pour ne pas risquer de lui faire mal») et le raté de l’un de ses attaquants seul face au but («Je n’ai pas été trop altruiste, il était juste mieux placé que moi», répond-il… et c’est vrai).
«Je me base plus sur ce que je produis sur le terrain, mais effectivement, les statistiques, ça compte. Ça peut me rapporter encore un peu plus de confiance», embraye Martins. Ce qu’il «produit sur le terrain», en soit, est déjà assez impressionnant. Son volume de jeu épate et pose la question de savoir s’il peut tenir toute une saison à ce rythme.
Certain de sa condition physique, le joueur déplace lui le curseur sur un autre terrain : «C’est l’expérience de l’année dernière avec Bourg-Péronnas. Elle me permet de recommencer chaque match de zéro en évitant d’avoir trop confiance en moi. L’humilité, c’est un apprentissage». Alors il apprend vite. Et sa saison s’annonce énorme. «Peut-être mais mon but, c’est surtout de réussir à ne pas me relâcher.» Et vu l’effet d’entraînement du garçon sur ses coéquipiers, s’il y parvient, Troyes ne sera peut-être pas loin du podium. Il faudra alors lui reposer la question de son avenir…
Julien Mollereau