Jeff Strasser, ravi de sa fin d’année en championnat, rêve de prendre sa revanche sur le F91… en Coupe de Luxembourg, dimanche.
Dimanche soir, après avoir battu Differdange 3-0 pour un septième succès consécutif en championnat, tous vos joueurs ont dit que c’était dommage que ça s’arrête maintenant vu votre rythme de croisière…
Mais… ça ne s’arrête pas. On a un match très important contre le F91, dimanche.
Ils parlaient du championnat.
N’empêche, il n’est pas question de s’arrêter.
Vu là où était l’équipe quand vous l’avez reprise, au mois d’août, c’est inespéré, cette deuxième place à la trêve ?
En arrivant, on a analysé rapidement ce qui n’allait pas et on a cherché des solutions. Puis on a travaillé pour obtenir immédiatement des résultats. C’était important de recommencer par les résultats. Le boulot, c’était seulement de bien retravailler défensivement en ne négligeant pas le développement du jeu. De toute façon, pour pouvoir bien attaquer, il faut bien défendre. Alors on a pris un thème, chaque semaine à l’entraînement, effectué des analyses vidéo…
Comment entretient-on une dynamique comme celle que vous connaissez actuellement quand il faut gérer une coupure hivernale de deux mois ?
Ma seule préoccupation, aujourd’hui, ce n’est pas de gérer cette trêve, c’est de préparer le F91. Il n’y a que ça qui m’intéresse. La trêve, ce sera un programme de récupération, une remise en route, une réathlétisation et beaucoup de travail sur les détails sur les phases de transition. Mais on se concentrera sur ça après.
Dimanche, la plupart de vos joueurs n’ont pas eu besoin qu’on les pousse pour admettre que l’équipe avait retrouvé un niveau digne d’une équipe qui va jouer le titre. Ça vous gêne ou au contraire, vous les encouragez à sortir du bois, à s’afficher ?
Cela n’a rien à voir avec le fait de s’afficher. Quand les joueurs ressentent une force, il ne faut surtout pas les freiner dans leur expression. Je les préfère ambitieux et conscients des efforts à fournir pour gagner. Là, on s’est mis dans de bonnes dispositions pour remplir notre objectif européen.
Quel a été le chantier le plus complexe à mener ces derniers mois? Celui de l’attaque ou celui de la défense ?
C’est de faire comprendre que le comportement défensif commence avec les attaquants. J’ai encore dû le redire il y a quelques jours, que le fait de ne pas encaisser de but n’était pas lié à la défense, mais à toute l’équipe. Chaque poste est tenu à un comportement défensif, un sens du déplacement, de l’agressivité dans les duels, une nécessité d’orienter l’adversaire dans des zones définies afin de créer un surnombre qui nous permette d’y avoir plus de nos défenseurs que de leurs attaquants.
C’est plus facile à faire avec un patron de l’entrejeu comme Rodrigue Dikaba, peut-être le chaînon manquant depuis le départ de Ronny Souto ?
Dikaba est le joueur, avec Muharemovic et Freire, à tenir ce rôle qui permet d’établir l’équilibre défensif et de construction. À côté, il y a un Koçur, un Dallevedove ou un Sinani, chargés de la créativité. Chacun son rôle, chacun son domaine. Eh oui, Dikaba fait ça très bien. C’est un régulateur important.
Après, ce serait plus simple si les règlements n’entravaient pas la logique sportive. Il y aurait une logique différente dans mes choix. Quand j’analyse le principe des premières licences, il avait été mis en place, si je l’interprète bien, pour préserver la formation dans l’optique des sélections nationales. Pour moi, cela n’a plus de raison d’être. Aujourd’hui, on peut très bien assister à un match de DN avec une équipe composée de 16 premières licences dont aucun joueur n’est éligible pour la sélection. Et inversement, on a des joueurs qui jouent pour la sélection et qui ne sont pas considérés comme première licence (NDLR : tel Mario Mutsch).
Le trio Bensi/Hadji/Klapp est-il, actuellement, la meilleure attaque du pays ?
Disons que les trois marchent très bien et ont de très belles statistiques. Je suis autant satisfait de leur rendement que de la pression que continuent de leur mettre Corral, Drif, Saïti, Seydi… Non seulement ils ont la qualité mais en plus, ils ne peuvent pas se reposer.
Que va apporter de plus Zachary Hadji, frère de Samir, qui sera recruté cet hiver ?
C’est un investissement pour le futur. C’est un garçon qui peut évoluer à plusieurs postes, doté d’une bonne technique et d’une certaine qualité de vitesse. Avec lui, on investit pour le futur. Parce qu’il faut déjà qu’il retrouve la compétition.
Vous qui êtes perfectionniste, il vous arrive de vous faire plaisir en regardant jouer votre équipe en ce moment ?
Dimanche (NDLR : contre Differdange), en première mi-temps, ils m’ont fait très plaisir et pas que pour la production offensive. À chaque perte de balle, il y avait soit replacement, soit contre-pressing et quand tu vois ça, tu sais que ton équipe est en train de comprendre beaucoup de choses…
Assez pour marquer son territoire dimanche au stade Jos-Nosbaum ?
Après notre match de championnat contre eux (NDLR : défaite 1-2) qu’on perd à cause d’un penalty qui n’en est pas un, j’ai trouvé dans le vestiaire des gars fâchés, déçus, frustrés. La victoire du F91, par rapport à sa production du jour, était imméritée. Ce qu’il y a de bien, en foot, c’est que dimanche, on va avoir l’occasion de répéter la même performance, mais en gommant certains petits détails. Et s’imposer contre cette équipe de renommée qui a fait de belles choses en Coupe d’Europe mais à mon avis, ne parviendra pas à son objectif de faire des points.
Entretien avec Julien Mollereau