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Brexit : Theresa May de retour devant le Parlement après un énième revers


Theresa May fait planer la menace d'un départ de l'UE sans accord, avec de lourdes conséquences pour l'économie britannique. Elle a aussi averti qu'il pourrait bien ne pas y avoir de Brexit du tout. (photo AFP)

La Première ministre britannique Theresa May retourne mercredi devant le Parlement pour défendre son accord de Brexit, ébranlée par plusieurs défaites essuyées la veille qui ont montré la faiblesse de sa majorité et pourraient contrecarrer le processus de divorce.

Après la séance de questions au gouvernement, les députés vont se consacrer à la deuxième des cinq séances de débats sur l’accord de Brexit, fruit de 17 mois de difficiles négociations entre Londres et Bruxelles, avant un vote historique sur ce texte le 11 décembre. Le gouvernement devait publier en fin de matinée l’intégralité de l’avis juridique émis par l’Attorney General Geoffrey Cox (ministre chargé de le conseiller juridiquement) sur le contenu de l’accord.

Mardi, les députés ont estimé, par 311 voix contre 293, que le gouvernement avait commis un « outrage au Parlement » en publiant un condensé de 43 pages de cet avis, quand l’original en compte plusieurs centaines. Signe inquiétant pour Theresa May à une semaine du vote sur l’accord de Brexit, son allié au parlement, le petit parti nord-irlandais DUP, indispensable à sa majorité absolue, a voté avec l’opposition. Et comme si cela ne suffisait pas, la Première ministre a essuyé un autre revers mardi avec l’adoption d’un amendement déposé par un membre de son propre parti conservateur, Dominic Grieve, et soutenu par 25 députés tories rebelles.

Si l’accord de Brexit est rejeté le 11 décembre, la loi prévoit que le gouvernement doit retourner devant le Parlement dans un délai de 21 jours pour préciser la manière dont il compte procéder pour la suite du processus de Brexit. La disposition introduite par Dominic Grieve donne aux députés la possibilité d’amender le texte qui leur sera présenté. Ils seront ainsi libres de proposer des scénarios différents de celui établi par l’exécutif, et de réclamer une réouverture des négociations avec Bruxelles ou l’organisation d’un nouveau référendum, voire même le maintien dans l’UE. Mais leur avis ne sera pas contraignant.

« Faible et chancelante »

Ces soubresauts ont fait dévisser la Bourse de Londres de 1,32% mercredi en début de séance, sur fond de chute des indices boursiers à Wall Street. Et la presse britannique n’a pas manqué de souligner la faiblesse de Theresa May. « Le jour où May a perdu le contrôle », titrait ainsi le très eurosceptique Daily Telegraph, jugeant ces défaites « humiliantes » pour la Première ministre. Pour le tabloïd Daily Mirror, Theresa May est « faible et chancelante », et la probabilité d’un rejet de l’accord de Brexit le 11 décembre par le Parlement « augmente rapidement ».

Mardi, la Première ministre avait ouvert la première session de débat sur ce texte en affirmant qu’il constituait « la seule solution » pour mener à bien le Brexit, et répondait « aux inquiétudes de ceux qui ont voté pour le retrait tout en rassurant ceux qui ont voté pour le maintien ». Mais l’accord fédère les mécontentements au sein de l’opposition et jusque dans les rangs de la majorité, où de nombreux députés conservateurs ainsi que le DUP ont annoncé leur intention de voter contre.

Au cours débats, qui se sont prolongés jusqu’à une heure du matin dans la nuit de mardi à mercredi, le leader des travaillistes, Jeremy Corbyn, l’a jugé « mauvais » pour le Royaume-Uni et son économie, estimant que Theresa May avait seulement réussi à réunir une « extraordinaire coalition » contre elle. L’ex-chef conservateur de la diplomatie, Boris Johnson, a qualifié le texte d’ « humiliation nationale tournant le Brexit en dérision », empêchant le Royaume-Uni d’avoir le contrôle de sa politique commerciale et de ses frontières.

Theresa May, elle, a fait planer la menace d’un départ de l’UE sans accord, avec de lourdes conséquences pour l’économie britannique. Elle a aussi averti qu’il pourrait bien ne pas y avoir de Brexit du tout. De nombreux députés souhaitent qu’elle retourne à Bruxelles pour reprendre les négociations. Elle doit prendre part à un sommet européen le 13 décembre, deux jours seulement après le vote du Parlement.

LQ/AFP

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