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[Tribune libre] Référendum : un exemple pour les autres pays


"Voter pour le non, par opposition au gouvernement actuel, est d'après moi une très mauvaise idée", estime Danièle, résidente d'origine française. (Photo LQ)

Française, vivant depuis de nombreuses années au Luxembourg, aimant ce pays et ayant décidé d’y passer ma retraite, ayant des amis luxembourgeois, parlant un peu la langue et la comprenant, et m’estimant très bien intégrée, je vais ici donner mon opinion au sujet du référendum.

Beaucoup de nos amis luxembourgeois nous reprochent de ne pas prendre la nationalité luxembourgeoise. Je n’en ai pas éprouvé le besoin jusqu’à présent, puisque, pour moi, ce qui compte, c’est l’intégration. Et je crois la mienne réussie.

Demander une nationalité est pour moi un acte peu évident. Qui m’engage au plus profond de moi-même. J’ai la chance de pouvoir garder la mienne, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Mais malgré tout, cela demande réflexion. Et cela changera quoi ? Demander la nationalité juste pour pouvoir voter, comme le préconisent certains, je m’y refuse.

Nos amis luxembourgeois (une partie) sont d’avis que les étrangers ne comprennent rien à la politique luxembourgeoise, aux partis, et ne seront donc pas capables de voter en leur âme et conscience. Eh bien ils se trompent !!!

Même si certaines de mes connaissances non luxembourgeoises, effectivement, y sont indifférentes et n’ont pas fait l’effort d’apprendre la langue, d’autres étrangers, eux, s’intéressent à la politique de ce pays, où ils vivent, travaillent, passeront éventuellement leur vieillesse.

En ayant justement fait l’effort d’apprendre la langue (ce qui est pour moi, bien sûr, un facteur d’intégration, et de compréhension de l’autre, mais aussi une politesse vis-à-vis de celui qui m’accueille). Donc ne demanderont à voter que ceux-là, ceux qui auront vraiment cet intérêt. Et ils seront peut-être minoritaires.

Le risque d’un profond malaise

Deux des partis, appelant à voter «NE», surfent sur la peur. La peur de quoi ? En quoi l’étranger, jusqu’à présent, pacifique, va-t-il devenir une menace ? Cette peur sur laquelle jouent aussi les partis d’extrême droite d’autres pays (et notamment le mien, la France), n’est pas acceptable de la part d’un pays qui accueille autant d’étrangers, et démocratique.

Ce référendum, sans doute maladroit, non justifié pour beaucoup, et posant, quant au vote des non-Luxembourgeois, une question mal exprimée, a semé la zizanie dans ce pays. Les oui et les non s’affrontent, on ne sait plus où on en est, et je peux comprendre que beaucoup ne savent plus trop quoi voter. Mais que le oui ou que le non sorte, cela ne va pas changer grand-chose, d’après moi. Par contre, cela va créer un profond malaise.

Et voter pour le non, par opposition au gouvernement actuel, est d’après moi une très mauvaise idée. Je peux comprendre qu’une partie de la population n’aime pas les décisions que leur gouvernement prend. Mais les étrangers n’ont pas à en subir les conséquences, ni à être «punis» pour autant.

Cela a presque ressemblé à un pugilat dans certains médias. Pour ne pas dire un combat de coqs ! La xénophobie, voire un certain racisme étant sur le point de (re)naître dans ce Luxembourg que j’aime ! J’en étais atterrée, mais aussi attristée.

Alors, chers amis luxembourgeois, réfléchissez bien avant de glisser votre bulletin. Même si nous n’avons pas pris encore votre nationalité, nous vivons parmi vous, à côté de vous, nous aimons votre pays, votre famille grand-ducale. Nous participons à votre économie et espérons voir ce pays encore prospérer.

Et permettez-nous de nous exprimer également, dans un avenir plus ou moins proche, par notre bulletin de vote. Le Luxembourg serait sans doute une des quelques exceptions mais aussi un magnifique exemple pour les autres pays !

Danièle Levy

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