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Etats-Unis : prison à vie pour le créateur de « l’Ebay de la drogue »


Sur le site, on trouvait héroïne, cocaïne, LSD, des kits de piratage, des faux papiers, ou encore des services de tueurs à gage. (Photo AFP)

Sur ce site, on trouvait héroïne, cocaïne, LSD, des kits de piratage, des faux papiers, ou encore des services de tueurs à gage.

Le créateur du site Silk Road, considéré un temps comme le plus grand site de vente de drogues en ligne au monde, a été condamné vendredi à New York à la réclusion à perpétuité, sans possibilité de libération. Ross Ulbricht, un Californien privilégié de 31 ans né au Texas, qui avait créé le site en janvier 2011, a été reconnu coupable en février, notamment de blanchiment, trafic de stupéfiants, entreprise criminelle et piratage informatique.

Son site de marché noir du Dark web, parfois surnommé l’«Ebay de la drogue», permettait notamment d’acquérir héroïne, cocaïne, LSD et d’autres produits illégaux ou faux documents grâce à la monnaie virtuelle bitcoin, en garantissant l’anonymat de ses dizaines de milliers d’acheteurs à travers le monde. Il avait vendu 200 millions de dollars de drogue à des consommateurs du monde entier.

Vêtu d’une tenue de prisonnier noir, Ross Ulbricht n’a pas montré d’émotion particulière à l’énoncé du verdict, le plus sévère possible. Sa mère, assise dans le public, qui avec son père avait suivi toutes les évolutions de son dossier, s’est prise la tête entre les mains.

En plus des deux peines de réclusion à perpétuité pour trafic de stupéfiants et entreprise criminelle, la juge fédérale de Manhattan Katherine Forrest l’a aussi condamné à 5, 15 et 20 ans de prison, pour piratage, trafic de faux documents et blanchiment, les peines maximales pour ces délits. Elle a précisé au condamné qu’il ne pourrait jamais être libéré.

«Ce que vous avez fait avec Silk Road était terriblement destructeur pour le tissu social», a-t-elle déclaré, à l’issue d’une audience de trois heures, en soulignant que l’éducation privilégiée de Ross Ulbricht et ses études supérieures rendaient ses actions plus incompréhensibles que celles d’un trafiquant de drogue habituel. Elle a ajouté que les autorités réclamaient aussi la confiscation de 183,9 millions de dollars générés par les ventes de drogues sur Silk Road.

Cinq assassinats

Les parents d’un Bostonien de 25 ans et d’un adolescent australien de 16 ans ont raconté leur drame, leurs fils étant décédés après avoir consommé des drogues achetées sur Silk Road. Ross Ulbricht s’est alors mis à pleurer, expliquant à la juge vouloir «(lui) parler de (lui), de (sa) perspective».

Il a rejeté le portrait qu’a fait de lui l’accusation, le décrivant comme un homme vain et cupide avec des comportements de sociopathe. «Si on me donnait une chance, je n’enfreindrais plus la loi, a-t-il promis. Je ne suis pas un sociopathe (…) égocentrique. J’ai juste fait de très grosses erreurs.»

Sur son site de Silk Road («route de la soie» en français), fermé par le FBI en octobre 2013, après son arrestation à San Francisco, on trouvait aussi des kits de piratage, des faux papiers, ou encore des services de tueurs à gage, d’après l’accusation qui soupçonnait également Ross Ulbricht d’avoir commandité cinq assassinats dans son entourage, pour protéger le secret entourant les transactions du site. Rien n’a cependant établi que ces meurtres aient eu lieu.

Le créateur du site avait amassé selon l’accusation une fortune de 18 millions de dollars grâce à Silk Road, qui avait enregistré plus d’un million de transactions de drogue. Son avocat, Joshua Dratel, avait en vain essayé durant le procès qui a duré quatre semaines de convaincre qu’il n’était pas le vrai cerveau du site, mais les jurés avaient estimé qu’il était bien «Dread Pirate Roberts», le pseudonyme derrière lequel se cachait l’opérateur du site.

Le Quotidien/AFP

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