Nous sommes passés de «Big Brother vous regarde» à «la NSA vous écoute». Est-il encore possible de rester anonyme lorsque l’on surfe sur la toile et dans la toile ?
Alors qu’il fait régulièrement l’objet de reportages propices à effrayer les internautes, le « darknet » est de plus en plus utilisé en Europe et notamment au Luxembourg.
Présenté comme «le côté obscur» d’internet, il est surtout réputé pour donner la possibilité aux individus d’acheter armes, drogues ou encore numéros de cartes de crédit en toute liberté et dans l’anonymat le plus total. Si pour l’inconscient collectif le « darknet » est une sorte de Far West numérique, il est en réalité bien moins sulfureux qu’il n’y paraît.
L’anonymat pour la bonne cause
La plupart des personnes surfant sur le web sont habituées à partager des informations personnelles comme des photos, des numéros, etc. Chaque personne laisse une trace sur la toile et il est relativement facile de retrouver les informations liées aux personnes comme les déplacements (par géolocalisation) ou des coordonnées bancaires, si la personne en question ne prend pas de précaution pour rester relativement anonyme sur le web.
Car il est possible de naviguer sur internet, tout en restant dans le plus grand anonymat avec un logiciel qui s’appelle «TOR».
Plus techniquement, TOR est un «browser» (un navigateur) qui protège et sécurise une connexion internet avec trois couches de chiffrement. TOR fait également passer la connexion internet au travers de trois serveurs, rendant l’internaute complètement invisible sur la toile.
Dans la réalité, c’est un peu plus compliqué que cela, mais pour faire simple, ce navigateur rend chaque connexion en apparence identique, alors que, normalement, chaque connexion a un numéro unique dit «IP». Cela brouille toute tentative d’observation et de détection d’informations sur la connexion et son utilisateur. La force de TOR tient dans sa gratuité, puisque plus il y a de personnes utilisant le navigateur, plus il devient puissant et efficace.
L’objectif originel de ce navigateur était de contourner la censure dans certaines dictatures et de préserver les droits fondamentaux des individus en garantissant la liberté d’expression comme, par exemple, celle des journalistes, des activistes du type «Anonymous» ou des lanceurs d’alerte.
Le côté obscur du net
Si idéologiquement le concept est attirant, puisque l’anonymat sur le net veut également dire être invisible pour les publicités coriaces et invisibles sur des sites un peu trop intrusifs, il existe un côté sombre.
En effet, avec TOR, il est possible d’accéder à la partie sombre du net, une partie immense et inconnue, mais aussi dangereuse. Car s’il permet à des personnes bien intentionnées de rester anonymes, il permet également aux plus malveillantes de l’être. Ces derniers ont développé un «internet sombre», qui ne ressemble pas à l’internet traditionnel : le « darknet ».
Dans cette zone qui s’apparente à une zone de non-droit, on peut trouver de la drogue, des armes, côtoyer des réseaux terroristes et mafieux ayant compris la puissance et l’utilité de cette facette sombre de la toile. On peut également y trouver des activités encore plus graves, comme des échanges à caractère sexuel, et complètement illégales.
«Il faut garder à l’esprit que c’est un internet dans l’internet, comme une sorte d’intranet. Ce n’est pas la technologie qu’il faut mettre en cause, mais l’utilisateur malveillant qui use d’une technologie à des fins criminelles», explique Jan Guth, «hacktiviste» en chef du Chaos Computer Club à Luxembourg.
Pour atteindre ce « darknet », il faut tout de même avoir une certaine connaissance en informatique et être rompu aux différents langages numériques.
Le « darknet » fait peur, mais il reste une zone où les gouvernements et les entreprises de surveillance telle la NSA, n’ont que très peu d’influence, voire aucune.
Cette partie sombre de la force numérique, relativement nouvelle pour le grand public, reste une grande inconnue qui mériterait d’être plus connue afin d’en chasser les personnes malveillantes et d’y accueillir davantage d’internautes ne voulant tout simplement plus être surveillés et écoutés par Big Brother et la NSA.
Jeremy Zabatta et Mathieu Rosan