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Sammy Wagner : « le LSAP avait encore 34% des voix en 1984… »


Sammy Wagner, ancien président des jeunes socialistes, livre un regard sans concession sur les résultats des dernières législatives (Photo : Hervé Montaigu).

Sammy Wagner, ancien président des jeunes socialistes, se consacre à sa section locale à Steinfort et espère que le LSAP va enfin résoudre les problèmes structurels qui nuisent au parti.

Les résultats des élections se sont-ils rapprochés de votre pronostic?
Sammy Wagner : Pour le Parti socialiste, oui. J’étais étonné par le résultat dans son ensemble à cause de la performance des pirates, mais je savais en revanche que les écolos allaient progresser. En ce qui concerne les socialistes, j’avais des appréhensions.
Le LSAP reste le deuxième parti du pays malgré tout, même s’il a perdu 2,7 % des voix…
Il faut toujours regarder d’où l’on vient. Si j’ai bonne mémoire, le LSAP avait encore 34 % en 1984 et nous sommes à 17 % aujourd’hui. Bien sûr, des nouveaux partis sont apparus sur la scène politique, mais les socialistes perdent à chaque élection toujours un peu plus de voix alors qu’ils sont toujours au gouvernement. Le bilan de ce dernier mandat était plutôt bon pour les socialistes, alors pourquoi n’ont-ils pas su mieux le mettre en valeur? Il faut reconnaître en toute honnêteté que comparé aux gouvernements précédents où l’on retrouvait le LSAP avec le CSV, les dossiers ont avancé plus vite. Cette fois, ils ont bien travaillé et vite et nos ministres ont fait de leur mieux. Alors où est le problème? Pourquoi les gens n’associent pas ces bons résultats aux socialistes?
C’est une bonne question. Diriez-vous qu’ils n’occupent pas des ministères assez visibles?
Si je prends le seul bilan de Dan Kersch (NDLR : ministre de l’Intérieur), il a quand même mené la séparation de l’Église et de l’État, mis sur pied toute la réorganisation des services de secours et on pourrait ajouter la réforme des finances communales. Je ne sais pas si on doit parler de ministères plus visibles que d’autres, mais en tous cas, ce travail n’a pas été assez mis en valeur.
On a beaucoup parlé de l’industrie spatiale…
Oui, mais est-ce vraiment ces sujets-là qui intéressent les électeurs? Je ne suis pas certain. Pour moi, qui suis physicien, je trouve cela passionnant, mais en parlant avec les jeunes, on s’aperçoit que les sujets qui les touchent le plus sont le logement, l’écologie, la famille, le modèle de croissance.

Les dinosaures sont toujours en place

La vieille génération résiste toujours tant bien que mal et se retrouve à la Chambre des députés. Pas de place pour les jeunes?
J’ai dit à plusieurs reprises ces dernières années que les jeunes devaient se réunir et rédiger leur propre projet pour le Parti socialiste du XXIe siècle. Mais les dinosaures sont toujours en place alors qu’il n’y a rien de plus légitime que d’installer une nouvelle génération avec un nouveau projet. Mais rien de tel ne s’est produit. Les socialistes font toujours de la politique avec les recettes du siècle dernier.
Quelle recette du XXIe siècle proposez-vous?
C’est plutôt la manière de faire de la politique que son contenu, selon moi. En tant que socialiste avec mes idées de gauche, quand j’analyse les comportements des électeurs, qui ne représentent pas tous les résidents loin de là, on voit bien que leurs préoccupations dépassent les seules questions sociales. D’abord on voit qu’ils vivent bien, mais ils veulent surtout que les politiques prennent les dossiers environnementaux en main. Le programme du Parti socialiste avançait des réponses dans ce domaine, mais j’ai l’impression que le message n’est pas passé pour les électeurs par manque de personnalités politiques crédibles sur ces sujets-là. Nous n’avons pas pris le temps, ces dernières années, de désigner deux ou trois politiciens qui seront les experts du Parti socialiste sur ces sujets-là et pourquoi ne pas trouver des gens qui viennent de ce milieu écolo avec un sérieux background et qui peuvent transmettre ce message. Nous devons trouver des réponses bien précises aux questions concernant le réchauffement climatique. Il y a d’autres sujets aussi comme la culture parce qu’on a l’impression que le Parti socialiste n’a plus d’expert en la matière. Le milieu culturel qui se dit déçu de la politique actuelle estime que le LSAP n’a pas vraiment de réponse. Des trois partis au gouvernement, le LSAP est le plus à même, d’un point de vue historique, de prendre en main la culture. Je n’ai pas compris pourquoi il était passé à côté il y a cinq ans.
Les socialistes ont préféré incarner les valeurs de la gauche et mettre le paquet sur la politique sociale pendant cette campagne, on ne peut pas leur en faire le reproche dans un gouvernement libéral…
Non, mais malgré ce fait et le bon bilan de nos ministres, nous perdons les élections. Il faut se poser les bonnes questions. Il y a des problèmes structurels au sein du parti et ils sont souvent liés à des personnes incapables de laisser de la place à ceux qui aimeraient apporter d’autres idées. J’ai souvent essayé de travailler avec le comité directeur par le passé et c’est très difficile d’imposer des changements, surtout en ce qui concerne une participation plus large des membres du parti […]

Entretien avec Geneviève Montaigu

Retrouvez la grande interview du lundi en version complète dans notre édition papier de ce lundi 29 octobre.

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